MADAGASCAR : La réconciliation et le pardon mutuel feront jaillir de nouvelles perspectives, selon Mgr Ian Ernest

Dans un message adressé aux diocèses anglicans de Madagascar à l’occasion de la Fête nationale de ce pays, célébrée vendredi dernier, Mgr Ian Ernest, l’archevêque de la Province de l’océan Indien, insiste sur la nécessité d’une « volonté politique et sociale » pour concrétiser le rêve du peuple malgache, soit la réconciliation nationale. « Vibrer d’un esprit de réconciliation et de pardon mutuel fera jaillir de nouvelles perspectives », dit Mgr Ernest, qui ajoute que ce désir de la population devrait aussi concerner l’ensemble des pays de la région.
Les Malgaches ont célébré vendredi dernier le 56e anniversaire de l’indépendance de leur pays. L’évêque du diocèse anglican à Maurice, qui est aussi archevêque de la Province anglicane de l’océan Indien, s’associe à cet événement et porte dans son coeur le souhait des Malgaches. Ces derniers rêvent en effet d’une population unie pour remettre le pays sur les rails du développement. « Je souhaite qu’une ère nouvelle se manifeste par une volonté politique et sociale de traduire concrètement le rêve légitime de tout un peuple. Ce désir si bien orchestré aboutira à la construction d’une société plus juste et équitable en vue d’un développement durable », dit Mgr Ian Ernest dans ce message envoyé au clergé et aux fidèles des diocèses d’Antananarivo, de Mahajanga, de Fianarantsoa, de Toamasina, d’Antsiranana et de Tuléar. Selon l’archevêque de l’océan Indien, la Grande ÃŽle possède un « potentiel riche et palpable » pour devenir la plaque tournante de l’océan Indien, mais le pays n’arrive toujours pas à maintenir les conditions nécessaires pour y arriver. Néanmoins, le chef de l’Église anglicane de la région ne perd pas espoir que le peuple malgache « par la grâce de Dieu saura relever les défis et les difficultés qui s’érigent comme des barrières freinant la marche vers le progrès ».
Mais il faudrait, ajoute Mgr Ernest, que les dirigeants politiques aient « le courage d’ouvrir une route qui conduirait tout un peuple vers un esprit de réconciliation nationale ». Il poursuit : « Ces dernières années, de la rancoeur a endurci les coeurs vu le nombre de heurts et de souffrances que tout un chacun a vécu. Il est temps, en cette célébration, que toutes les composantes de la nation malgache se décident à regarder dans la même direction pour arriver à ouvrir les portes du bonheur et de la joie de vivre pour chaque citoyen. » Mgr Ernest souligne aussi l’importance de la solidarité des pays voisins et pense que les dirigeants politiques de la région devraient apporter leur soutien à ce combat du peuple malgache vers la réconciliation nationale. « Le parcours de la nation malgache nous interpelle (…) Nous, qui sommes des îles avoisinantes, prions avec ardeur pour que ceci se réalise. »
Mgr Ernest, qui rentre d’une mission dans la Grande Île, confie au Mauricien avoir constaté « une certaine détresse » sur le visage des Malgaches et qu’il y a aussi « une tension très palpable » au sein de la population. « Les rumeurs véhiculent un sentiment d’inquiétude sur l’avenir du pays. Il y a un manque de volonté politique en ce qu’il s’agit de la réconciliation nationale. » Il souligne à cet effet l’initiative du Conseil Œcuménique des Églises Chrétiennes à Madagascar en faveur de la réconciliation nationale en organisant un espace de dialogue entre anciens gouvernants de la République de Madagascar. « Malheureusement, cette démarche n’a pas été suffisamment comprise. C’est dommage parce que l’Église est une interlocutrice valable dans le fonctionnement de la société malgache. Il ne faut pas voir l’Église comme une cellule à part de la société. Certes, elle a sa spécificité et ne doit pas s’ingérer dans la gestion du pays, mais elle est partie prenante de la construction de la société », soutient Mgr Ian Ernest. À noter que l’Évêque de Maurice a célébré hier ses 30 ans de prêtrise.

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