LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT — BoM : inspection spécialisée au siège des institutions financières

La Banque de Maurice (BoM) se lancera bientôt dans un exercice d’inspection spécialisée des institutions financières en vue de déterminer si les normes en matières de lutte contre le blanchiment de capitaux sont bien appliquées par ces dernières. C’est ce qu’a annoncé le gouverneur de la banque centrale, Ramesh Basant Roi, lors de son intervention au forum du Club des Dirigeants des Banques et des Établissements de Crédit d’Afrique francophone tenu à l’hôtel Westin, Balaclava.
La BoM, a indiqué Ramesh basant Roi, a renforcé sa capacité de supervision pour adopter une approche plus axée sur le risque dans le secteur bancaire et autres institutions tombant sous sa juridiction. Pour le gouverneur, des règles robustes de lutte contre le blanchiment de capitaux et de gestion efficace des risques associés aux personnes politiquement exposées sont des éléments importants d’un régime réglementaire sain. « Ceux-ci sont généralement complétés par un système solide de gouvernance d’entreprise et par des mesures visant à stimuler une culture d’intégrité dans les banques », a-t-il déclaré avant de rappeler que la BoM a parcouru un long chemin dans le but de lutter contre le blanchiment d’argent. La banque centrale, a poursuivi Ramesh Basant Roi, a aligné ses directives concernant la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement d’activités terroristes ainsi que ses « guidelines » de bonne gouvernance d’entreprise sur les meilleures pratiques internationales. De plus, a-t-il indiqué, la BoM a depuis 2016 institué une équipe dédiée pour faire le suivi de toutes les questions relatives à la lutte contre le blanchiment. C’est cette équipe qui mènera sur place l’inspection des institutions financières concernées.
Évoquant, au début de son intervention, les risques que représente la cybercriminalité pour la stabilité financière d’un pays, Ramesh Basant Roi a fait ressortir que lorsque tout est connecté, tout le monde est vulnérable. « The more banks, like individuals, are plugged to the global information grid, the more vulnerable they become to criminals familiar with the underlying technologies », a-t-il prévenu. Pour le gouverneur, le secteur financier est une cible attrayante pour les cybercriminels d’autant plus qu’ils peuvent accéder aux systèmes de base des institutions financières, même en opérant dans des endroits les plus retirés. Les systèmes de paiement reposent de plus en plus sur des plateformes informatiques sophistiquées pour le règlement des transactions. « Les risques systémiques sont très présents, avec une perte de confiance potentielle du grand public en cas de problème avec les systèmes de paiement. Ces risques constituent une véritable menace pour le fondement même d’une institution financière et pour la stabilité financière en général », a souligné Ramesh Basant Roi. Ce dernier a soutenu que la prévention des cyberattaques est un défi constant et pour les banquiers et pour les autorités régulatrices.
Le gouverneur de la banque centrale a fait état des transformations importantes qu’a connues et que connaît encore le secteur bancaire dans le sillage de la politique de déréglementation du secteur financier dans les années 80, des crises financières passées et récentes et des progrès enregistrés au niveau de la technologie. Les changements de paradigme qui ont secoué le paysage financier mondial ont obligé les autorités régulatrices à venir de l’avant avec un nouvel arsenal de règles et d’instrument de supervision. Les règles de surveillance sont elles-mêmes remises à jour afin de répondre aux nouvelles exigences de l’activité bancaire. Ramesh Basant Roi a fait mention des activités multi-facettes et très complexes des banques qui échappent au contrôle des régulateurs. Ces derniers se retrouvent devant une urgence d’élaborer des règles comme garde-fou à l’appétit croissant des banques en matière de prise de risque et aussi pour se donner les moyens de détection et de contrôle rigoureux des actions des banques.
Mention a été aussi faite du développement des opérations transfrontalières des banques, notamment au niveau du continent africain. « Les défis posés par ce développement sont devenus plus redoutables », a fait comprendre le gouverneur. Bon nombre d’activités transfrontalières sont menées par des filiales bancaires capitalisées séparément mais il y a la crainte d’une transmission contagieuse d’une crise subie par la filiale à sa maison mère. Ramesh Basant Roi a appelé à mettre en place une structure régionale solide pour prévenir voire résoudre tout crise qui pourrait découler de ces opérations transfrontalières.
Par ailleurs, le gouverneur n’a pas manqué de faire allusion encore une fois à l’affaire BAI alors qu’il évoquait l’importance systémique des banques dans les activités de financement des groupes auxquels elles appartiennent. « The Bank is more determined than ever to end such malfeasance », a-t-il dit en indiquant les changements apportés aux textes de loi pour donner des pouvoirs à la BoM afin d’assurer une « effective conglomerate and consolidated supervision ». La BoM est désormais habilitée à demander des informations d’une institution financière pour la conduite d’une analyse en profondeur de ses opérations et ce pour des besoins de stabilité financière. D’autres mesures sont envisagées pour arriver à une surveillance des activités de l’ensemble d’un conglomérat.

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