Jean-Michel de Senneville : « L’âge est une mauvaise raison pour ne pas faire ce qui nous plaît »

Le quadricolore a flotté haut à Malaga en Espagne lors des World Masters Championships d’athlétisme avec Jean-Michel de Senneville qui a été médaillé d’or à la perche. Un saut de 3 mètres qui a propulsé Maurice sur le toit du monde chez les 70 ans, après une préparation de plus de deux ans pour le vétéran mauricien.

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Jean-Michel de Senneville, peut-on savoir depuis quand pratiquez-vous l’athlétisme, en particulier le saut à la perche ?

Tout a commencé en 1968 avec un bâton de bambou que j’utilisais comme perche. J’ai continué au collège Saint-Esprit avec une perche en aluminium, mais plus lourde. Je m’entraînais beaucoup et on sautait dans le sable, il n’y avait rien pour amortir la chute à l’époque. Toutefois, j’étais parvenu à égaler le record de Maurice. En ce qui concerne les compétitions, ma toute première expérience, je l’ai vécue au Lorette de Vacoas, où je sautais des barres de 2,40 m. Puis, j’ai intégré le monde du travail et j’ai tout abandonné, sauf mon jogging quotidien.

Cela a duré combien de temps ?

52 ans. Cela fait un peu plus de deux ans que j’ai repris le chemin de l’entraînement. Un jour, en 2015, je me suis rendu au stade Maryse-Justin à Réduit pour obtenir une licence d’athlète dans l’optique de reprendre un peu la compétition et là, j’entends parler des World Masters Championships de Malaga. Cela m’a tout de suite interpellé.

Votre recette secrète, à part le jogging, pour être dans une telle forme physique ? Je suis entouré de jeunes et je pompe mon énergie d’eux. Déjà, pour ma première compétition en 2015, j’avais réalisé un saut de 2,50 m. De là, j’ai changé drastiquement de style de vie. J’avais mes entraînements journaliers, une nouvelle nutrition et cela demande encore plus d’efforts à mon âge. La mise en forme a pris un certain temps.

Vous êtes-vous préparé seul pour Malaga ?

Oui, j’étais seul. J’ai bénéficié de quelques conseils des entraîneurs de l’Association mauricienne d’athlétisme, mais mon expérience m’a beaucoup aidé. Je savais ce que je faisais. Le seul hic, c’est que personne, moi non plus, ne pouvait voir mes erreurs. Mais je me suis débrouillé avec un petit club que j’ai ouvert il y a six mois. En dehors de mes entraînements, j’ai fait un travail méticuleux. J’ai vérifié le profil de tous mes adversaires avant même le départ, leurs photos, palmarès leurs forces et faiblesses, vraiment tout. Cela m’a beaucoup aidé. J’ai analysé tous les scénarios possibles. Sauf celui où Air France perdait ma perche (rire).

Du coup, comment s’est donc passée la compétition à Malaga ?

J’ai pris un coup psychologiquement, car j’avais confiance en moi, en ma perche. Je connaissais les mouvements, son poids, etc. J’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont proposé d’autres perches et j’ai pris celle qui se rapprochait le plus de la mienne. Dans de telles circonstances, on ne peut pas pleurer, mais juste se lancer et faire ce qu’on sait faire. Mon premier saut, je l’ai fait à 2,60 m et mon plus sérieux concurrent, le Letton Validis Cela, m’a suivi dans tous mes essais. Nous sommes passés par la suite à 2,90 m où il y parvenait au deuxième essai. Enfin, nous réussissons tous les deux 3 m et nous échouons à 3,10 m. C’est ainsi que les officiels ont dû nous départager en prenant en considération les 2,90 m que j’avais réalisés du premier coup. Je décroche la médaille d’or, une fierté.

À qui dédiez-vous cette victoire ?

À mon épouse Joan qui a cru en moi. Ce n’était évident de la laisser et être souvent occupé. Puis à mes frères, mes bellessoeurs et à l’athlète Sylvie Ah- Kang, qui m’ont accompagné à Malaga. C’est d’ailleurs le seul moment où nous avons pu voir le drapeau mauricien dans les gradins. À Michael Glover et Vivian Gungaram également, et à tous ceux qui ont cru en moi. Je compte à présent me préparer pour les World Masters Athletics Championships 2020 qui se tiendront du 21 juillet au 2 août à Toronto au Canada. J’espère cette fois recevoir un soutien pour représenter Maurice. Je veux être un modèle pour les jeunes et aussi pour ceux de mon âge. Je terminerai en disant que l’âge est une mauvaise raison pour ne pas faire ce qui nous plaît…

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