L’étau se resserre autour de Sudhir Sesungkur

  • Le ministre des Services financiers devra prévoir un déplacement au QG du CCID pour une audition Under Warning dans l’enquête sur l’agression contre un cameraman lors d’un mariage
  • Nouveau tournant dans l’enquête sur une fraude alléguée de Rs 120 M ($ 288 500) au préjudice de Mazars, la déposition consignée à la police remontant à mars 2015

Le ministre des Services financiers, Sudhir Sesungkur, contre qui des enquêtes policières dans cinq cas d’Alleged Offences ont été instituées, pourrait être rattrapé par l’une de ses dernières incartades. En effet, le Central CID s’apprêtait en fin de semaine à convoquer Sudhir Sesungkur pour une séance d’interrogatoire Under Warning dans le cas d’agression physique d’un cameraman lors d’un mariage à Sébastopol le 22 juillet dernier. Toutefois, rares sont les observateurs qui prendront le pari d’une inculpation provisoire contre le ministre à la conclusion de cette prochaine étape. La pratique adoptée sous le commissaire de police, Karl Mario Nobin, est d’épargner les VVIPs d’une remise en liberté sous caution, laissant le soin à l’Office of the Director of Public Prosecutions de se prononcer sur cette décision. Les exemples ne manquent pas, dont le cas des Rs 1,5 M de Legal Fees de Veeren Peroumal à Me Rex Stephen, l’enquête remontant à la fin de la première semaine de mai de l’année dernière. Néanmoins, les conclusions d’une autre enquête dans une affaire de fraude alléguée de Rs 10 millions ($ 288 500) au préjudice de la société Mazars pourraient peser lourd sur les épaules du ministre des Services financiers et de la Bonne Gouvernance. Cette affaire fait l’objet d’une enquête de la part du Central CID depuis mars 2015.
Les recoupements d’informations effectués auprès des sources concordantes indiquent que Sudhir Sesungkur devra faire face la semaine prochaine à un interrogatoire dans les locaux du Central CID dans le cadre d’une plainte logée contre lui par le cameraman Rasesh Ramprosand. Le ministre est accusé d’avoir giflé celui-ci lors d’un mariage à Sebastopol le 22 juillet. Selon une source proche de l’enquête, cet exercice devrait intervenir lundi ou mardi prochain. « Nous avons déjà établi notre plan de travail et sauf imprévu, l’interrogatoire du ministre de la Bonne Gouvernance devrait se faire sous peu », indique-t-on. Cependant, la possibilité que l’exercice se déroule plus tôt « si gagn pression depi lao ».

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L’une des dernières étapes avant la convocation de Sudhir Sesungkur se rapporte à la déclaration de son garde du corps. Ce policier affecté à la Very Important Person Security Unit (VIPSU) a été interrogé, jeudi, par les hommes de l’ACP Devanand Reekoye en présence de son avocate Me Devina Deonarain. Il a rejeté les accusations d’acte de violence contre le plaignant à ce mariage. Il a simplement déclaré avoir fait son travail comme membre de la VIPSU pour assurer la sécurité du ministre de la Bonne Gouvernance. Alors qu’il devait être identifié par le cameraman, l’élément du VIPSU a refusé un face-à-face, et il a opté pour une parade d’identification avec huit personnes à côté de lui. Un rendez-vous doit être fixé bientôt pour cet exercice.

Par ailleurs, l’Information and Technology Unit de la police a passé en revue une vidéo remise par le cameraman la semaine dernière. La bande constitue un élément important pouvant faire la lumière sur le déroulement de cette agression. Le plaignant a allumé son appareil pour filmer la scène où il a rencontré le ministre Sudhir Sesungkur dans la cour d’un lieu de culte lors du mariage. Cependant, les images ne sont pas très claires et selon nos renseignements, il est peu probable que le ministre de la Bonne Gouvernance soit confronté à la vidéo. À ce stade, la police est en présence des versions différentes, soit de Rasesh Ramprosand qui avance que Sudhir Sesungkur l’a bien giflé à deux reprises, en assignant comme témoin et son collègue Sandip Nackchejee qui, pour sa part, a confirmé les dires du cameraman.
Pour leur part, le collaborateur du ministre de la Bonne Gouvernance Ganesh Niko et l’élément de la VIPSU ont rejeté les accusations portées contre eux. Devant ces circonstances, le CCID compte laisser le soin au Directeur des Poursuites publiques (DPP) de décider du sort des protagonistes dans cette affaire.
Par ailleurs, Sudhir Sesungkur pourrait faire face à une potentielle inculpation provisoire pour fraude, selon les derniers développements de l’enquête du CCID, et ce après les accusations formulées contre lui en mars 2015 par son partenaire en affaires, Kriti Taukoordass. Les limiers du Central CID entameraient une dernière série de vérifications concernant cette affaire avant de prendre une décision concernant la fraude alléguée de USD 288 500 perpétrée en 2014.
Le CCID a déjà pris contact avec l’homme de loi de Kriti Taukoordass, Me Imtihaz Mamoojee, pour des besoins d’informations additionnelles au sujet de cette affaire, qui date maintenant de plus de trois ans. Les arguments mis en exergue dans l’affidavit de Kriti Taukoordass, quant à cette fraude alléguée, sont actuellement sujets à un dernier round de vérification avec une décision sur une potentielle inculpation du ministre envisagée.

Il est reproché à l’élu du MSM de la circonscription No 10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est) d’avoir détourné des sommes d’argent découlant des paiements en faveur de la firme Mazars, et ce vers un compte bancaire opéré à la Mauritius Commercial Bank, géré par son épouse et lui-même. Une déposition avait été faite à la police le 28 avril 2015 par Kriti Taukoordass, qui avait été le conseiller économique de Pravind Jugnauth entre 2004 et 2005, et qui accusait frontalement Sudhir Sesungkur d’avoir détourné les fonds de la compagnie. Une fraude qui allait être étalée après un examen minutieux des comptes de la compagnie.

Le député orange fait l’objet de deux actions distinctes de la part d’un ancien collègue, soit une au niveau de la police et une autre à celui du judiciaire. On laisse entendre que, depuis 2015, cette enquête était en mode “bouz fix” aux Casernes centrales.

Avec la pression qui s’accentue sur le gouvernement au sujet des « frasques » du ministre, le CCID semble avoir accéléré leurs actions depuis l’annonce de la Private Notice Question de Xavier-Luc Duval. Il n’est pas écarté à ce stade que le bureau du Directeur des poursuites publiques soit sollicité incessamment sur ce dossier spécifique alors que les projecteurs sont braqués sur Sudhir Sesungkur pour l’affaire de la « gifle » infligée à un cameraman. Dans le camp des hommes de loi de Kriti Taukoordass, on déplore « la lenteur » de la police dans cette affaire, qui s’apparente à un cas de “beyond doubt” avec confirmation des USD 219 250, représentant les 50% qui auraient dû revenir à Kriti Taukoordass mais qui ont été frauduleusement transférés, selon les allégations, sur le compte du couple Sesungkur. Le cas du ministre des Services financiers est désormais une “Hot Political Potato” pour Lakwizinn de l’Hôtel du gouvernement. On laisse entendre qu’il aurait déjà demandé à ses collègues de parti de le défendre dans cette situation.

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