Lutchmeenaraidoo doit briser le silence

En abandonnant le portefeuille du ministère des Affaires étrangères ainsi que son siège de parlementaire à l’Assemblée nationale, Vishnu Lutchmeenaraidoo a opté pour sa liberté totale et le retour au statut de simple citoyen. Beaucoup dans le pays, et surtout dans l’opposition, souhaitent maintenant qu’il utilise à bon escient cette liberté de parole dont il jouit désormais. Il le doit aussi bien à ceux qui ont voté pour lui dans la circonscription No 7 (Piton/Rivière-du-Rempart) qu’à tous ceux ayant voté pour l’Alliance Lepep parce que sir Anerood Jugnauth et lui avaient été présentés comme le duo devant rééditer le miracle économique des années 80’ et 90’. Il n’a pas le droit de garder le silence, de tourner la page sur une mandature qui, pour ce que lui concerne, s’est avérée être un accident de parcours. Il est de son devoir d’aider ses mandants à faire le deuil de son départ. Il doit ouvrir son cœur, même si par la suite, il devait retourner dans sa caverne, comme il aime l’affirmer, ou quitter Maurice pour s’installer à l’étranger, comme l’affirment ses détracteurs.

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Son “enough is enough” est loin d’être suffisant. On comprendrait qu’il attende le retour du Premier ministre et du ministre mentor, qui sont attendus au pays respectivement dimanche et lundi, l’un en provenance de Grande-Bretagne et l’autre, de l’Inde. Dans les milieux proches du PMO, on n’hésite pas à affirmer que Vishnu Lutchmeenaraidoo est parti « par peur de faire face au Premier ministre » après les propos tenus en présence du président malgache. La question, aujourd’hui, est de savoir si le Premier ministre avait décidé de prendre des sanctions contre l’ex-ministre des Affaires étrangères. Est-ce qu’un limogeage avait été envisagé ? Toujours est-il que certains observateurs ont constaté que l’ex-ministre des Affaires étrangères était d’humeur morose depuis la réunion du Conseil des ministres la semaine dernière, même s’il affichait un grand sourire durant ses sorties publiques et privées. Sa décision a donc été un secret bien gardé. Il est parvenu à prendre tout le monde par surprise jeudi. Le retour du Premier ministre demain est attendu avec beaucoup d’impatience. On s’attend à ce qu’il envoie un signal fort afin de prévenir le risque que d’autres membres de son parti ou du gouvernement profitent de la situation pour faire du chantage en menaçant de démissionner.

Le Premier ministre a désormais le choix entre l’organisation d’une élection partielle dans les limites des 240 jours prévues par la loi et la dissolution du Parlement, afin d’aller directement vers les élections générales au plus vite. Tout dépendra des tractations politiques, qui battent leur plein en ce moment, et dans lesquelles sont engagés les principaux partis politiques, malgré les déclarations officielles. C’est la raison pour laquelle les observateurs politiques seront très attentifs aux propos et au “body language” des uns et des autres au Parlement. Un leader politique nous confiait cette semaine que cette dernière session parlementaire sera « très difficile » parce que les uns et les autres, dans l’opposition comme dans le gouvernement, essaieront de se positionner en vue des élections. Certains avancent aussi que la situation politique s’éclaircira avant le meeting du 1er mai.

Saluons pour finir la décision du Conseil des ministres d’observer deux minutes de silence en mémoire de toutes les victimes de Christchurch, y compris du défunt Moosid Mohamedhosen. Ce serait formidable si le Parlement, voire le pays entier, pouvait en faire de même. À chaque fois qu’il y a eu un Mauricien victime du terrorisme, le pays lui aura rendu un hommage national, que ce soit à travers une cérémonie religieuse ou toute autre manifestation. La façon dont s’est comportée la Première ministre néozélandais, Jacinda Ardern, a pour sa part été exemplaire. Elle a réussi avec succès à maintenir l’unité dans la population dans le respect des religions et de l’appartenance de tout un chacun. Maurice a certainement des leçons à apprendre.

Jean Marc Poché

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