Les retombées du rapport

Décidément, les retombées des recommandations de la commission d’enquête sur la drogue n’en finissent pas d’en finir. Après les démissions forcées de la ministre du Genre et du Speaker adjoint, quelques policiers cités dans le rapport ont été suspendus ou transférés, on ne sait pas trop, mais il y a eu du mouvement dans la force policière. Dans la foulée, l’assistant surintendant de police qui participe aux réunions du Comité central du MSM – qui compte plus de 600 personnes – dont, paraît-il, des enfants! – a été transféré.

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Jusqu’à ce que notre confrère l’express publie la photo de cet officier de police participant aux travaux du CC du MSM, il semblait que cette activité, tout à fait particulière pour un policier, ne dérangeait absolument pas les Casernes centrales. Il semblerait qu’il est beaucoup plus facile de faire transférer, sur le champ, une policière qui dresse une contravention à un président de conseil de village qu’un ASP qui participe à une activité politique partisane. Et le commissaire de police accusera certains de vouloir jeter de la boue sur la force policière…

Lors de la première réunion du comité interministériel chargé d’étudier et, espérons-le, de mettre en pratique les recommandations de la commission d’enquête, le Premier ministre a eu un cri du cœur. «Ce n’est pas agréable pour moi d’avoir trois membres de mon parti cités dans le rapport», a-t-il déclaré. Regretter est une chose mais prendre ses précautions pour ne pas avoir à le faire est préférable. Si Pravind Jugnauth avait fait faire de véritables enquêtes avant de procéder à certaines nominations, si au lieu de privilégier l’appartenance politique il avait choisi la compétence et un profil sans tâche, il se serait épargné des surprises désagréables et la réputation de ne pas savoir choisir.

Et comme Pravind Jugnauth semble adorer cultiver les paradoxes, c’est juste après avoir exprimé ses regrets de retrouver les noms de membres de son parti sur la liste de la commission qu’il annonce que la task force pour enquêter sur les personnes dont les noms ont été cités ou mentionnés dans le rapport sera présidée par le directeur de l’ICAC. Cette institution fait partie de celles dont la performance est régulièrement remise en cause dans l’accomplissement de ce qui est officiellement sa mission : le combat contre la fraude et la corruption. La lenteur de l’ICAC dans ses enquêtes est devenue proverbiale, tout comme son sens des priorités, dont voici un exemple. Pendant une année, l’ICAC n’a pas entendu les dénonciations sur les supposés passe-droits dont bénéficiait Alvaro Sobrihno faites au Parlement et dans la presse. Il a fallu que le PM reçoive une lettre anonyme de dénonciation contre l’homme d’affaires angolais pour que l’ICAC ouvre une enquête. Dont, comme c’est souvent le cas pour la plupart de ses initiatives, on n’entend plus parler. C’est donc au directeur de cette institution que Pravind Jugnauth a confié la présidence de la task force! Il n’y avait pas meilleur moyen pour démonétiser cette task force avant même qu’elle ne commence ses travaux!

Les retombées du rapport de la commission d’enquête ont également atteint Rodrigues.  Serge Clair, le Chef commissaire, a été cité dans le rapport comme étant derrière une tentative de transfert d’un élément de l’ADSU. Le tout, suite à l’arrestation d’un proche de l’OPR, soupçonné d’être un trafiquant de drogue. L’occasion était trop belle pour que le leader de l’opposition ne saute pas dessus à pieds joints. Nicolas Von Mally a, donc, demandé au Chef commissaire de démissionner, pour suivre l’exemple des membres du gouvernement mauricien qui l’ont fait, avant de déposer une motion de blâme contre le même Serge Clair. Il est à noter que l’initiative du Mouvement Rodriguais est soutenue par le…PMSD. Réplique de l’OPR : une motion de confiance en faveur de Serge Clair. Les deux motions seront prochainement débattues à l’Assemblée régionale. Si Serge Clair a, évidemment, juré qu’il était innocent de ce dont la commission l’accuse, on se demande à Rodrigues pourquoi il n’a pas demandé une «judicial review» de la partie du rapport qui le concerne.

En tout cas, en bien ou en mal, on n’a pas fini de parler du rapport de la commission d’enquête sur la drogue au sein de la République.

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