Kreol Matters, Kreol Konte : le Komite 1er Fevriyé « sceptique » sur la réforme électorale

  • Jimmy Harmon: « Le découpage des circonscriptions électorales et le choix du système électoral sont des éléments cruciaux »
  • Le Komite Diosezin Premie Fevriye se dit « sceptique » quant au projet de réforme électorale, présenté par le gouvernement. Ce sentiment est exprimé dans un document de réflexion intitulé Kreol Matters, Kreol Konte, proposé par le Dr Jimmy Harmon et présenté ce matin à l’Évêché de Port-Louis, soit à l’occasion de la Zourne international lang ek kiltir kreol.

Le vicaire général du diocèse de Port-Louis, Jean Maurice Labour, souligne dans l’introduction du document de réflexion que la démarche de son auteur consiste à livrer quelques pistes de réflexion, de présenter la posture du créole et de savoir « ki manier bann Kreol sitie zot dan tou seki pe deroule » à la veille d’une joute électorale.

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Présentant le projet de la réforme électorale et le recensement ethnique, le document souligne que l’un des principes du projet de réforme gouvernementale est « l’élimination de toute notion communale du présent système électoral ». D’où le remplacement du Best Loser System par les Additional Seats. Il note également l’introduction d’une dose de proportionnelle avec le repêchage de candidats battus par les leaders de différents partis. Concernant la question de recensement ethnique, il constate la farouche opposition de tous les partis politiques à l’exception du PMSD.

Le document  relève les études en sciences politiques et montre un intérêt grandissant pour la représentation des minorités ou d’orientations sexuelles. Il souligne la nécessité de considérer les modalités d’aménagement du droit électoral commun en faveur de la représentation politique des minorités. « Le découpage des circonscriptions électorales et le choix d’un système électoral sont des éléments cruciaux dans toute réforme de sorte que chaque électeur pèse autant que l’autre. La représentation proportionnelle offre à cet égard de nombreuses variantes. C’est ce que propose l’équipe gouvernementale dirigée par Pravind Jugnauth. Cependant, le scepticisme règne », lit-on dans le document.

Le document fait le constat que Maurice pratique une démocratie consociative. « Ce type de démocratie ne fonctionne pas sur le mode d’élections compétitives comme dans une démocratie représentative, mais sur un consensus entre les élites politiques pour un partage du pouvoir », est-il souligné.

Abordant la question de statistiques ethniques à Maurice, Jimmy Harmon constate, en se basant sur les recherches en sciences sociales, que la race n’est pas une réalité biologique mais sociale. « La race n’existe pas mais la discrimination raciale si », souligne-t-il, ajoutant qu’on « ne peut combattre la discrimination raciale sans utiliser et comprendre la notion elle-même ». Il poursuit : « Le terme race demeure très présent dans le monde entier, aux États-Unis mais aussi en Europe. Il se retrouve dans les travaux universitaires et dans les traités juridiques internationaux. Quand la Commission des Droits humains propose que les statistiques ethniques à Maurice soient mises à jour, elle est dans la logique du régime des Droits humains. »

Quant à la posture à adopter aux prochaines élections générales, le document constate que le mouvement Affirmative Action est devenu une force sur laquelle il faut compter. « Les créoles ont déjà une posture. Ils font comprendre qu’ils n’attendent pas de faveurs mais des droits. Aujourd’hui, les partis politiques doivent veiller à ce que ces droits soient respectés. Ils doivent présenter dans chaque circonscription des candidats qui reflètent la diversité de la composition culturelle, ethnique ou religieuse de la circonscription », observe-t-il. Il poursuit : « Dans la vie de tous les jours, cela se traduit concrètement par l’accès des Créoles à l’emploi, et principalement dans le service civil et le corps para-étatiques et toutes autres institutions gérées par le gouvernement. »

Dressant un état des lieux de la situation à Maurice, Jimmy Harmon souligne la création du mouvement Affirmative Action en janvier. Le mouvement a rédigé un rapport alternatif sur la discrimination raciale à Maurice qui a été présenté par José Moirt devant l’UN Committee for the Elimination of Racial Discrimination. Il relève également le témoignage de la Chagossienne Liseby Elisé devant la Cour internationale de Justice. Elle avait en effet exprimé son incompréhension face au déracinement dont son peuple et elle ont été victimes il y a cinquante ans. Mais paradoxalement, le sort des habitants d’Agalega ressemble étrangement à ceux que les Nations unies appellent “internally displaced people”. Quant au Musée des Esclaves, malgré les annonces faites par le gouvernement, il reste toujours lettre morte.

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