MANIÈRE(S) DE VIVRE : En un beau dimanche ordinaire…

PIPOL

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C’était dimanche dernier. Nous pensions faire un peu la grasse matinée, mais notre voisin qui construit une extension à sa maison, avait décidé, dès 6h30 du matin, de poursuivre ses travaux et a ainsi réveillé tous ses voisins. Il y a sûrement une loi contre ça mais elle ne serait jamais appliquée.
Un peu plus tard, je suis allé acheter une baguette à l’ancienne, quelques fruits et le journal. Quand je me suis garé sur le parking du supermarché, qui venait juste d’ouvrir ses portes, je manque, en descendant de ma voiture, de me faire écraser par une autre qui est venue se garer “à fond” juste à côté de moi. Le chauffeur me jette un regard noir et descend de sa voiture sans un mot d’excuse.
Mes courses faites, je suis allé à la caisse et j’ai remis bien en place le panier que le client précédent a juste posé par terre n’importe comment. Le client devant moi paie ses courses, empoche sa monnaie et ne répond même pas à l’« au-revoir et bonne journée » de la caissière.
En sortant du supermarché, je me retrouve derrière un autobus qui roule à vive allure. Il s’oriente vers un arrêt et démarre ensuite en trombe avant même qu’un vieux monsieur, qui descendait du bus, ait eu le temps de bien poser ses deux pieds sur le sol et de lâcher la portière qu’il tenait pour l’aider à descendre. Le vieux monsieur perd l’équilibre et tombe pendant que le bus démarre sur des chapeaux de roues.
Pensant que ce n’est pas trop normal, je poursuis le bus. Ce n’est pas facile car il roule dans le village, bien au-dessus de la limite de vitesse autorisée. Au prochain arrêt, je m’arrête à sa hauteur et lui demande s’il sait qu’un de ses passagers est tombé à l’arrêt précédent. Le chauffeur et le receveur me disent en deux mots d’aller me faire voir ailleurs.
Ayant bloqué la circulation pour avertir le chauffard, je me fais alors copieusement insulter par les conducteurs des voitures devant et derrière moi. Je ne comprends pas trop leur attitude.

À la maison, ma femme et moi avons pris un bon petit-déjeuner : des œufs brouillés avec un petit peu de parmesan, des toasts, un jus d’orange et un bon café. Après le petit-déjeuner, pendant que ma femme bouquinait un peu, j’ai lu le journal. En fait, c’est bizarre, mais il n’y a eu “que” quatre tués sur les routes récemment. Bien sûr, il y a eu des enfants abusés, des vieillards agressés et tués, parricide et infanticide, etc. mais rien de bien spécial, la routine quoi ! Je n’ai pas lu les articles concernant la politique locale et la drogue, ne voulant pas trop déprimer dès le matin.
Vers midi, nous sommes allés à la plage. L’eau était merveilleuse. J’ai essayé de fermer un peu les yeux car c’est le seul jour de la semaine où on peut se relaxer mais ce n’était pas possible car le marchand de glaces joue sa musique à fond depuis 30 minutes. C’est bizarre qu’il n’y ait pas de loi contre ça ! En tout cas, si elle existe elle n’est pas appliquée. Il arrête enfin; je m’endors cinq minutes, mais suis bientôt réveillé par le conteneur de “take-away” que mon voisin a laissé sur la plage et qui, poussé par le vent, vient chatouiller mon visage. Je me disais bien que je sentais une odeur de biryani !
Vers 16 heures, mon épouse et moi sommes allés faire une marche dans les chemins de canne avec nos chiens. Un champ de canne sur deux fait office de poubelle pour les vieux matériaux de construction. On y voit même de vieux frigos, des fours, des canapés. Pas très joli tout ça, mais ça fait partie du paysage de notre île maintenant.
Nous sommes rentrés à la maison au coucher du soleil. Nous avons voulu écouter un peu de musique classique mais ce n’était pas possible; comme on n’habite pas loin d’une plaine de foot, les cris et les jurons nous en empêchèrent. Les proches habitants de notre quartier ont souvent contacté le Village Council, le District Council et les ministères concernés pour mettre en place quelques règlements, mais le chaos est tellement plus facile à gérer; personne ne doit s’en occuper; tandis que s’il y a des règlements, il faut quelqu’un pour veiller à ce qu’ils soient respectés. Donc le chaos est de loin préférable…
En plus, trois ou quatre motards faisaient pétarader leurs échappements libres sans arrêt pendant une heure. On a téléphoné à la police mais, malgré sa promesse d’intervenir, personne n’est venu.
Vers 21h15, le bruit a enfin cessé. On a enfin pu dîner. Ma femme avait préparé des pâtes avec un peu de crème et de marlin fumé. C’était vraiment bon.
On reprend tôt le travail demain. Il faut maintenant aller se coucher. Quel beau dimanche ordinaire !

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