L’Islam et le dialogue inter-religieux (2)

ALLIA SYED HOSSEN-GOOLJAR

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Assistante PRO

Conseil des Religions

La diversité des croyances est une volonté divine et Dieu nous dit qu’il a envoyé un messager à chaque peuple : « …Si Dieu l’avait voulu, Il aurait créé une seule communauté….» (S5 V48) Il nous a créé des gens de différentes races afin que nous fassions connaissance l’un de l’autre.  « Oh ! Les gens ! Nous vous avons créé d’un mâle et d’une femelle et nous vous avons désignés en nations et tribus pour que vous vous entreconnaissiez… » (Ch 49 V13).

Non seulement Dieu nous invite à faire connaissance de l’autre mais il nous enseigne également la manière de le faire. En effet, Dieu nous dit à la sourate 16 V 125 : « Appelle dans la Voie de ton Seigneur par la sagesse et la bonne parole et discute avec eux de la façon la plus douce… »  C’est un verset chargé d’amour et l’aspect essentiel de cette recommandation divine c’est la sagesse. « Ne discute avec les gens du livre que de manière la plus courtoise » (S29, V 46). L’esprit d’indulgence de l’Islam trouve ses racines dans le Coran car Dieu dit : « Pas de contrainte en religion » (Ch 2 V256). Un musulman ne doit pas forcer quelqu’un à se convertir car Dieu dit « A vous votre religion, à moi ma religion » (Ch109 V5). L’Islam ne se contente pas d’accepter les autres religions du Livre, il leur apporte une réelle légitimité : « Dites : Nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été révélé, à ce qui a été révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus ; à ce qui a été donné à Moïse et à Jésus; à ce qui a été donné aux prophètes de la part de leur Seigneur. Nous ne faisons entre eux aucune discrimination. Nous sommes soumis à Dieu » (Ch2, V136).

Entente fraternelle entre les musulmans et les chrétiens

Il y a toujours eu une entente fraternelle entre les communautés des croyants de Médine et les chrétiens. Quand Mohammad (p.s.s.l) avait neuf ans, lors d’un voyage en Syrie en compagnie de son oncle, c’est Bahira, un moine chrétien qui découvrit sur son dos, une excroissance, un signe que portent les prophètes. Il informa l’oncle et lui demande de garder le secret afin de le préserver contre des gens malveillants. Plus tard, à l’âge de 40 ans, quand le Prophète (p.s.s.l) reçut la visite de l’Ange Gabriel pour la première fois, il était effrayé. C’est Waraqa ibn Nawfal, un moine chrétien, cousin de Khadija, l’épouse du Prophète (p.s.s.l) qui dit à celle-ci que l’Ange s’appelait Gabriel, que Mohammad était le Prophète attendu selon les écritures saintes et que son peuple le persécuterait et le chasserait de la Mecque.

Cette amitié islamo-chrétienne va se consolider et se vérifier quand le Prophète (p.s.s.l) va demander aux musulmans, qui étaient persécutés à la Mecque, d’aller chercher refuge en Abyssinie, pays chrétien régi par le roi Négus. Cela démontre le degré de confiance entre les musulmans et les chrétiens à cette époque. Celui-ci accueillit les musulmans à bras ouverts et les questionna sur leur religion. Malgré la pression des Quraiches, le roi Négus refusa de livrer les musulmans.

L’attitude du Prophète (p.s.s.l)

envers les chrétiens

Il est bon de rappeler que l’Islam est apparu sur un terrain marqué par une diversité d’origines et de confessions. Le Prophète (p.s.s.l) a été dans la communauté de Médine le Chef d’État des musulmans, des chrétiens et des juifs. La Constitution de Médine a été rédigée conjointement par les représentants de trois grandes religions. Il est bon de souligner la promesse du Prophète (p.s.s.l) en l’an 628 à une délégation des moines du monastère de Sainte-Catherine qui était venu lui demander sa protection. Il leur octroya une charte leur garantissant des droits.

