La caresse du vent

Serviette humide balancée sur le lit, ventilo à plein régime et crémage de peau. Ne pas avoir froid aux yeux, ni se montrer frileux. Bien s’hydrater la peau est essentiel ces temps-ci. Faire ronronner le ventilo après la douche procure une sensation de fraîcheur vivifiante qui chasse toute trace d’un sommeil agité par les harangues populistes et autres voeux pieux. Les réactions à fleur de peau filent des urticaires. Chacun son trip, et Dieu pour tous !
Les gros poumons bronchent fort. Ça toussote dans tous les sens. Faudrait voir si la demande en siro touse a accusé une croissance chez les apothicaires. Vous me direz que ça tombe sous le sens. Autant pour moi. Faudrait juste m’expliquer pourquoi la vente de sirops antitussifs jouit d’une bonne cote en plein été. Mettons cela sur le compte du changement de saison. L’homme n’est que peu de chose face à la nature, n’est-ce pas ?
Au risque de choper une bronchite chronique, accompagnée d’une belle brochette de complications, sentir le souffle sensuel des hélices sur sa peau est un délice exquis. Délectable. Limite addictif. Se fringuer devient un rituel. C’est presque chaque jour le même cérémonial ; chaque jour un plaisir de se bichonner. Il vaut mieux avoir bonne mine avec toutes ces caméras à reconnaissance faciale qui guettent nos moindres faits et gestes. Je me demande d’ailleurs si ceux qui nous espionnent ne seraient pas tentés de recourir à la banque de données biométriques ? Les espions crachent rarement sur un p’tit supplément d’info.
Il paraît que des yeux vitreux et inquisiteurs nous traitent tous en délinquants potentiels. Je ne sais pas dans quelle mesure la criminalité sera réduite, ni ne sais-je si elle continuera comme si de rien n’était. Amis délinquants potentiels, ayez au moins la délicatesse de sourire lorsque vous grillerez votre prochain feu rouge ou déclencherez une émeute. Les caméras de surveillance pulluleront dans pas longtemps !
« Fer sofer perdi pwin », bougonne un conducteur irréductible. « Pa pou sa ki aksidan pe diminie lor sime ! ». Il faut dire que le parc automobile s’est agrandi ces derniers temps. Une copine a écrit, sur son mur, sa quasi-fierté de s’être pris une prune pour excès de vitesse : sa toute première amende. Je me demande si elle n’a pas remercié le flic pour cette « formidable » aventure qui a fait d’elle une conductrice épanouie et sans complexe. Qui vitres baissées et cheveux au vent avale les kilomètres sans sourciller. Sentir la griserie du vent sur sa carrosserie… Si ça se trouve, elle aura peut-être une photo souvenir.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -