LA VOIX DANS TOUS SES ÉTATS : L’ivresse des hauteurs

Ce que la pop a emprunté à la musique dite classique est insoupçonné. Notamment au baroque du compositeur Johann Sebastian Bach, dont la Toccata est connue du grand public comme le générique du dessin animé Il était une fois l’Homme. Plusieurs personnes sont tombées des nues lorsque le baryton-basse André Cognet et la soprano coloratura Elizabeth Vidal, accompagnés à l’orgue symphonique par Stéphane Eliot, ont démontré que la chanson Que je t’aime de Johnny Halliday est calqué sur la Toccata de Bach ! Le public présent au MGI le 25 septembre n’a désormais aucun doute à ce sujet.
Il n’est pas surprenant que le couple lyrique Vidal-Cognet vocalise sur Rain and Tears d’Aphrodite’s Child et mette en relief des subtilités. C’est avec délice que le public a goûté le duo Elizabeth Vidal et Véronique Zuël. Lorsque la soprano coloratura et la soprano lyrique entremêlent leur voix pour chanter Summertime de George Gershwin, l’on ne peut qu’être enivré par tant de pureté et se laisser emporter par la grâce. Saluons au passage la pianiste Sophie Brissot pour sa grande maîtrise. La gent masculine n’est pas en reste : André Cognet et le ténor Jean-Michel Ringadoo ont assuré en duo Le temps des cathédrales.
Elizabeth Vidal et ses complices ont non seulement entrepris de rendre au classique ce qui appartient au classique. Elle est allée beaucoup plus loin, notamment avec La danse du sabre (Aram Khachaturian). La voix flexible et souple de la cantatrice se substitue au violon. La mélodie est agencée à un rythme moderne. L’ensemble est un mélange de genres hors du commun. On comprend qu’Elizabeth Vidal est une des plus hautes voix au monde, et l’on mesure ses qualités de coloratura avant même le passage de La reine de la nuit (Mozart). Notons que la chanteuse est engagée dans la popularisation du classique. Au MGI, ceci est rendu possible par la rythmique musclée du batteur Dario Ramdeal.
Ce concert s’inscrit dans le cadre du tricentenaire de la présence française à Maurice. Les amateurs d’opéra ont joui d’un florilège d’airs connus, dont L’air du toréador (Carmen), servi avec puissance et distinction par le baryton-basse André Cognet. On s’émerveille face à L’air des clochettes, extrait de l’opéra Lakmé; davantage lors du Duo des fleurs, par le tandem Vidal- Zuël. Ce chant avait quelque chose de voluptueux et d’éthéré… Un grand moment !

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