Le recueil de poésie « DEVENIR » d’Imaan Khadir : une appréciation

H. FAJURALLY

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La littérature mauricienne se trouve enrichie avec la sortie du recueil de poèmes de notre jeune compatriote, l’écrivaine Imaan Khadir. Le lancement a eu lieu à la Municipalité de Port-Louis. 

Du haut de ses seize ans, boute-en-train, pleine de dynamisme, débordante d’énergie, joviale à souhait, de nature spontanée avec un beau visage à l’éternel sourire, encadré d’une touffe gracieuse de chevelure qui lui descendait en cascade autour de la nuque, l’écrivaine Imaan Khadir, à travers ce premier ouvrage de poésie, démontre ses rares qualités, affirme son émancipation et essaie déjà de se prendre en charge, elle-même, à corps perdu. Entreprise fort louable, exigeante, tenace, cependant que du plaisir lorsqu’on atteint son but ! Elle a le courage à en revendre, le tempérament qu’il fallait pour nous prouver que les futurs lecteurs de ses œuvres ne seraient pas déçus.

Un ouvrage si joliment élaboré

Le lancement de ce joli recueil de poésie, autour de 168 pages, a été réalisé à la Municipalité de Port-Louis le samedi 27 avril 2019, dans un grand concours des parents et d’amis avec comme animateur principal Finlay Salesse. D’emblée, il a fait remarquer que c’est un coup de force pour une jeune fille de 16 ans, issue de la communauté musulmane, de s’ériger en écrivaine pour nous produire un ouvrage si joliment élaboré et ficelé avec un fond de teint orange comme nuance dominante de la couverture ! C’est un encouragement certain pour bon nombre de nos jeunes de trouver là, une échappatoire dans la littérature afin de se procurer une nouvelle sensation du bien-être de vivre. Allez les jeunes; à vos plumes ! 

Privilégiée de la langue française

Son papa, Shanawaz nous brosse un tableau pour nous définir l’Islam et du milieu dans lequel ses deux enfants, Ahmad et Imaan, ont évolué. Pour lui, être un bon musulman, c’est s’extérioriser, s’ouvrir aux autres. L’Islam prône l’harmonie, la paix, le bon voisinage et non point le renfermement sur soi-même. Notre écrivaine a eu la chance d’être née sous l’auspice de parents libéraux ! Feu Noor Adam Essack, proche de la famille Khadir, a eu une grande influence et a joué un rôle prépondérant dans le choix d’Imaan pour la littérature française. Quelle belle ironie lorsqu’on pense que notre talentueuse écrivaine a fait des études de langue anglaise tandis que, pour son premier ouvrage, elle choisit de s’exprimer en français ! Cela démontre l’existence en situation encore privilégiée de la langue française au sein de notre société.

“School Certificate”

Notre écrivaine Imaan Khadir a eu une scolarité un peu hétéroclite. D’abord, c’est la ‘Coccinelle’, école maternelle très prisée dans la région de Beau-Bassin; elle termine son parcours primaire chez Hampstead, à Coromandel; enfin le secondaire à Gaëtan Raynal qu’elle délaissait à peine quelques années pour prendre part, en privé, au “School Certificate”, qu’elle a réussi avec brio. Qu’elle va être son Devenir ? On sait qu’elle a un goût prononcé pour le dessin, qu’elle aime se balader, brassant les sables pieds nus, au bord de mer et cultive l’art culinaire oriental. Il y a de quoi faire fuir l’ennui, la nostalgie, l’amertume…

Entre Michelle Obama et Rupi Kaur : Ni L’Une Ni L’Autre

Contrairement à ce que d’aucuns penseraient, ce n’est pas Michelle Obama qui lui a inspiré le titre ‘DEVENIR’… C’est bien plutôt le pianiste italien Ludovico Einaudi dans une de ces partitions, intitulée ‘DEVENIR’, qui lui fut salutaire. Quand on songe que notre écrivaine aime la musique et que la guitare est son instrument préféré, alors ‘Devenir’! Son style d’écriture n’a rien non plus à voir avec Rupi Kaur. Notre poétesse Imaan ne semble pas connaître la façon d’écrire de cette auteure. Pour elle, son désir d’écrire était une émanation unique, innée qui émergeait de la profondeur de son âme et conscience.

De Rumi à Shams De Tabriz

Feu follet, touche à tout, primesautière, cela coule de source qu’Imaan Khadir a eu une enfance plus ou moins aisée, douillée, sans être trop gâtée à côté d’une mère bienveillante, Pakeeza, fin cordon-bleu qui, elle, excelle avec ses recettes en ligne. Femme voilée, fière de l’être sans pour autant contraindre sa fille de la suivre dans ses habits vestimentaires. À 16 ans, notre jeune écrivaine Imaan Khadir a suffisamment bouquiné sur le soufisme, la mystique de l’Islam… Elle sait avec pertinence ce que sont les Derviches Tourneurs; elle peut vous entretenir assez longuement sur la vie de Rumi et de son inséparable maître, Shams de Tabriz… Par ailleurs, après avoir publié avec succès son premier recueil de poèmes, elle ne compte pas croiser les bras et ne rien faire… Avec le consentement et les conseils de ses parents et de ses proches, quelque chose lui trotte déjà dans la tête, en continuelle ébullition qui pourrait probablement être un futur roman ! Nous lui souhaitons vivement de bien s’organiser pour mieux concrétiser son DEVENIR futuriste.

Un dernier mot pour clore l’entretien, un vers de notre auteure…

« Comment ai-je pu être aussi bête, aussi aveugle et aussi sourde ? Les nuages faisaient une petite randonnée avec le vent doux qui, à son tour, apportait le parfum de l’océan.
Le ciel se mit à rire, le petit mesquin savait parfaitement que cette fin allait apporter ce jour-là.

La mer est si belle avec ses nuances de bleues, majestueuse dans sa grandeur et si paisible à son égard.

Elle te regarde droit dans les yeux et se trouve autour de toi. Malgré ta solitude, elle est là, peu importe où tu es dans ce monde, elle ne se trouvera pas loin de toi ou même gravée en toi.  »

L’auteure, entourée de ses proches et du journaliste-animateur Finlay Salesse
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