MEURTRE DE BASSIN CAHIN : Ayama (79 ans) détient la clef de l’énigme

La Major Crime Investigation Team (MCIT) du tandem composé du chef-inspecteur Luciano Gérard et de l’inspecteur Ranjit Jokhoo abordera ce week-end un tournant décisif dans le meurtre de Mantee Murchoyea, âgée de 53 ans, découpée en treize morceaux  – balancés dans le Bassin Cahin dans la nuit du 23 au 24 février dernier. Les principales pièces de ce puzzle avec en toile de fond une sinistre affaire de sorcellerie et de vengeance devront servir à l’interrogatoire Under Caution de Cathaye Mootien, aussi connue sous le nom d’Ayama, âgée de 79 ans et habitant Chebel. Jusqu’ici, cette suspecte, qui a été appréhendée mercredi après-midi, nie toute participation dans ce crime macabre. En principe, Me Jenny Mooteealoo, dont les services ont été retenus par Ayama, a informé les limiers de la MCIT de sa disponibilité pour cet exercice durant le week-end alors qu’un complice majeur, répondant au nom de Loulou, court toujours. En fin de semaine, un lien conséquent entre les protagonistes, en l’occurrence le « van lekol » immatriculé 690 FB 08 et utilisé lors de cette agression se déroulant en trois étapes, a été placé sous séquestre par la police.
Pendant plusieurs semaines, la première prévenue interpellée et placée en détention policière, Mardaye Kalinghee, âgée de 40 ans, et habitant Morcellement Saint-André, s’était murée dans un silence au sujet de ce crime. Probablement par remords, elle a revu récemment sa position en apportant la confirmation à des bribes d’informations en possession des enquêteurs de la police.  D’ailleurs, sur la base de ces recoupements, la MCIT devait entériner la décision de procéder à l’arrestation de la septuagénaire de Chebel même si une première fois, elle avait été entendue sur son emploi du temps durant la journée du dimanche 23 février. Cathaye Mootien avait pu rentrer chez elle après cet exercice lors de l’étape initiale de l’enquête policière.
Mais la pièce maîtresse établie avec l’interrogatoire de l’habitante de Morcellement Saint-André reste la confirmation des lieux du crime. Jusqu’ici, la MCIT avait écarté la région de Bassin Cahin à Petite-Rivière sur la route de Petit-Verger. Aucun indice n’a été relevé dans les parages pour accréditer cette éventualité. Au fil de l’enquête, la région de Plaine-des-Papayes avait été évoquée. D’ailleurs, au cours du mois d’avril, l’inspecteur Jokhoo et ses hommes avaient effectué une battue dans ce village du Nord sans succès. La raison est que les indices avaient été lavés par les pluies diluviennes.
Dans sa version des faits, Mardaye Kalinghee, présentée comme une proche collaboratrice d’Ayama dans les cas de sorcellerie et des affaires de traiteur, a soutenu que le crime odieux avait été commis à Plaine-des-Papayes avec le cadavre en morceaux placés dans trois sacs en plastique transportés de Plaine-des-Papayes au bassin d’irrigation de Petit-Verger à bord du véhicule saisi par la police hier.
« Kan Loulou ek Léroi ti pe koup lekor-la, mo ti tom san konesans de fwa. Mo pa ti kapav gete », aurait fait comprendre Mardaye Kalinghee  dans la dernière partie de ses révélations fracassantes. Elle aurait indiqué que tout le rituel de sacrifice et sorcelleries aurait été mis en place par Ayama et que l’exécution du plan du meurtre relevait des dénommés Loulou et Léroi. Ce dernier, son vrai nom Prakash Balgobin, âgé de 44 ans, est en détention depuis le 16 avril dernier alors que le dénommé Loulou est activement recherché par la MCIT pour le délit de meurtre avec préméditation.
