Lettre ouverte à Paul Bérenger

Mon cher Polo,
Nos deux familles se sont toujours connues, bien que nous ne soyons pas parents. Nous avions tous deux, tonton Philippe et tante Jehanne en commun. Tonton Philippe qui était le frère de ton papa avait épousé tante Jehanne la soeur de maman. On se voyait chez eux ou chez toi et ‘tante Geneviève’ nous tricotait des pulls avant l’hiver pendant que ‘tonton Raymond’ nous parlait de tout. En Form 1, 2 et 3 au Collège du Saint Esprit, j’ai hérité de tous tes livres de classe, j’avais deux ans de moins que toi et nos familles étaient très proches.
Quand tu t’es bagarré avec Georges, beaucoup plus costaud que toi, près des toilettes du collège, j’étais là et j’ai admiré ton courage. Ensuite, tu es parti et j’ai suivi ton itinéraire. Dès 1968, tante Jehanne, tonton Philippe et maman ont été tes premiers fans et tes premiers ‘militants’ blancs. Tous les jours chez nous, on discutait de Polo et de ses idées révolutionnaires, mais combien démocratiques et sociales. Maman et tante Jehanne se sont fait gazées à Port-Louis pour toi. C’est te dire qu’on se connaît depuis 55 ans et que je t’ai suivi pendant tout ce temps. J’ai tout excusé au fil des années, même quand je ne comprenais plus ce que tu faisais, tes alliances, tes mésalliances, tes revirements, tes contradictions et tout, et tout. J’ai été un militant de l’ombre, une simple statistique lors des élections, un seul petit vote dans la multitude.
Je t’écris pour te dire qu’aujourd’hui, je ne peux plus te suivre… Je laisse aux éditorialistes et aux journalistes le soin de disséquer tes actions. Je te fais juste savoir que là où tu vas maintenant, tu iras sans moi… Je serai simplement un de ces « imbéciles » qui te disent « NON », un de ces « fos militan » après 45 ans de fidélité.
Mais, tu vois Polo, je me pose la question de savoir si moi, qui t’ai suivi pendant si longtemps, je te lâche, combien d’autres en feront autant ? ….
Bien amicalement,

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