Dans l’application des lois islamiques, le Prophète (p.s.s.l) ne faisait pas de discrimination.  Ainsi, il déclara, durant ces derniers jours : « Observez scrupuleusement la protection donnée par moi aux sujets non-musulmans. » Il alla même jusqu’à dire que « si quelqu’un opprime des sujets non-musulmans, je serai avocat, au Jour de la Résurrection, contre l’oppresseur musulman ».

Les quatre califes, qui ont pris la relève après le Prophète (p.s.s.l), ont suivi la même politique tolérante. Abu Bakr disait: « Ne tuez pas ceux qui croient en Dieu, sinon Dieu vous punira et vous irez en enfer. » Dans un discours prononcé devant l’armée musulmane en Syrie, le premier Calife de l’Islam, Abu Bakr disait : « Si vous croisez des hommes qui prient, laissez-les faire leur prière. »

Omar Ibn Al-Khattab le deuxième calife, promit au peuple de Jérusalem la sécurité totale de leurs âmes, propriétés, croyances et églises. Il ordonna qu’on ne loge pas dans les églises ni qu’on en diminue le nombre. Les chrétiens ne sont pas obligés de renoncer à leur religion. La bonté, les bons traitements envers les adeptes des livres sacrés ont duré tout au long de son règne. À la veille de sa mort, Omar demanda qu’on s’occupât des non-musulmans. Les non-musulmans furent également bien traités sous le règne du Calife Osman Ibn Affan et Ali Ibn Abou Taleb. Al-Walid Ibn Okba, un des chefs en Iraq, attribua des pensions mensuelles aux chrétiens.

Rencontres historiques

entre chrétiens et musulmans

Depuis des siècles, il y a eu des initiatives pour consolider l’amitié entre les musulmans et les chrétiens. Le Prophète (p.s.s.l) a reçu dans la mosquée de Médine, les chrétiens de Najran et leur offrit le sanctuaire de sa mosquée pour prier. Il y a eu des rencontres interreligieuses entre le patriarche Timothée I et le calife Harun ar-Rachid en 823 à Bagdad, entre le pape Grégoire VII et le sultan an-Nasir en 1076, entre saint François et le sultan Ibn Ahmad en 1219, entre le pape Jean-Paul II et 80,000 jeunes musulmans à Casablanca au Maroc en 1985.

En 1965, l’Église catholique promeut officiellement le dialogue interreligieux. Le concile œcuménique Vatican II, Déclaration Nostra aetate déclara que « L’Église regarde aussi avec estime les Musulmans, qui adorent le Dieu un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes ». En avril 1974, le cardinal Pignedoli, président du Secrétariat du Vatican pour les non-chrétiens, fit une visite officielle en Arabie Saoudite où il rencontra le roi Fayçal. En octobre 1974, les Grands Ulémas d’Arabie Saoudite furent accueillis par le pape Paul VI au Vatican lors d’un colloque entre chrétiens et musulmans sur les « Droits culturels de l’homme en Islam ». Il est bon de souligner l’esprit d’ouverture du pape Paul VI vis-à-vis de l’Islam qui déclara être « animé d’une foi profonde dans l’unification des mondes islamiques et chrétiens qui adorent un seul Dieu ».

Conclusion

Quand on parle des relations islamo-chrétiennes, on a tendance à tout mettre sur le plan religieux. Mais, les réalités du monde aujourd’hui montrent que les rapports entre les musulmans et les chrétiens ont débordé plus sur le plan politique aux XXe et XXIe siècles. De sorte que, s’il y a divergence et conflits entre différents pays, les enjeux sont plutôt d’ordre économique et politique. En 2008, lors d’une conférence sur le dialogue interreligieux organisée à l’initiative du roi Abdallah de l’Arabie Saoudite à Madrid, celui-ci déclara que « les différences ne doivent pas conduire à des conflits. Les tragédies que nous avons connues n’ont pas été causées par la religion mais par l’extrémisme de certains croyants, dans toutes les religions et dans tous les systèmes politiques. »

FIN

Références

1. Bucaille M., (2003) La Bible, le Coran et la Science, Millat Book Centre

2. Lamrabet A., (2007), Le Coran et les femmes, Éditions Tawhid

3. Dif M., (2001), Les épouses du Prophète de l’Islam, Éditions Tawhid

4. Reeber M., (2001), L’Islam, Éditions Milan

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