LE LEADERSHIP DU PTR REMIS EN CAUSE

Beaucoup d’observateurs sont d’avis qu’à la place d’Arvin Boolell, Navin Ramgoolam aurait tout simplement mordu la poussière à Belle-Rose/Quatre-Bornes – un avis d’ailleurs partagé par de nombreux habitants aux quatre coins de la circonscription. La voix des urnes du N°18 démontre que l’électorat a voté pour les qualités des candidats plutôt que pour un programme ou un parti. Ce qui explique ainsi la brillante performance des vieux routiers, tels Boolell et Bizlall, et la déroute totale des néophytes, tels Juddoo et Maraye, qui ont pourtant énormément investi dans cette joute électorale que Roshi Bhadain avait voulu ériger en référendum sur le mégaprojet Metro Express. Or, affichant, lors de la campagne, une confiance béate de remporter la victoire « avec plus de 2000 voix d’avance », il peut s’estimer heureux d’avoir pu, tout de même, sauver sa caution, contrairement au candidat du PMSD.

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   Mais le plus grand perdant de ce scrutin demeure sans doute le MMM qui, après cette 7e défaite consécutive depuis 2005, législatives et municipales confondues, voit son bargaining power électoral considérablement réduit et serait, par conséquent, contraint d’ajouter beaucoup d’eau dans son vin en ce qu’il s’agit de sa détermination « de se présenter seul aux prochaines législatives ».  N’ayant manifestement tiré aucune leçon de sa bévue stratégique de décembre 2014 alors qu’il fallait mettre toutes les chances de son côté, son leader présenta une novice à cette partielle, délaissant un candidat d’expérience en la personne de Vijay Makhan, qui connaît pourtant tous les coins et recoins de la circonscription pour y avoir été le représentant de son parti aux élections générales de mai 2010. C’est aux législatives justement que des nouveaux sont d’ordinaire tirés vers le haut par des chefs de file d’expérience.

À l’égard du PTr, le message du N° 18 est on ne peut plus limpide : c’est désormais Arvin Boolell qui détient la légitimité populaire pour le poste de leader du parti. Il a même, lors d’une interview accordée à l’hebdomadaire dominical Week-End le 24 décembre dernier, signifié publiquement son intention de se porter candidat à ce poste lors du prochain congrès. Mais il est évident que, Navin Ramgoolam, qui trimbale encore deux casseroles sonnantes, en l’occurrence, le coffre-fort et Roches-Noires, ne se laissera pas faire et, soutenu par les apparatchiks rouges, il ferait tout pour tirer sur lui la couverture après cette victoire au N° 18. L’on se souvient d’ailleurs du tumultueux événement de mai 2015 lorsque, lors d’une réunion au Square Guy Rozemont sans le leader, Arvin Boolell fut malmené par des bouncers et contraint d’abandonner ses prétentions au leadership. Fera-t-il machine arrière une deuxième fois alors qu’il se trouve aujourd’hui en position de force ?

  Mais quoi qu’il en soit, une chose aujourd’hui est certaine : le résultat des urnes au N° 18 est annonciateur d’un nouveau cycle politique qui se profile déjà à l’horizon. Après trois ans de règne de l’actuel régime, la lune de miel entre le gouvernement et la population est bel et bien terminée. Le miracle tant promis n’a pas été au rendez-vous ; le déclic tant attendu n’a pas eu lieu. Certes, Pravind Jugnauth fait de son mieux pour redorer son blason mais à chaque conférence de presse hebdomadaire, le porte-parole du gouvernement ne fait que discréditer davantage le parti orange. C’est bien ce dernier qui avait d’ailleurs versé du pétrole sur le feu en déclarant « nou pa pou peye » suite au verdict du tribunal de Singapour délivré en faveur du propriétaire de la société Betamax, ordonnant le paiement par la STC à ce dernier des dommages de Rs 5 milliards, sans compter les intérêts qui s’accumulent et estimés à environ Rs 500,000 par jour.

D’autre part, concernant la discipline au sein de son équipe, Pravind Jugnauth a encore du pain sur la planche. La rectification des dérapages continuels de Soodhun dès le départ aurait certainement servi de leçon aux autres Dayal, Yerrigadoo, Tarolah, et boosté l’image du parti et du gouvernement. Et il va sans dire que cette campagne électorale permanente depuis 2014 et qui n’est pas prête de se terminer, a suscité un ras-le-bol de la part de la population, ce qui explique, dans une certaine mesure, le fort taux d’abstention au N° 18.

Diplal Maroam

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