L’ENTREPRENEUR DE L’ANNÉE 2017 NOMINÉ : Yves Ramloll séduit IBM et l’Afrique

Ambiance feutrée. Concentration intense. Nous sommes au coeur du centre opérationnel africain et moyen-oriental pour les services d’accompagnement techniques destinés aux serveurs d’entreprise des géants informatiques IBM et Lenovo. Pourtant, nous ne sommes ni à Johannesburg ni à Lagos, mais à Quatre-Bornes, au centre de l’île Maurice. C’est en effet l’entreprise mauricienne AfricaPlus Direct International (APDI) qui abrite ce centre. Elle agit comme partenaire en conseils, solutions et coordination pour les distributeurs agrées de serveurs IBM et Lenovo. Une étonnante « success-story » dont Yves Ramloll est l’acteur principal. 
LA DISCIPLINE : CLÉ DU SUCCÈS
Issu d’une famille modeste (son père est ouvrier et sa mère femme au foyer), le fondateur d’ APDI a trois frères et deux soeurs. Il est l’avant-dernier de cette nombreuse fratrie. « J’étais le plus indépendant des enfants, mon caractère m’incitait déjà à prendre les choses en main », se souvient-il. À la séparation de ses parents, sa mère devient le chef de la famille. « Si la vie était dure, nous ne manquions de rien et surtout pas d’amour. » Lors de son année de Senior (Terminale) au collège St Mary’s, sa mère lui explique qu’elle ne pourra payer qu’une fois les frais d’inscription. « Je ne pouvais donc me permettre d’échouer. C’est un des premiers tournants de ma vie ! »
À peine diplômé, il entre rapidement sur le marché du travail pour aider sa famille. Il intègre une entreprise spécialisée dans le verre et les miroirs. « Mais plus qu’un métier, j’y ai appris la discipline. Il y avait un employé qui me disait : ‘si tu veux apprendre, il te faudra arriver avant moi’. Aussi, le deuxième jour, je suis arrivé 15 minutes avant l’ouverture, mais il était déjà là. Le troisième jour, je suis venu 30 minutes avant, mais il était en poste. Le quatrième jour, je suis arrivé 45 minutes en avance et enfin… j’étais le premier. Cette expérience m’a marqué car, depuis, je suis toujours le premier à arriver au travail ». Il reste dix ans dans cette entreprise où il gravit petit à petit les échelons. Il y découvre, en 1989, l’informatique et en particulier la programmation. Un petit coup de pouce du destin lui permet d’intégrer, en 2002, le groupe Harel Mallac. « De chef d’atelier, je suis devenu manager. Travailler dans un conglomérat évoluant dans beaucoup de métiers m’a permis d’apprendre énormément. J’étais l’un des responsables du pôle informatique. »
L’ENVIE D’ENTREPRENDRE
L’idée de créer sa propre entreprise commence à germer. Il décide de quitter Harel Mallac et crée, en juillet 2009, l’entreprise « Scan doc ». Au même moment, IBM Afrique du Sud le contacte pour gérer ses pièces de rechange et améliorer ses contrats de maintenance des gros serveurs à Maurice. « Il s’agissait de générer plus de revenus avec la maintenance. Leur stratégie ? Fusionner les contrats Hardware et Sotfware tout en s’appuyant sur la disponibilité locale de pièces. » Yves Ramloll refuse cependant d’intégrer IBM mais leur propose de travailler ensemble. C’est alors qu’il crée, en 2010, Europlus Direct IO (Indian Ocean) en partenariat avec le groupe britannique éponyme qui en est l’actionnaire minoritaire. Europlus Direct vend des contrats de maintenance pour IBM en Europe… L’entreprise d’Yves est en charge du marché mauricien. « Au bout de six mois d’activité, je réalisais une croissance de 30% par rapport à l’année précédente !… Et l’on m’a proposé de répliquer ce modèle en Afrique. »
LA GRANDE AVENTURE AFRICAINE
En 2011, Europlus Direct IO devient Europlus Direct International et commence à pénétrer le marché africain. Le modèle est original. Il s’agit de désigner un distributeur (grossiste) pour les serveurs informatiques et, parallèlement, un distributeur de services pour garantir un bon suivi clientèle. Ceci permet d’accroître la part de marché et donc la marge de profit. « Nous sommes des prestataires de service pour la gestion des contrats de maintenance et de pièces au nom d’IBM. ».
Sa première expérience se déroule au Sénégal. Il y ouvre son premier bureau. Le pays a d’énormes ressources et ne demande qu’à être structuré. Après un an, le succès est au rendez-vous avec une croissance de 17%. Parallèlement, deux autres bureaux voient le jour, en Namibie et au Mozambique. Le quadrillage du marché continental se poursuit et, aujourd’hui, Europlus Direct International représente IBM dans 26 États africains.
« Pour de nombreux Africains (du continent), nous sommes les petits… qui perdent régulièrement au football. Mais surtout, contrairement aux Sud-africains et aux Européens, qui bien souvent passent pour des donneurs de leçons, l’image des Mauriciens est neutre. Pour se déployer en Afrique, la connaissance de la culture de chaque pays est indispensable. Grâce à notre bilinguisme, nous avons aussi un avantage considérable et, par définition, le Mauricien travaille quotidiennement avec des équipes multiculturelles. Il faut éviter d’aller en Afrique avec un état d’esprit conquérant car cela ne plaira pas. »
Il faut savoir s’adapter à la situation. Offrir des bonus à la société qui gère les contrats pour éviter la corruption, insister sur la formation des partenaires et établir des relations de confiance fortes avec ces « Business Partners ».
C’est tout naturellement qu’en 2014, lorsque IBM vend son activité serveur « X-series » à Lenovo, le géant chinois confie à l’entreprise d’Yves Ramloll la gestion du service après-vente des serveurs sur tout le continent africain et une partie du Moyen-Orient. Pour assurer son déploiement, la société devient alors Africaplus Direct International Ltd. « Il n’y a que quatre sociétés au monde qui ont cette accréditation ! »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -