MEURTRE AU LEGENDS: Retour à la case départ

Après plus de sept semaines de procès, les deux employés de l’ex-hôtel Legends de Grand’Gaube, Avinash Treebhowoon et Sandip Mooneea, ont été acquittés à l’unanimité dans le procès instruit aux Assises en vue de faire la lumière sur le meurtre de l’Irlandaise Michaela McAreavey, née Harte. Le crime avait été commis dans la chambre 1025 de cet établissement hôtelier le 10 janvier 2011. Le rideau est tombé, jeudi, à 18h30. Un verdict qui a suscité des réactions diverses avec les proches et amis des deux employés d’hôtel cachant difficilement leur joie devant ce dénouement, et provoquant la stupéfaction , pour ne pas dire la colère du côté des proches de la victime, venue à Maurice pour sa lune de miel. Tout compte fait, depuis jeudi en début de soirée, l’enquête sur ce meurtre avec des répercussions non-négligeables sur le plan international pour Maurice effectue un retour à la case départ.
Pressentant les retombées de ce dénouement, le gouvernement a cru nécessaire de prendre les devants en faisant publier vendredi un communiqué confirmant que les autorités n’écartent aucune option car il n’est pas question de « laisser un crime aussi odieux impuni. » Ce communiqué fait suite aux délibérations du conseil des ministres de vendredi et d’une séance de travail de haut niveau aux Police Headquarters, présidée par le commissaire de police, Dhun Iswur Rampersad, avec ses principaux collaborateurs, sur le déroulement de cette enquête.
Alors que dans le camp de la défense, les méthodes de la Major Crime Investigation Team (MCIT) sont décriées et présentées comme étant le talon d’Achille de ce High Profile Case, l’Establishment indique à peine à demi-mots qu’il faut davantage se pencher du côté de la formule du jury que de jeter l’opprobre sur des officiers de police. Le débat devra être porté à l’Assemblée nationale avec le député du MMM, Veda Baloomoody, déposant dès la fin de la semaine une interpellation adressée au PM Navin Ramgoolam, réclamant le démantèlement de la MCIT.
A  l’annonce du verdict unanime communiqué au juge-président Pritviraj Feckna après à peine deux heures de délibérations, les épouses et les proches des deux accusés acquittés ont éclaté en larmes. L’enceinte de la Cour suprême a également été témoin de scènes de joie et d’exubération contrastant avec la mesure de la déception qui se lisait sur le visage de John McAreavey, l’époux de la victime, dont le calvaire entamée le 10 janvier 2011 ne fait que se poursuivre. Accompagné des membres de sa famille ayant fait le déplacement à Maurice, il s’est retiré discrètement de la salle d’audience.
Du côté des avocats de la défense, l’euphorie est à con comble même si Me Rama Valayden se dit triste pour les familles Mc Areavey et Harte. Les avocats de la défense demandent la réouverture de l’enquête en vue de »trouver les vrais coupables. » Aveenash Treebhowoon et Sandip Mooneea retrouvent leurs proches après 18 mois de détention provisoire et peuvent rentrer à leurs domiciles librement. »Nou inosan. Tulétan, nou ti dir nou inosan », devaient-ils rappeler aux journalistes présents.
Dès lors, le débat est lancé et la polémique s’enfle quant à la responsabilité des limiers de la MCIT. Le Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Me Satyajit Boolell,Senior Counsel, concède être déçu du dénouement. »Je suis  amèrement déçu du verdict mais je respecte néanmoins la décision du jury. Nous avons fait notre travail avec professionnalisme et intégrité. Peut-être qu’à l’avenir, les séances d’interrogatoire devront être filmées », déclare-t-il dans une première réaction à chaud jeudi soir.
Par ailleurs, le DPP rejette en bloc les accusations gratuites formulées à l’encontre de la police. « L’on ne peut tout simplement pas rejeter l’enquête de la police. Le dossier du ministère public était basé sur la confession enregistrée en présence de l’avocat de l’accusé. I wish I was told the reason that motivated the members of the jury to reach the verdict that they did and I wish that not only for myself, but for the McAreavey and Harte family », a-t-il ajouté.
Mais ce n’était nullement suffisant pour calmer le déchaînement d’ardeurs des Irlandais. Dans une déclaration à la presse étrangère peu de temps après – présente à Maurice tout au long du procès –, la famille McAreavey laisse voir son desarroi et son sentiment de dévastation: « After waiting 18 months in search of justice for Michaela and following the endurance of seven harrowing weeks of this trial, there are no words which can describe the sense of devastation and desolation now felt by both families. » En Irlande, la famille a, par voie de communiqué, demandé à la presse de respecter son intimité et a insisté qu’elle ne veuille pas discuter des retombées du procès.
Toutefois, le Premier ministre irlandais, Enda Kendy, est venu remettre en perspective les attentes de l’Irlande dans cette affaire. Entre-temps, un Facebook Group anime une campagne internationale sur le thème « Boycott Mauritius », alors que les missions diplomatiques mauriciennes à l’étranger recevaient en fin de semaine des appels réprobateurs venant de la communauté irlandaise.
« I’m absolutely heartbroken for the family, it’s utter devastation for them and for John Mc Areavey himself. This is just so difficult »,  déclare le PM Irlandais, intervenant lors de l’Asia Pacific Ireland Business Forum en Irlande dont le but est de promouvoir les négociations entre l’Irlande et le marché asiatique.
Reprenant les mots de Navin Ramgoolam selon lesquels « Justice will be done and justice will soon to be done », il devait ajouter: »Clearly it hasn’t been done. For the McAreavey family and for Michaela’s family on behalf of the people, I just want to empathise the depth of their grief and the sense of injusticethat the decision was the way it was. »
De son côté,  Me Dick Ng Sui Wah, assurant un « watching brief » pour les familles Harte et Mc Areavey lors du procès aux Assises, a déclaré à Week-Endque la police irlandaise initiera une enquête à partir des Proceedings aux Assises et de son rapport commandité par la famille. « Les familles Harte et Mc Areavey sont deux familles respectées en Irlande et leurs noms ont été traînés dans la boue durant le procès, surtout quand John Mc Areavey a été accusé à tort », fait-il comprendre.
Au niveau du Prime Minister’s Office (PMO), un communiqué a été émis vendredi. Il est indiqué que le gouvernement mauricien partage la tristesse et l’agonie de la famille Harte et Mc Areavey. Le communiqué fait ressortir que le gouvernement considère toutes les options de réouverture de l’enquête en vue d’amener les auteurs de ce crime odieux devant la justice. 
Pour rappel, Michaela Harte-Mc Areavey était en lune de miel à Maurice après un séjour d’une semaine à Dubayy lorsqu’elle a été étranglée le 10 janvier 2011 dans sa chambre d’hôtel au Legends. Deux employés, à savoir Avinash Treebhowoon et Sandip Mooneea, avaient été arrêtés dans le cadre de ce meurtre.
Avinash Treebhowoon était défendu par Me Sanjeev Teeluckdharry. Sandip Mooneea a retenu les services de Mes Rama Valayden, Rouben Mooroongapillay, Neelkanth Dulloo, Siven Tirvassen et Arassen Kallee. Le ministère public était représenté par Mes Mehdi Manrakhan, Nataraj Muneesamy et Chitra Servansing-Bhuruth

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