KREOL INTRODUCTION À L’ÉCOLE: Le MIE s’ouvre aux propositions

Le Mauritius Institute of Education se plie aux directives du ministre de l’Éducation qui avait insisté sur la nécessité d’avoir des consultations élargies sur l’élaboration du curriculum pour le Kreol Morisien. Vasant Bunwaree avait invité le MIE « à faire preuve d’une grande ouverture d’esprit ». Les intéressés, qui ont des compétences « in curriculum development », ont jusqu’au vendredi 19 pour s’inscrire auprès du ministère de l’Éducation.
Le Kreol Morisien, rappelons-le, sera introduit comme une matière optionnelle en janvier 2012 dans le programme d’études au primaire. La préparation du curriculum donne lieu depuis quelques temps à des grincements de dents parmi des individus et des organisations non gouvernementales (ONG) militant en faveur de cette langue et qui déplorent d’être mis à l’écart de cette étape. 
Jean-Marie Richard, dirigeant du Grupman Larkansiel Kreol (GLK) et membre de l’Akademi Kreol Morisien (AKM), s’est plaint officiellement au ministère de l’Éducation dans une longue lettre en date du 4 juillet. Tout en étant d’accord qu’il existe des « technical officials » et des institutions mandatés pour ce travail spécifique, M. Richard pense qu’il est important que les autorités écoutent aussi l’opinion de la société civile. 
« As it is society which determines its objectives, we believe that technicalities should take on board the valued opinion of such stakeholders. It is crucial that all of the latter and especially active supporters of Kreol Morisien be involved in the initial stages in the development of the curriculum. Henceforth you will certainly appreciate how a perception of a ‘fait accompli’ could have in terms of negative impact from well-wishers of the development of Kreol Morisien in society at large », écrit le membre de l’AKM. Mais Jean-Marie Richard était mécontent lorsqu’il a appris fortuitement une semaine plus tard lors d’une fonction au MIE que sa lettre n’avait jamais atteint son destinataire. Des personnes à l’Institut Cardinal Jean Margéot ont aussi exprimé ouvertement leur déception par rapport au manque de considération du MIE au travail entrepris jusqu’ici par des écoles catholiques dans le domaine du kreol.
Le ministre de l’Éducation n’est pas resté insensible à ces quelques notes de mécontentement. C’est ainsi que lors de l’ouverture d’un atelier de formation le 18 juillet pour les premiers « professer kreol morisien » Vasant Bunwaree a insisté sur la nécessité que toutes les organisations concernées par la question du kreol à l’école puissent travailler ensemble en demandant particulièrement aux responsables du MIE « de faire preuve d’une grande ouverture d’esprit » dans leur façon de travailler et « d’écouter » toutes les propositions au sujet du curriculum (voir Le Mauricien du 18 juillet ). « Même si le MIE est une institution remarquable, il ne sait pas tout sur la question du kreol car nous nous lançons dans quelque chose de nouveau. Le curriculum est quelque chose de très important et il faut pouvoir écouter les propositions des uns et des autres sur cet aspect. Bizin kapav met tou dimoun ansam. »
Le ministère de l’Éducation par avis de presse invite en ce moment les “interested persons” par la préparation du curriculum pour le Kreol Morisien à se faire connaître et ont jusqu’à ce vendredi pour envoyer leur candidature. Cependant, il souligne que les intéressés doivent y inclure un « proof of competency and experience in curriculum development »
Tout en appréciant la démarche du ministère d’ouvrir les consultations, Jean Marie Richard réagit à ce critère de « proof of competency and experience in curriculum development ». « Il faut aller encore plus loin. Il faut élargir la consultation au-delà des critères contenus dans le communiqué de presse qui me paraissent assez étriqués pour des raisons que seuls les techniciens du MIE semblent connaître » commente-t-il. Le membre de l’AKM est d’opinion que le curriculum doit prendre en considération les valeurs culturelles et autres de la langue dans son aspect socioculturel identitaire. « Vouloir limiter ainsi une langue à des technical abilities est à mon avis contraire à l’esprit qui a permis l’introduction historique du Kreol Morisien au primaire. C’est une affaire qui concerne toute la société civile et tous les stakeholders qui véhiculent au quotidien les valeurs intrinsèques de la langue et la culture créole », soutient-il.

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