La Grande Mosquée de Paris

Le 15 juillet dernier après une fructueuse visite au Jardin des Plantes, nous décidâmes de nous plonger davantage dans le 5e arrondissement de Paris pour contempler une véritable merveille : La Grande Mosquée de Paris. En ce jour du Ramadan, un soleil mauricien s’était installé dans le ciel parisien.
Une modique somme de 10 euros déposée à l’entrée, et tout en suivant les consignes voilà que nous avançons dans le respect, tout ébahis, vers ce haut lieu de culte. Nous étions loin de nous imaginer que cette mosquée, érigée dans un quartier chic parisien, pouvait receler une richesse aussi extraordinaire tant du point de vue historique qu’artistique.
Qu’en est-il de l’historique même de cette mosquée ? En 1920, en cet emplacement, l’on pouvait trouver un institut musulman dirigé par Si Kaddour Ben Ghabrit, qui était Président de la Société des Habous des lieux saints de l’Islam placé sous l’égide de la République française. Cette dernière, il convient de le souligner, avait grandement contribué au financement du projet de construction de la mosquée.
L’urgence de la Ville de Paris d’offrir un terrain de 72 000 mètres carrés qui, jadis, abritait l’hôpital de la Pitié, pour la construction d’un lieu de prière pour les musulmans se faisait terriblement sentir. Cette auguste société choisit deux architectes de renom, en l’occurrence Maurice Mantout et Robert Fournez, pour élaborer les plans conformes aux préceptes islamiques. Mais ce sont des artisans issus de la Tunisie, d’Algérie et du Maroc qui concrétisèrent, d’une main de maître, les revêtements de marbre, de faïences polychromes, de stucs. D’où le style mauresque qui caractérise l’ensemble de la mosquée. Des ébénistes d’un autre temps livraient de grandes portes en cèdre richement sculptées. Les fontaines qui l’embellissent sont des porphyres.
La politique de tolérance et de respect des croyances instituée par la République française avait soutenu dans une grande mesure la réalisation de ce chef-d’oeuvre avec son imposant minaret, sans haut-parleurs, qui domine les rues Daubenton, George Desplas et Geoffroy de Saint Hilaire. À Paris, rares sont les églises où l’on entend le tintement d’une cloche. Les cathédrales, dotées de leurs belles cloches antiques, ne nous indiquent que l’heure.
Nous poursuivons notre visite. Il est dommage que nous n’ayons pu examiner les globes de nuit suspendus au plafond de la Grande Mosquée de Paris pour déterminer s’ils sont en cristal de Baccarat de la Turquie comme tel est le cas pour la Jummah Mosque de Port-Louis. Cependant, nous avons pris le temps d’observer des dômes et des fenêtres à la Cordoba de couleur blanche et verte, qui confèrent aussi un bel attrait à l’édifice religieux parisien.
La Mosquée de Paris a été édifiée grâce à l’importante contribution des pays arabes et fut terminée en 1926. Dans un pays européen où la religion dominante est le christianisme une autre croyance cultuelle pourra célébrer de manière grandiose son centenaire. Soulignons qu’à St-Quentin-en-Yvelines, à France Miniature, parmi les maquettes de célèbres monuments, châteaux, trianons, aqueducs et autres fiertés de la France y figure en bonne place celle de la Grande Mosquée de Paris.
S’offre à notre vue, au sein de la mosquée, une bibliothèque d’une grande finesse comportant de beaux textes, une imposante table de conférence avec des fauteuils Louis XV, un grand miroir ornant une pièce de valeur. Une grande salle de prière. Les couloirs bien planifiés sont un régal, et la direction de la Kaaba est tout indiquée. On aperçoit un espace ouvert à l’extrême gauche, et vis-à-vis a été aménagée une librairie dédiée aux ouvrages sur l’islam.
En ce lieu de culte, deux grandes plaques en marbre vert honorent la mémoire tous les soldats musulmans d’Algérie, de Tunisie et du Maroc ayant sacrifié leur vie sur le champ d’honneur pour la France durant la Première Guerre mondiale (1914-1918) et la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945). Émouvant à plus d’un titre !
Dans l’enceinte de la mosquée, un petit coin enchanteur donne sur la rue avec des décors aux peintures chatoyantes. Les visiteurs peuvent s’y détendre, le temps d’un thé à la menthe ou encore d’une lente dégustation d’une kyrielle de gâteaux sucrés concoctés dans la pure tradition arabe.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -