LA BUTTE ET BARKLY: L’indignation qui déraille

Les épisodes qui se sont déroulés à La Butte, Barkly, de même que les protestations des occupants de l’Arab Town, des employés du secteur de transport, ou des squatters des terrains sur le tracé du métro sont révélateurs de la domination de l’intérêt personnel sur l’intérêt collectif.
 Alors que, pendant des mois, diverses critiques portant sur des aléas financiers et techniques du projet avaient été formulées, appuyées par des études, arguments et chiffres, on n’avait pas entendu la moindre colère du peuple. Il y a eu un député, ancien ministre, qui a démissionné, il y a eu grève de la faim symbolique, de multiples conférences de presse, des articles au quotidien dans la presse et dans les médias sociaux, les cris de l’opposition. Et tout cela n’a pu provoquer la réaction que celle que l’on a vue récemment à Barkly ou à La Butte. Le peuple était resté indifférent.
Les travailleurs du transport ont crié dans leur coin pour que l’on ne touche pas à leur emploi. Les marchands de foire surveillaient l’avenir de leur business. Les propriétaires cherchaient une compensation adéquate. Tous ceux concernés personnellement ne faisaient que s’occuper de ce qui pourrait leur nuire, eux et leurs proches. La dette qui sera étalée sur des générations de Mauriciens, l’opacité entourant les documents liés au projet, la nécessité technique, la raison politique d’une telle dépense, bref l’intérêt collectif ne firent bouger pratiquement personne. C’est dire que le peuple se foutait royalement du bien commun. Du moment que ce n’est pas son job, sa maison, son business qu’il perd. Pour lui, son indignation s’arrêtait là où son intérêt individuel, personnel, voire égoïste n’y était plus menacé.
Il y a eu unanimité médiatique, politique et même   populaire à soutenir la colère du week-end dernier. On peut comprendre l’humanisme derrière. Ou même   l’opportunisme de certains. Mais, il est nécessaire par la même occasion de nous rendre compte de l’état de l’engagement d’un peuple lorsqu’il s’agit du bien commun, de l’intérêt collectif. Si avec Rs 3 millions de plus à la famille Rujubali, il n’y aurait pas eu d’épisode La Butte, cela devrait nous faire réfléchir sur la limite de l’indignation  exprimée ces derniers temps. De l’égoïsme populaire !

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