Métro et nouvelles lois

Le métro léger occupe une place de plus en plus importante dans la vie des habitants des cinq villes qui auront le privilège d’abriter son itinéraire. Mais, de manière générale, la construction de ce moyen de transport, censé régler le problème des embouteillages dans les villes, provoque une série de dysfonctionnements, de ralentissements, de diversions, de réparations et de ratés. C’est ainsi qu’à Rose-Hill une équipe de bâtisseurs a percé un tuyau de tout-à-l’égout dont le contenu s’est répandu sur la route avant d’être dévié dans une rivière à côté du CEB. Certains disent même qu’une partie du contenu du tuyau de tout-à-l’égout se serait mélangé à celui de la CWA. Il paraît que les habitants de Beau-Bassin se sont félicités, pour cette fois, qu’il n’y ait pas d’eau dans leurs robinets ! Par contre, l’odeur s’exhalant du tuyau de tout-à-l’égout a envahi les bureaux du CEB et des environs, alors que les différentes autorités engagées dans la construction du métro refusent de prendre la responsabilité de l’incident et se renvoient la balle. Les autobus sont déviés dans des ruelles où deux voitures ont de la peine à se croiser et la poussière est devenue une constante dans la vie des habitants dont les rues ont été transformées en « déviations. » Quand les constructions seront — enfin — terminées, il faudra réparer toutes les routes et rues de nos villes qui auront été détournées. Vu l’ampleur des travaux, il faudrait peut-être, déjà, songer à solliciter un autre prêt sans intérêt de l’Inde pour pouvoir les financer.

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Au fur et à mesure que les travaux se déroulent, on découvre à quel point cet immense chantier souffre d’un manque de planification qui ressemble à de l’amateurisme. Les routes/rues sont ouvertes, fermées et déviées sans que les habitants des quartiers et usagers de la route en soient avertis. Il arrive souvent qu’un habitant des régions concernées par les travaux ne puisse sortir de sa cour ou y entrer, parce que dans la nuit sa rue a été fermée et au des travailleurs ont commencé à y creuser des tranchées. L’information circule au compte-gouttes et il semble de plus en plus évident que les différentes équipes ne communiquent pas entre elles. A la poussière s’ajoute aussi le bruit des moteurs des engins de construction, et l’on se demande bien pourquoi, au milieu de la nuit et les voix des travailleurs qui s’interpellent haut et fort. Il faut encore ajouter la multiplication des embouteillages. Depuis la fermeture de la route Vandermeersh à Beau-Bassin, tout le gros du transport des habitants des faubourgs de cette ville doit passer par la route Royale de Rose-Hill et Ebène avant d’accéder à l’autoroute. Les voitures roulent roue contre roue dans un embouteillage qui commence dès le coeur de la ville de Beau-Bassin pour se terminer à Réduit. Le même embouteillage se répète quotidiennement dans les autres villes où l’on construit les voies du métro léger. Et pis encore, les automobilistes doivent subir ces embouteillages en tenant leur volant avec les deux mains, dans la position dite de 9 heures 15, pour respecter la nouvelle loi.

En parlant de loi, il paraît que celle dite de zéro tolérance sur l’alcool porte ses fruits. Il faut rappeler que cette loi a été votée pour remplacer une autre loi qui avait, elle aussi, commencé à donner de bons résultats. Souvenez-vous : vers la fin de son mandat, l’ancien gouvernement avait fait voter une loi pour contrôler la vitesse sur les routes à l’aide de caméras et du permis à points. Si, au départ, la mesure fut décriée, au fur et à mesure les Mauriciens ont été contraints de respecter la loi pour ne pas payer des amendes ou perdre des points sur leur permis de conduire. Après quelques mois, tous les automobilistes avaient intégré le concept et levé le pied sur l’accélérateur. Mais pendant la campagne électorale de 2014, Xavier-Luc Duval, qui n’en est pas à une promesse démagogique et populiste près, promit qu’en cas de victoire de Lalians Lepep le permis à points serait aboli. Comme tous les candidats de Lalians Lepep il pensait que c’était une promesse en l’air qui ne serait jamais réalisée. Mais les électeurs ayant décidé de se débarrasser de l’ancien régime, le nouveau gouvernement fut obligé de tenir la promesse démagogique et d’annuler une pratique qui avait fait ses preuves. En dépit de leur sévérité, les nouvelles mesures sur l’alcool au volant semblent donner des résultats, et les bars et restaurants enregistrent une baisse considérable de leur chiffre d’affaires. Espérons que pour tenter de remporter les prochaines élections, aucun parti ne fera de promesses démagogiques et populistes, comme le fit le leader du PMSD en 2014.

Jean-Claude Antoine

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