Maintenant que le lieu du crime a été identifié à Plaine-des-Papayes, la première des priorités sera de retrouver les traces de l’arme du crime, une tronçonneuse selon toute probabilité. Mais le suspect Prakash Balgobin a fait jusqu’ici prévaloir son droit au silence alors que Cathaye Mootien ne sera entendue qu’à partir de ce matin. Mardaye Kalinghee affirme qu’elle n’était pas présente lors de la partie du crime se déroulant dans les parages de Bassin Cahin à la tombée de la nuit du dimanche 23 février dernier.
Avec le scénario du crime se déclinant en trois étapes, soit d’abord dans les parages d’un lieu de culte bien fréquenté dans la région basse des Plaines-Wilhems avant d’emprunter la route reliant Chebel à la Black River Road pour se diriger vers Plaine-des-Papayes pour la deuxième partie du calvaire de Mantee Murchoyea avant l’ultime épreuve du bassin d’irrigation de Petit-Verger, le rôle d’Ayama, de Loulou et de Léroi est considéré par les hommes du chef inspecteur Gérard et de l’inspecteur Jokhoo comme crucial.
La MCIT est à la recherche d’éléments pour combler des Missing Links et combler par là même le tableau. De prime abord, les soupçons de vengeance et de jalousie contre Mantee Murchoyea, qui entretenait des relations extra-conjugales avec un receveur d’autobus, devront être étoffés. Dans les prochains jours, il n’est pas exclu que celui-ci, qui a été interrogé Under Warning en pas moins de deux reprises, pourrait être de nouveau convoqué aux Casernes centrales pour des compléments d’informations sur son entourage familial.
A partir de là, d’importants développements pourraient également intervenir avec un Clearer Picture au sujet de l’intervention d’Ayama, relevant des pratiques de sorcellerie et de magie noire et surtout s’agissant des circonstances du rendez-vous avec la victime le dimanche 23 février dernier. Les dénommés Loulou et Léroi avaient-ils eu des instructions pour enlever Mantee Murchoyea et l’emmener dans les parages de Chebel pour être sacrifiée ?
A cette question, Mardaye Kalinghee n’a pas été en mesure de fournir de réponse précise aux enquêteurs. « Kan li ti vini ek li ti desann depi van lekol-la sa de zom-la ti pe sarye li. Li pa ti pe kapav mem marse. Li ti paret groggy, » aurait-elle soutenu en substance. Lors de la reconstitution des faits de jeudi dernier, elle a indiqué des endroits à l’intérieur du lieu de culte où Ayama aurait pratiqué des « pass ek inn alim kamf et kas koko lor so latet » lors de ce premier volet avant de se rendre à Plaine-des-Papayes.
« Kan nou ti ariv Plaine-des-Papayes ti ankor fer inpe kler », a ajouté Mardaye Kalinghee comme pour se soulager d’un traumatisme qui l’a minée nuit et jour pendant bientôt trois mois.
La confrontation d’Ayama à ces preuves accablantes quant à sa participation à ce meurtre hors du commun à partir de ce matin devra réorienter l’enquête, qui semblait piétiner. En cas de collaboration de la septuagénaire, la MCIT n’aura pas à élucider des zones d’ombre comme les relations entre le quatuor composé de Mardaye Kalinghee, Loulou, Léroi et Ayama, d’une part, et la victime, d’autre part.
Toutefois, les résultats d’une analyse Forensic et ADN des prélèvements du van lekol, se trouvant actuellement aux Casernes centrales devront apporter de nouvelles preuves pour confondre Ayama et les deux autres complices, ceux qui ont manié la tronçonneuse à Plaine-des-Papayes ou encore manipulant les sacs en plastique contenant les treize parties du corps de la victime.
L’enquête policière se poursuit avec un petit détail qui ne devrait pas échapper à tout enquêteur chevronné. Sur le tableau de bord du van immatriculé 690 FB 08 se trouve une édition de l’hebdomadaire La Vie Catholique avec en couverture l’annonce d’un dossier consacré à la violence contre les femmes. Cruelle coïncidence car ce véhicule a été un témoin passif d’un des crimes les plus cruels dans les annales…

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