Lorsque c’est Maya Hanoomanjee qui « enfonce » Xavier Duval…

Ce n’est pas parce que le leader de l’opposition était absent pour cause de suspension et que ses collègues solidaires lui ont emboité le pas, que les travaux parlementaires ont manqué du piquant mardi dernier. Bien au contraire, la Speaker a profité pour « enfoncer » Xavier Duval en révélant qu’après une rencontre à son bureau visant à aplanir les différends, il avait été convenu que le leader de l’opposition ne se présente pas dans l’hémicycle, comme le lui avait ordonné la présidence, mais qu’il s’est ravisé et qu’il a repris sa place. Devant une telle attitude, elle a dû proposer une motion de suspension qui a été ensuite formellement présentée par le Premier ministre pour qu’elle soit effective. En l’absence de la traditionnelle Private Notice Question, le Question Time, lui, n’a pas pour autant été de tout repos.
Il a été émaillé d’un incident entre Pravind Jugnauth et Paul Bérenger lors des échanges sur la question d’Aadil Ameer Meea sur la réforme électorale. Traité de « saboteur » par le leader du MMM, qui devait sans doute se souvenir des objections du MSM à toute réforme lors de leur passage commun au gouvernement entre 2000 et 2005, le Premier ministre a eu une grosse poussée d’adrénaline et, debout, il a répliqué en traitant le leader du MMM de « requin » sans jamais être rappelé à l’ordre par la Speaker Maya Hanoomanjee.
Même les backbenchers du gouvernement, à l’instar de Sangeet Fowdar et de Soodesh Rughoobur, ont assuré l’animation en se montrant tout aussi critiques que l’opposition contre les provisions du National Employment Bill présenté par le ministre du Travail et de l’Emploi, Soodesh Callichurn. S’ils se sont attelés à leur travail de député, on ne peut en dire autant de leur collègue du MSM, Kalyan Tarolah, forcé à la démission de son poste de Parliamentary Private Secretary après son « jeu de langues » et son « sexting ». Il n’a fait que passer, le temps pour le Clerk de consigner sa présence. Il pourra réapparaître dans trois mois, s’il le veut. Cela n’a pas, à son apparition furtive, empêché les élus du MMM de le chahuter, d’autant que la motion de blâme inscrite par son député Rajesh Bhagwan n’est pas encore à l’agenda.
La tranche des questions avait démarré sur un ton bon enfant avant de s’emballer avec celles d’Aadil Ameer Meea. A la première question de ce dernier sur les travaux effectués pour convertir le centre de conférence de Grand-Baie en casino, le Premier ministre a laissé entendre que les procédures d’appel d’offres ont été lancées pour le choix des architectes, tandis que les membres du MMM ont, eux, soutenu que l’ancien ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, aurait privilégié un cabinet qui lui est proche. Le Premier ministre et ministre des Finances a néanmoins profité pour dire qu’après des années de pertes, les casinos ont enregistré des profits de Rs 7 millions en 2016 et que la situation devrait s’améliorer davantage, cette année, avec un bénéfice estimé à Rs 26 millions.
C’est la seconde question du député du MMM sur la réforme électorale et le financement des partis politiques qui va subitement faire monter la tension dans l’hémicycle. Comme à son habitude, sur ce sujet délicat, Pravind Jugnauth a dit que le rapport émanant du comité ministériel sur ces questions a déjà soumis un dossier au State Law Office pour examen, mais les députés du MMM ont aussitôt crié aux tactiques dilatoires, ce qui a eu pour effet d’agacer les membres de la majorité et le Premier ministre lui-même.
« Premier
ministre
l’imposte »
Pravind Jugnauth n’a pas du tout apprécié que les élus du MMM et Paul Bérenger lui rappellent que lui-même et le MSM ont toujours tout fait pour ne pas procéder à une réforme électorale ou pour légiférer sur le financement des partis. Il a commencé par répliquer que « les incapables c’est vous », avant de lancer « requin » en parlant du leader du MMM et d’ajouter qu’il n’a pas eu le temps de faire des réformes parce qu’il est resté très peu de temps au gouvernement et qu’il a passé le plus clair de son temps dans l’opposition et de rajouter une couche pour dire qu’il a même perdu son leadership et que cela lui fait de la pitié.
Les remarques ont alors fusé des bancs du MMM où l’on a pu entendre « Premier ministre imposte », ou même « sans to papa to pa ti pou là », ce qui a encore plus déstabilisé Pravind Jugnauth qui a continué, debout, a lancé des invectives en direction de Paul Bérenger.
Le reste du Question Time, bien que très instructif, sera autrement plus apaisé. Rajesh Bhagwan qui a voulu savoir un peu plus de ce qu’il est advenu du comité disciplinaire institué sur les avocats Ravi Rutnah et Sanjeev Teelueckdharry s’est heurté à un Maneesh Gobin très prudent dans ses nouvelles fonctions d’Attorney General et qui s’est contenté du minimum en disant que ce sont des prérogatives qui relèvent des instances judiciaires.
En sus de la traditionnelle passe d’armes entre le backbencher du MSM Bashir Jahangeer et le Premier ministre adjoint Ivan Collendavelloo sur les dossiers de l’énergie et de l’eau, Reza Uteem a posé la question de savoir qu’elle évolution a connu l’enquête de la police sur les menaces proférées par Showkutally Soodhun à l’encontre de Xavier Duval. Dans sa réponse le ministre mentor, Sir Anerood Jugnauth, a indiqué que pas moins de trois personnes ont porté plainte contre le ministre du Logement et que ce dernier aura à se présenter en Cour le 7 novembre pour répondre d’une accusation de « outrage against depositary of public Authority ». Quant à savoir pourquoi il n’a pas connu le même sort que Raj Dayal, SAJ a répondu que ce dernier était confronté à un cas de corruption.
Le dossier de la drogue a également été évoqué lors du Question Time par le député du ML Ravi Rutnah. Dans sa réponse, le ministre mentor a indiqué que pas moins de l’équivalent de Rs 2 milliards de drogue avaient été saisies depuis le début l’année. Il a profité pour réitérer la détermination du gouvernement à traquer les trafiquants.
Medpoint était aussi à l’agenda de ce mardi. Cette clinique achetée par le gouvernement PTr/MSM/PMSD en décembre 2010 et dont le chèque signé personnellement par le ministre des Finances en faveur de son beau-frère Krishna Malhotra lui a valu des péripéties judiciaires qui ne sont pas encore terminées. A une question de Ravi Ramano, le ministre de la Santé, Anwar Husnoo, a révélé que l’Etat paie Rs 500 000 par an pour la sécurité de ce site resté inutilisé depuis des lustres alors que le projet de sa conversion en centre pour le traitement du cancer va coûter jusqu’à Rs 200 millions. Rappelons que l’Etat a acheté cette clinique pour Rs 144 millions, bien qu’une évaluation initiale chiffrait sa valeur à seulement Rs 75 millions.
Le reste de la séance a été consacré aux débats et au vote du National Employment Bill présenté par le ministre Soodesh Callychurn. Plusieurs intervenants de l’opposition, à l’instar de Reza Uteem qui a émis des réserves sur l’efficacité de la nouvelle structure, alors que Sangeet Fowdar lui-même, un ancien ministre de la Formation, a estimé qu’il faut plus de contrôle sur les budgets accordés au privé et qu’il faut introduire un programme pour mesurer son efficacité. Soodesh Rughoobur a abondé dans le même sens tout en plaidant pour une politique bien plus efficace en terme de formation.

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