Jeux et nouvelles drogues

Ça y est ! Nous vivons donc à l’ère des 10e Jeux des îles de l’océan Indien depuis vendredi. La grande fête des sports a commencé : les yeux sont évidemment braqués sur les compétitions et les sportifs en lice.

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Et dans la foulée, on espère aussi que les liens qui nous unissent, les unes aux autres, îles sœurs, seront grandement renforcés durant ces prochains jours que dureront les compétitions. Cependant, cette nouvelle édition des JIOI a démarré avec son lot de couacs… Et comme diraient certains, faisant de l’esprit, « ça kroink drôlement » ! On ne va pas dresser une liste, qui pourrait être interminable, ni faire le procès des uns ou des autres responsables des lacunes pour ne pas gâcher l’esprit sportif censé être de mise en ces jours où le beau jeu doit primer. Le temps de rendre des comptes viendra certainement. Simplement, on prie pour qu’il n’y ait plus d’autres manquements et que la gestion soit meilleure durant la tenue des présents jeux.

En revanche, les jeux sont loin d’être faits sur une foule d’autres tableaux, pour revenir à l’actualité du pays. Prenons le trafic de drogue, par exemple. Les trouvailles s’enchaînent et ne semblent plus s’arrêter ! La découverte de 95 kg de cocaïne trouvés dans une tractopelle, il y a quelques jours, suscite encore et toujours autant d’intérêts que d’interrogations. Puis, il y a cette cachette sous terre dans la région nord du pays, cette semaine, où les autorités ont trouvé environ 910 grammes d’héroïne d’une valeur marchande de plus de Rs 13 millions. Les enquêteurs de l’ADSU se sont-ils subitement réveillés ? Les trafiquants ont-ils transformé notre île en véritable passoire pour toutes sortes de drogues ? Maurice est-il à ce point infesté de drogues ? Sommes-nous dans une société à forte consommation de substances illicites ? Autant de questions qui requièrent des études et des analyses.

S’agissant des 95 kg de cocaïne — une substance à laquelle les Mauriciens sont, jusqu’à l’heure, peu habitués — s’il n’y avait eu la diligence, le sens du devoir et la présence d’esprit des employés de cette compagnie importatrice de tractopelles, il semble bien que cet énorme cargo (plus de Rs 1,4 milliard, quand même) se serait évanoui dans la nature ! Une réflexion que partagent les travailleurs sociaux engagés dans ce domaine : il y a eu cet élément de « chance » donc qui a permis la découverte de ces 95 kg de cocaïne.

Et si d’autres cargos sont passés au nez et à la barbe des douaniers et d’autres officiers concernés avant ? Saura-t-on jamais quelle quantité de cocaïne est actuellement présente sur le sol mauricien ?

Danny Philippe, travailleur social rompu dans le domaine de la toxicomanie, évoquait cette semaine dans nos colonnes l’émergence d’une nouvelle clientèle, ce qui rend plausible la théorie que ce cargo de 95 kg est bel et bien destiné au marché mauricien. En effet, le travailleur social fait état de nouveaux riches qui ne se retrouvent pas forcément au sein d’une même communauté et qui composent essentiellement la clientèle de ces produits. « Ce sont de jeunes adultes qui ont des boulots qui rapportent bien, au-dessus de la moyenne même, et qui sont en quête de fun, de sources de plaisir nouvelles, de sensations extrêmes…»

Une théorie tout à fait réaliste, quand on sait que Maurice est une petite société compacte et que les développements vont très vite dans certains domaines. Il va sans dire que la recherche des plaisirs artificiels est un élément très présent au sein d’une société comme la nôtre, frappée de tellement de blocages, de préjugés et de non-dits. L’héroïne — soit, le dérivé, le Brown Sugar — est, on le reprend souvent dans le jargon, la drogue des pauvres. C’est ce que la tendance dans le pays a toujours prouvé, jusqu’ici. Mais doit-on, pour autant, s’étonner qu’une nouvelle clientèle voie le jour ? Un marché composé de Mauriciens friands de substances habituellement prisées par les Européens et les Américains, comme la cocaïne, le haschich, les amphétamines, entre autres ?

Le fait est qu’on ne peut en être sûrs dans la mesure où ces consommateurs, quand ils voudront de l’aide, n’iront certainement pas vers les centres de traitement et centres de santé publics. Par souci de rester anonymes, invisibles. Il faut donc, pour pouvoir jauger la situation telle quelle, orienter les recherches dans des directions nouvelles.

 

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