LES CHAMPIONS DE WEEK-END : Christiane Legentil, le rêve olympique

Petite, elle aimait se bagarrer en classe. C’est sous les conseils d’un ami avec lequel «li ti content joué lité» qu’elle a commencé à pratiquer le judo. Nous sommes en 2002  à l’école du gouvernement de Mangue et la benjamine d’une famille de six enfants ne savait pas que 12 ans après, sa vie allait changer de façon radicale. Elle, c’est nulle autre que Christianne Legentil. La judokate, âgée aujourd’hui de 22 ans, dispose déjà d’une riche carrière de sportive de haut niveau et 2014 reste son année. Elle a enchaîné victoires sur victoires, à tel point, qu’il y a aujourd’hui unanimité autour de d’elle. A tel point que Week-End la désigne aujourd’hui comme notre championne de 2014 et son rêve olympique peut commencer.
A elle seule, Christiane Legentil incarne la relève dont le judo mauricien  avait bien besoin depuis que la dernière génération des judokas prolifiques tels que Priscilla Chery, Marie-Michel St-Louis, Jean-Claude Raphaël ou encore Antonio Félicité ont rangé leurs kimonos après les Jeux des Iles de 2003 à Maurice. À tout juste 22 ans —elle est née le 27 mai 1992 — son talent avait été révélé au grand public en 2012 lors des Jeux Olympiques de Londres où elle avait pris la 7e place dans la catégorie des moins de 52 kg. Du reste, lors des bilans de 2012, elle s’était glissée à la 2e place derrière, Fabrice Baulluck qui fut, lui, champion du monde de kick boxing.
A l’époque, nous écrivions que  cette judokate, pas plus haute que trois pommes, avait un avenir  brillant devant elle. Nous ne nous  sommes pas trompés, puisqu’à elle seule, Christiane Legentil a replacé le judo mauricienne sur la scène internationale. Christianne Legentil dans la vie est tout le contraire de ce qu’elle peut faire une fois lancée sur le tatamis. Du reste, pour entendre le son de sa voix, il faut prêter une oreille attentive, mais elle a le sourire facile et communicatif. «Ou pou pose moi question, beaucoup questions?», s’est-elle interrogée à notre égard lorsqu’on  lui a demandé une rencontre dans le cadre de ce papier. «Mo pas kontan répond questions moi», nous a-t-elle avoué, comme une preuve que pour elle, c’est le judo qui est important et le reste c’est pas trop son « métier ».
Mais une fois mise en confiance au dojo de Grand Rivière Nord Ouest mardi dernier après une séance de travail avec l’entraîneur Florian Velici, elle s’est laissée aller aux confidences. Sans doute, le silence cathédral qui y régnait a beaucoup aidé. «Je suis avant tout une fille normale. J’ai quitté mon île, ma maison, mes parents, mes amis, très jeune pour venir à Maurice afin de pratiquer le judo de haut niveau. J’avais à l’époque 15 ans et je ne savais rien de la vie, du sport de haut niveau et des compétitions. C’était du reste la première fois que je prenais l’avion», raconte celle qui à 22 ans à presque visité les  cinq continents.
«Je me suis fait beaucoup d’amis»
Originaire de Maréchal, à Rodrigues, la judokate a le potentiel nécessaire pour aller très loin, d’autant plus qu’avec l’expérience de haut niveau acquise, elle maîtrise mieux sa base, ses techniques et surtout son attitude dans le combat. Il est loin la jeune de 15 ans qui découvrait Maurice et la compétition de haut niveau en 2006 lors de la préparation de l’équipe de Maurice pour les Jeux des Iles de Madagascar (2007). «Lorsque mon entraîneur est venu me dire que je devais partir pour Maurice pour s’entraîner avec l’équipe de Maurice, j’ai pas cru. Il a fallu qu’il explique à ma maman pour que je commençais à prendre la mesure de ce qu’il m’arrive», explique-t-elle.
