LA MÈRE DE DRISHTEE JEETOO : « J’étais moi-même une femme battue »

Le procès intenté à Yavinash Lutchmun pour le meurtre de la fille de sa concubine, Drishtee Jeetoo, trois ans, se poursuit devant les Assises avec l’audition des témoins de la poursuite. Après le père, la mère de Drishtee Jeetoo a été appelée à la barre des témoins hier. Niant catégoriquement des allégations de maltraitance de ses enfants, Premila Jeetoo a soutenu qu’elle était elle-même une femme battue. « Mo ti perr pou al lapolis parski a sak fwa Yavinash ti pe batt mwa. Toultan mo finn gagn bate », a-t-elle déclaré.
Lors de l’interrogatoire mené par l’avocate de la poursuite, Me Asha Ramano-Egan, Premila Jeetoo est revenue sur sa rencontre avec Yavinash Lutchmun en 2010 à la cour de Mahébourg. « On avait échangé nos numéros de téléphone et on s’est souvent revus par la suite », dit-elle. En septembre 2010, elle s’était mariée religieusement avec l’accusé et avait commencé à vivre avec lui chez sa belle-famille. Quelque temps après, la petite Drishtee était venue vivre avec elle, alors qu’elle vivait auparavant chez sa grand-mère. Interrogée sur le fait qu’elle avait abandonné ses enfants chez sa maman et que cette dernière ne voulait plus entendre parler d’elle, Premila Jeetoo devait répondre que sa famille l’avait rejetée après sa conversion à l’Islam. « Mon frère et ma mère m’ont empêché de voir mes enfants », a-t-elle soutenu.
Premila Jeetoo a également avancé que sa fille avait toujours eu peur de son beau-père. « Kan li ti la, li ti ena enn freyer. Li pa ti kontan al ar li », a-t-elle déclaré. Elle devait par ailleurs faire ressortir à maintes reprises qu’à chaque fois que la fillette sortait avec l’accusé, elle rentrait avec des blessures. « Une fois elle avait eu la main cassée et une autre fois elle s’était blessée à la tête. Quand j’ai demandé à Yavinash ce qui s’était passé, il m’a dit que la petite était tombée », a-t-elle souligné. Ayant des doutes sur Yavinash Lutchmun, Premila Jeetoo avait emmené sa fille à l’hôpital quelques jours avant le drame.
Lors du contre-interrogatoire mené par Me Deepak Rutnah, Premila Jeetoo a été confrontée à des allégations de maltraitance de ses enfants. « J’avais peur d’aller à la police, car j’étais moi-même une femme battue. Quand je posais des questions, Yavinash me frappait. Mon ex-mari me frappait aussi », a-t-elle déclaré. Ce serait aussi pour cette raison qu’elle n’aurait pas eu recours à la police. « Kan ou ex-mari ti bat ou, ou ti konn pran Protection Order, ou finn al lapolis. Kan ou zanfan gagn bate, ou dir ou enn bon mama me ou pa al lapolis ? », a lancé Me Rutnah. « Mo pa ti konn sime lapolis, mo ti fek al res laba », a-t-elle répondu. Premila Jeetoo a nié en bloc toutes les allégations portées contre elles, maintenant bec et ongles qu’elle s’occupait bien de ses enfants et que c’est parce que sa famille lui avait tourné le dos qu’elle avait rencontré plusieurs problèmes.
Yavinash Lutchmun, boulanger de 27 ans habitant Mare-d’Albert, est accusé d’avoir frappé à mort Drishtee Jeetoo, la fille de sa concubine, dans la soirée du 14 décembre 2010 à Rivière-des-Anguilles. Le rapport d’autopsie rédigé par le Dr Sudesh Kumar Gungadin avait attribué le décès à une rupture du foie. Le médecin légiste avait également relevé des plaies et ecchymoses sur le corps de la fillette. L’accusé ayant plaidé non coupable, le procès se déroule devant un jury.

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