LE TEXTILE EN EAU TROUBLE — Qu’en est-il du 2e miracle économique ?

DIPLAL MAROAM

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La fermeture de Palmar Ltée, la mise sous administration judiciaire de Future Textiles et les difficultés de Tex Washing, entre autres, ne font que confirmer le mal profond qui ronge ces jours-ci le textile mauricien, un secteur de production de premier plan qui, pourtant, battait de l’aile depuis quelques années déjà. Que le salaire minimal soit le principal responsable de cet état des choses, comme l’affirment certains directeurs d’entreprises, reste encore à être  déterminé. Cependant ce qui est certain, c’est qu’aux dures réalités d’un contexte économique mondial extrêmement concurrentiel, suscité par une politique de globalisation sans foi ni loi, aucun pays n’y échappe et le nôtre ne fait pas exception à la règle.

Mais ce qui est tout à fait aberrant dans toute cette histoire, c’est qu’après avoir bénéficié des assistances gouvernementales faramineuses sous forme de stimulus packages, incitations fiscales et autres mesures d’accompagnement, certains opérateurs mettent la clef sous le paillasson – il y en a qui ferment pour la 2e fois – jetant, sans vergogne, des milliers de travailleurs, désemparés, sur le pavé. Le patron du CMT, un des plus importants groupes du secteur, a de nouveau brandi la menace de délocalisation assortie d’un licenciement de 5 000 employés. Or, pourtant, nombreux sont ces entrepreneurs qui, aux temps des « vaches grasses », alors qu’ils traînèrent les pieds lorsqu’il s’agit de payer les maigres compensations salariales annuelles, trouvèrent toujours les moyens financiers nécessaires pour diversifier leurs activités en investissant dans d’autres créneaux de développement tels le tourisme, l’énergie, l’immobilier, etc.

Aujourd’hui, sur le marché mondial, réussite est synonyme de compétitivité – paramètre économique qui lui-même dépend, dans une grande mesure, des coûts de production dont la main-d’œuvre constitue une des principales composantes. Et il va sans dire qu’en ce qui concerne le textile, mais pas seulement, des pays tels la Chine, l’Inde, le Vietnam, le Bangladesh, etc, bénéficient non seulement de l’avantage d’une main-d’œuvre abondante et à meilleur marché mais aussi de l’économie d’échelle. En outre, pour ces États, possédant un vaste marché interne – contrairement au nôtre –, l’écoulement des produits est donc assuré sur deux fronts, non seulement sur le marché externe dans le cadre de la mondialisation. Ainsi, le textile, étant une industrie hautement compétitive, a toujours bougé vers la main-d’œuvre la plus avantageuse. Et c’est dans ce contexte que Maurice, dans les années 80, bénéficiant d’un tel avantage, avait pu accomplir son 1er miracle économique qui, après l’entrée en vigueur de l’accord de Marrakech sur la mondialisation en 1994, commençait à s’effriter. Mais, dans son ensemble, le secteur manufacturier et plus particulièrement les entreprises orientées vers l’exportation, se trouvent ces jours-ci dans une situation de grande précarité. Contrôlant la part du lion des produits manufacturés sur le marché mondial, la Chine contraint les autres pays à se disputer des miettes. D’ailleurs, dans les milieux concernés, beaucoup s’accordent à reconnaître que la guerre commerciale actuelle entre les deux géants du commerce international, la Chine et les États-Unis, risque de bouleverser davantage le marché mondial au grand dam des pays en développement.

Chez nous, si le textile est dans le rouge et que le sucre se rétrécit graduellement comme une peau de chagrin, comme le confirme d’ailleurs le Monetary Policy Committee de la Banque de Maurice, tout ne peut être mis sur le dos du salaire minimal. La compétitivité de nos produits, dans les circonstances actuelles, passe par une restructuration en profondeur de notre zone franche, axée sur l’innovation, l’investissement dans de nouveaux équipements, une meilleure utilisation des technologies du numérique et des dernières technologies liées à l’intelligence artificielle, entre autres. Finalement, alors que des pans entiers de notre économie s’essoufflent, la question que l’on se pose : qu’en est-il des nouveaux piliers de développement promis lors de la campagne de 2014 dans le cadre d’un éventuel 2e miracle économique ?

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