Formée d’abord à l’école  de judo de Mangue, sa soif de connaissance d’une discipline dont elle venait à peine de découvrir les bienfaits la pousse à marcher jusqu’à Maréchal pour s’entraîner sous la houlette d’Eddy André. Dans ce club, il fait la connaissance d’Antonio Félicité qui devient très vite son protecteur. «Lorsque je suis arrivée à Maurice en 2006, Antonio a été comme un père pour moi. Il m’a protégée, tout en me laissant face aux difficultés de ce sport. Sa présence à mes côtés à mes débuts a été un plus pour moi, car ce n’était pas facile. Les entraînements était durs, c’était chacun pour soi sur le tatamis et il fallait surtout continuer à apprendre et continuer mes études. C’était le plus dur de tout», raconte d’une petite voix celle qui a permis à Maurice de gagner une place (bronze) sur un podium Grand Prix, notamment à Qingdao en Chine en novembre dernier après sa médaille de bronze à Astana, au Kazakhstan.
«Modestement, je peux considéer 2014 comme ma meilleure année à ce jour. J’ai beaucoup voyagé, j’ai beaucoup découvert et surtout je me suis fait beaucoup d’amis. Ma victoire en Chine a été le plus beau jour de ma vie. C’était magique, c’est renversant, c’était un moment particulier. Même ma médaille de bronze à Astana n’avait pas le même sens. Je reste convaincue que 2014 est une année bénie de Dieu. Je Le remercie du reste pour tout ce qu’Il a bein voulu m’accorder cette année», confie Christianne Legentil à Week-End.
?2014: une année formidable
2014 a été effectivement une année formidable pour cette jeune fille qui reste très stylée et dans son temps malgré son gabarit de sportive. Certes la saison avait quelque peu mal débuté après la blessure au Tournoi de Paris en février, mais Christianne Legentil reprit très vite du poil de la bête en s’adjugeant la médaille d’or lors des Internationaux de Rodrigues. Sur ses terres ,vous imaginez la foule qu’il y avait dans les gradins. «Cette médaille, je l’ai gagnée d’abord et avant tout pour ma famille. C’était important que je leur offre ce précieux souvenir», dira sans détour notre compatriote.
Puis, les victoires se sont enchaînées, comme la médaille d’argent aux Championnats d’Afrique senior tenus à Maurice et sa victoire dans le Championnat National pour ensuite confirmer par une médaille d’or lors de l’Africa Judo Open à Maurice. Par la suite, Christianne Legentil ira aussi gagner à La Réunion avec l’équipe de l’Océan. Mais là, elle a joué un peu de  malchance, car si son équipe a perdu, par contre, elle a gagné ses deux victoires.
Sa plus grosse déception restera sans doute ses contre-performances lors des Jeux  du Commonwealth. «J’étais pourtant bien partie pour réussir une performance. Nous avons fait un stage en Allemagne et je me sentais bien, mais par la suite, les choses ne se sont pas déroulées comme je le souhaitait», rappelle-t-elle. Mais elle devait très vite se rattraper avec sa médaille d’argent à Astana et pour ensuite gagner le bronze en Chine. Des performances qui font d’elle aujourd’hui la No 1 d’Afrique aec 616 points  dans sa catégorie où elle devance largement la Tunisienne Hela Ayari (472 pts).
Désormais, son rêve olympique pour Rio 2016 peut commencer et selon ses dires, elle compte bien y mettre tout son poids. Du reste, ce n’est pas pour rien qu’elle dispose d’une bourse olympique. «Un deuxième ‘Jeux Olympiques’ c’est non seulement un rêve, mais aussi mon objectif. L’année 2015 sera l’année de tous les dangers pour moi. C’est l’année où commencent les épreuves de qualifications avant Rio. J’espère vivement être dans la liste des qualifiés et aussi réussir un meilleur résultat que 2012 à Londres, où je n’avais pas vraiment l’expérience de ce niveau de la compétition», souhaite la championne mauricienne.

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