« Déportation » d’un habitant – L’OIDC se rétracte face à la colère dans l’archipel

  • Dans une nouvelle correspondance envoyée hier, l’OIDC demande d’ignorer la sommation à Arnaud Poulay de venir d’urgence à Maurice
  • Agitation et incompréhension dans les deux îles; les habitants réclament la démission du General Manager de l’OIDC et celle du Resident Manager d’Agalega

Après avoir accusé réception d’une lettre, jeudi, de l’Outer Island Development Corporation (OIDC), le sommant de rentrer à Maurice par le Mauritius Trochetia, quittant l’archipel ce week-end, Arnaud Poulay – employé de l’OIDC et actif au plan social à Agalega – a reçu une deuxième lettre en fin de matinée hier de cet organisme lui demandant d’ignorer sa directive. Mais ce n’est pas pour autant que la colère des habitants s’est atténuée. Depuis quelque temps, un mécontentement grandissant se fait sentir à Agalega au sujet de la gestion de l’archipel et, dans le sillage de ce dernier incident, les habitants réclament la démission du General Manager de l’OIDC et du Resident Manager dans l’archipel.
« I am directed to inform you that you should proceed to Mauritius on Mauritius Trochetia leaving Agalega on saturday 14 september or sunday 15 september.You are required to be present on the ship. » Telle est la teneur de la lettre de l’OIDC adressée Arnaud Poulay avant-hier. Cette directive émanerait du General Manager de l’OIDC. Cet organisme ne lui a donné aucun détail quant aux raisons pour lesquelles il devrait venir d’urgence à Maurice et pour combien de temps il devrait y rester. Cela sonne ni plus ni moins pour Arnaud Poulay et pour les habitants comme une « éventuelle déportation », d’où la colère dans l’archipel.
En signe de solidarité, des travailleurs affectés au débarquement des marchandises dans le port ont refusé de travailler en fin de semaine. Devant l’ampleur du mécontentement des habitants et les réactions d’indignation aussi à Maurice, l’OIDC s’est finalement ravisée et a envoyé une correspondance en fin de matinée hier demandant à Arnaud Poulay d’ignorer la lettre de jeudi.
Selon les informations disponibles, l’intervention de Mahen Jhugroo, ministre du Logement, qui assure l’intérim aux Administration régionales et de l’Outer islands jusqu’à aujourd’hui, et celle d’un conseiller au PMO ont « aidé à décanter » la situation tendue à Agalega. Si les habitants se disent « rassurés que personne ne sera déporté », en revanche, la colère est toujours vive à Agalega. « Il y a un gros mécontentement concernant la gestion de l’archipel. Olie Agalega avanse li pe rekile e akoz samem ena boukou manifestasion ek sit-in », témoignent des Agaléens. « General Manager OIDC ek Resident Manager bizin ale », ajoutent-ils. Les Agaléens résidant à Maurice sont aussi remontés contre la direction de l’OIDC. « Nou bann fami ki viv dan Moris pa pe kontan zot osi kouman OIDC pe administre nou zil », disent-ils.
Dans les milieux du ministère de l’Outer Islands, on récuse avec force le terme « déportation » s’agissant de la lettre de l’OIDC envoyée à Arnaud Poulay jeudi mais ces sources avouent au Mauricien qu’elles ne sont pas « happy avec le ton » de cette correspondance.

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Alain Langlois (Les Amis d’Agalega) :« Le tempo est prêt à éclater »

« Cette affaire démontre une nouvelle fois l’excès de zèle de l’OIDC. Sinon comment expliquer qu’on somme quelqu’un de quitter son île sans lui donner la raison. Heureusement qu’il y a eu une vague de solidarité pour empêcher cela. Clairement, il y a des gens qui ne travaillent pas pour le bien de la communauté et les Agaléens en ont marre. Le tempo est prêt à exploser. Je condamne ardemment cette façon de faire de l’OIDC. La communauté ne va plus tolérer ce genre de choses. »


Stephan Gua (Koalision Zilwa Pou Lape) : « Une attitude despotique »

« Nous exprimons notre solidarité avec Arnaud Poulay, qui fait partie de la coalition. Cela fait un certain temps qu’il dénonce ce qui se passe à Agalega, particulièrement la manière d’agir de l’OIDC, qui n’est pas respectueuse envers les Agaléens. Il faut savoir qu’Arnaud Poulay subissait déjà des pressions dans son travail puisqu’il est un employé de l’OIDC. Nous dénonçons fortement cette attitude despotique de l’OIDC, qui consiste à déporter un citoyen mauricien de sa propre terre. En mars 2018, nous avions écrit une lettre aux parlementaires pour leur demander de réclamer une commission parlementaire sur l’OIDC.

Car les agissements au sein de cette organisation ne respectent pas les principes de la République. Le Premier ministre a la responsabilité d’agir pour s’assurer que les institutions d’Etat n’agissent pas de manière despotique envers les citoyens. A Rezistans ek Alternativ, nous suivrons cette affaire de près et prendrons les actions appropriées. »

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