Litige : les médecins généralistes de l’État maintiennent la pression

  • Dr Sewsurn (MHOA) : « Nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre »

Malgré le revers essuyé par les médecins généralistes de l’État en Cour suprême sur la légalité d’un “strike ballot” en prélude d’une grève illimitée dans les hôpitaux, ils ne comptent pas lâcher prise. Ils ont signifié leur intention d’avoir recours à une institution internationale pour forcer le gouvernement à revoir leur demande. Aussi, ils se proposent d’organiser un « grand rassemblement » des médecins généralistes samedi à la Tamil League pour passer en revue la situation dans les hôpitaux avec l’entrée en vigueur du “shift system” au département des urgences ainsi que dans d’autres départements. Pour l’occasion, les médecins généralistes seront accompagnés de leurs épouses, de leurs enfants et de leurs proches. Le but est de faire entendre leurs voix. Des sorties en règle des intervenants contre les “delaying tactics” du gouvernement pour faire capoter le “strike ballot” seront à l’ordre du jour de ce rassemblement.

- Publicité -

« Nous avons tenu à organiser ce grand rassemblement pour exprimer le sentiment des médecins généralistes aussi bien que celui des membres de leurs familles. Il n’y a pas que les médecins qui se sentent concernés par le “shift system”, car les membres de leurs familles sont également affectés. Nous avons certes perdu une bataille en cour, mais nous n’avons pas perdu la  guerre », a déclaré le Dr Vinesh Sewsurn, président de la Medical & Health Officers Association (MHOA), lors d’une conférence de presse ce mercredi au siège de la Fédération of Civil Service and Other Unions (FCSOU), avec le président, Narendranath Gopee, à ses côtés.

Le Dr Sewsurn a déclaré que la décision prise par le ministère de la Santé au sujet du “shift system” « porte atteinte » à leurs droits acquis. « Le gouvernement a utilisé une tactique dilatoire concernant le délai pour déclencher une grève dans la légalité. Que les choses soient claires : cette décision ne relève pas d’une motivation politique, mais pour améliorer les services de santé à Maurice. Nous savons tous qu’à ce jour le temps accordé aux patients est d’une à deux minutes, ce qui est en dessous des normes internationales. Lorsque nous avons pris les rênes du syndicat, en 2017, nous avions pris l’engagement d’augmenter le temps accordé aux patients dans les hôpitaux. C’est important car il faut s’assurer que les patients aient le traitement souhaité », a déclaré le président de la MHOA. Le syndicat est en train de réclamer l’introduction de la semaine de 33 heures pour qu’ils aient plus de temps afin d’ausculter les patients. « Et puis cette décision ouvrira la porte à l’embauche d’un plus grand nombre de médecins. »
Parlant du jugement de la Cour suprême, il dira que le rapport du département de Conciliation et de Médiation du ministère du Travail est tombé le 25 juillet et que, techniquement, « on a 45 jours pour déclencher une action syndicale ». Et de poursuivre : « Cela ne veut pas dire que notre intention était de déstabiliser le pays durant le passage du pape François. Nous avons opté pour le 11 septembre pour déclencher une action syndicale, soit après le passage du pape. Le ministre du Travail et des Relations industrielles, Soodesh Callichurn, s’est appuyé sur un point légal pour dire que notre grève est illégale. Dans le jugement de la Cour suprême, aucune mention n’a été faite à l’effet que notre grève est illégale. Nous avons constaté que la Cour suprême a effectué une interprétation littérale sur le délai de 45 jours. »

Aussi, il dit constater que le jugement « n’a pas pris en considération l’importance de bulletins » secrets. « D’ailleurs nous étions confiants d’avoir au moins 90% à 98% des médecins en notre faveur. Le ministère de la Santé aurait autorisé le “strike ballot” pour qu’il ait la possibilité de savoir combien de médecins généralistes sont en faveur de la grève », a déclaré le Dr Sewsurn. Pour lui, le jugement « cautionne la prise de position du gouvernement ». Il invite tous les autres syndicats à prendre connaissance du contenu de ce jugement, qui servira de jurisprudence pour d’autres actions syndicales de la sorte.

Pour Narendranath Gopee, la Cour suprême s’est fiée aux points exprimés par le State of Law Office. « Le SLO a soulevé trois objections. Il a déclaré que la Cour suprême n’a pas juridiction pour écouter ce procès parce qu’il s’agit d’un Public law matter. C’est-à-dire que la cour, qui est un Public Office également, sera appelée à donner un jugement contre le ministère du Travail et celui de la Santé. Le deuxième point soulevé est qu’on est train de faire un “abuse of process”. Le SLO a aussi déclaré que l’application qu’on a faite n’a aucune valeur légale. D’après moi, c’est un jugement conflictuel. »

Il devait faire ressortir qu’il « s’attendait » à un jugement de la Cour suprême allant à l’encontre de l’intérêt des médecins généralistes. « Nous avions l’intention de dévoiler nos batteries à propos de notre stratégie à venir. Mais nous n’allons pas le faire maintenant, de peur que le ministère de la Santé ne mette des bâtons dans les roues. Notre action sera en tout cas entamée en dehors du pays auprès d’une institution internationale. Nous n’allons pas donner le nom maintenant », a déclaré Narendranath Gopee. Et de dire sa confiance à l’effet que cette instance internationale « tranchera en notre faveur et émettra un ordre pour appliquer le droit acquis des travailleurs ».

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -