Mesures sur la vente de psychotropes : Certains pharmaciens ont du mal à avaler la pilule

“On n’a aucun problème avec le ministère, nous décrions juste sa manière d’opérer et la façon dont on nous a imposé ces mesures sans nous avoir consultés.” Le regroupement des pharmaciens, propriétaires et non-propriétaires de pharmacie s’est fait dans le calme pour exprimer leur désaccord quant aux nouvelles mesures mises en place par le ministère de la Santé pour la vente des psychotropes. Ils comptent rédiger une pétition pour l’envoyer bientôt aux autorités concernées. Aussi, une première rencontre a eu lieu en semaine entre leur avocat et les officiers de la Santé.

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Ils étaient nombreux à s’être déplacés, hier, à la municipalité de Vacoas pour une première réunion dans le dialogue sur les nouvelles mesures prises par le ministère de la Santé. Tout a commencé le 30 avril avec l’émission d’un communiqué par le ministère de la Santé, où fi gurent plusieurs règlements qui prendront effet à partir du 1er juin. Des règlements visant, notamment, au renforcement du contrôle de la vente de psychotropes dans les pharmacies. Un carnet de mesures s’alignant sur les dispositions de la Dangerous Drug Act.

Ainsi, avec ces nouveaux réglements, les pharmacies n’auront droit qu’à quatre livraisons par mois de psychotropes, alors qu’elles avaient auparavant le droit de commander et de se faire livrer ces psychotropes à n’importe quel moment du mois. Une mesure que conteste le regroupement des pharmaciens, propriétaires et non-propriétaires de pharmacie. “Dans la pratique, cela est quasiment impossible. Quatre livraisons uniquement ne sont pas assez. Pour les autorités, l’on prescrit des psychotropes pour un mois et donc une livraison devrait suffire, sauf que cela ne fonctionne pas comme ça”, s’insurge Chetan Dookun, propriétaire de pharmacie.

Pour ce qui est de la réception de ces psychotropes – qui sont considérés comme des dangerous drugs et sont utilisés par de nombreux malades —, il incombe désormais uniquement aux pharmaciens de le faire.

70% des pharmaciens ne sont pas propriétaires

Les propriétaires des pharmacies, dont 70% ne sont pas eux-mêmes des pharmaciens, ne pourront pas le faire. “Si l’on comprend bien, le pharmacien, qui doit normalement travailler huit heures par jour, devra rester jusqu’à la livraison de ces produits qui se fait souvent très tard. Pas tous les pharmaciens sont des propriétaires de pharmacie. Ils sont des employés qui travaillent à des heures fi xes et leur imposer de tels horaires est contraire à la loi du travail”, dit Siddique Khodabaccus, président de la Small and Medium Pharmaceutical Importers Association. Il soutient que cette loi semble n’être applicable qu’aux gens du privé car dans tous les dispensaires du pays, “ces psychotropes ne sont pas réquisitionnés et livrés par des pharmaciens.” Une politique de deux poids deux mesures qu’il dénonce. Autre mesure de la discorde: les pharmaciens devront obligatoirement, à compter du 1er juin, faire estampiller leurs requisition forms par le ministère de la Santé. Une requisition form qui devra contenir de nombreux détails tels que le nom de la pharmacie, le nom et la signature du pharmacien en service et son numéro de téléphone, ainsi que le sceau du ministère. “Encore une fois, dans la pratique, cela semble très diffi cile. Nous avons des pharmacies dans les quatre coins de l’île qui doivent tous les mois envoyer une personne pour faire estampiller deux réquisition forms.

Le principe est correct mais dans la pratique, ce n’est pas possible”, dit maitre Beeharry, lui aussi présent lors de la réunion. Il confirme avoir eu une première rencontre avec le PS du ministère de la Santé durant la semaine et que le dialogue est ouvert. Le point fondamental dans ce contentieux entre ministère de la Santé et pharmaciens contestataires demeure le manque de dialogue. Ils dénoncent le manque de consultation et de concertation pour une telle décision et avancent que la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM) ne représente pas tous les acteurs du secteur et qu’il aurait fallu contacter tout le monde avant d’émettre ce communiqué. C’est ce que soutient Siddique Khodabaccus.

“On n’a pas appelé tous les stakeholders pour avoir ni leurs opinions ni leurs réactions”, déclare-t-il. Et ajoute “on est là pour collaborer mais de façon correcte.” Les pharmaciens demandent une rencontre pour travailler sur de nouvelles mesures afin d’aller dans la bonne direction dans la lutte contre la drogue et les mauvaises pratiques dans le métier.

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