Metro Express : Barkly, La-Butte et Richelieu dans l’expectative

Un peu plus de six mois après la confrontation de certains habitants de La-Butte et de Résidences Barkly avec les autorités, qui avaient pour cause la démolition des maisons se situant sur le tracé du Metro Express, ces habitants se disent toujours dans l’expectative, voire opposés au projet. D’autre part, à Richelieu, où des travaux sont en cours pour l’installation du dépôt du Metro Express destiné aux « light rails vehicles », cet évènement est perçu, par les résidents de la cité, comme « un facteur de division qui risque de favoriser le développement d’un village à deux vitesses ».

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« Ziska prezan nou pa kone ki pou ariv nou lakaz ki pa solid ditou », disent des résidents de Barkly. Inquiétude et défiance : ce sont les sentiments qui dominent dans les propos de ces derniers, alors que les travaux dans le cadre du projet Metro Express ont démarré dans leur localité. Les bulldozers font déjà leur oeuvre de destruction sur une bonne partie du pâté de maisons et sur les murs jouxtant l’autoroute. « Ils viendront tôt ou tard raser ma maison ou, si Dieu le veut, uniquement le mur et  le portail », nous confie Sunita, une dame âgée qui mélangeait, au moment où on l’interrogeait, des ingrédients pour la confection de gâteaux piment. « Pa pou ena plas pou vann gato kan pou kraze la », se désespère-t-elle. Plus loin, d’autres vitupèrent les autorités pour n’avoir rien fait « afin de rectifier le tir en ce qui concerne leur manque de communication ». Paul, qui dit avoir était au premier plan, lors de la confroutation avec les policiers, au mois de septembre l’an dernier, fait ressortir que « jusqu’à présent, personne n’a daigné venir nous présenter un plan du projet concernant la chaussée, l’installation de la voie ferrée et sa ligne aérienne ». Son un ton radouci, il ajoute : “Ils auraient dû venir avec des arguments solides et montrer aux habitants qu’ils n’allaient pas se faire avoir dans cette histoire et, en amont, leur laisser le temps de se préparer à affronter cette réalité. »

En prévision du changement de configuration de la route, piétons, cyclistes, motocyclistes, automobilistes et bus devront partager l’espace public avec le Metro Express. A cet effet, certains habitants de Barkly attendent toujours d’avoir des détails concernant la restructuration et les nouvelles règles pour savoir comment se comporter sur les routes, où même sur la rue.

A La-Butte certains habitants se demandent même s’il ne faudrait pas définitivement quitter l’endroit. Selon eux, rien n’a été fait pour qu’ils puissent avoir un minimum de compensation financière. Cependant, ils ne sont pas tous farouchement contre le projet Metro Express. Par nombreux, certes, ils disent que c’est un pas vers le progrès que fait le pays. C’est le cas de Myriam, 50 ans. Cette résidente de Barkly se dit fière que son quartier fasse partie de « la destination Metro. Fodre nou trouv solision, fodre nou pran li kouma enn etap dan devlopman nou site », dit cette femme au foyer. Même son de cloche pour un habitant de La-Butte, pour qui « beaucoup de Mauriciens se rendront compte, en 2019, que le Metro sera essentiel dans le décongestionnement du secteur routier ».

A Richelieu, plus précisément dans le quartier résidentiel, les habitants, tout en soulignant « ne pas être contre le Metro Express » jugent qu’il aurait été « plus judicieux de privilégier le développement de la cité, comme la construction de drains, avant d’inclure un quelconque projet d’envergure ». Pour eux, c’est le projet pourrait être « un facteur de division qui risque de favoriser le développement d’un village à deux vitesses ». « Construisez-nous des drains avant d’inclure ce projet » Et ceux qui vivent dans des bicoques en tôle disent connaître beaucoup de désagréments en temps de pluie et qui de ce village l’un des endroits où le problème du drainage est le plus aigu. « Des eaux ruisselantes inondent ma cour et ma maison et abîment mes meubles », renaude une de nos interlocutrices. Un autre riverain formule de sévères critiques contre les élus de la circonscription : « Nous avons, en mainte occasion, sollicité le ministre Alain Wong pour obtenir la construction de drains adéquats, mais il a complètement disparu de la circulation. » Les travaux préliminaires pour le Metro Express ne vont pas uniquement concerner la partie destinée aux « light rails vehicles. » Certains habitants vivant juste en face d’un terrain en friche où il y aurait, selon eux, « une prolifération de moustiques depuis plusieurs années », nous ont alertés sur la construction prochaine, sur ce site, d’un system de captage au sol d’alimentation électrique pour le Metro.

D’où leur mécontentement : « Ena bann dimoun inn vinn pren mezir lot fwa san ki nou finn gagn kitt informasion lor la », s’insurge une dame. Sa mère qui se tenait juste à côté d’elle abonde dans le même sens : « Ki pou arive la ; nou pou bizin fer face ar buldozer, kamyon, labou e ki pou ariv mo vie lacaz. Kott sa bann dimounn nou ti mett lakrwa lor zott nom-la. » Face à cette situation, le ton risque de se hausser dans les semaines à venir. Il y a, en effet, une bonne fraction des habitants qui pointe du doigt (ou devrait dire du poing) le gouvernement « pour ses fausses promesses » en ce concerne le recrutement de main-d’œuvre parmi les gens de Richelieu pour travailler sur le site du Metro Express. « Ce ne sont que de beaux parleurs », clame un jeune homme assis sous la devanture d’une tabagie.

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