MEURTRE DE BASSIN CAHIN : Pistes de la vengeance et de la sorcellerie confirmées

Douze semaines après le meurtre atroce de Mantee Murchoyea, âgée de 53 ans – dont le corps a été découpé en 13 morceaux jetés dans le Bassin Cahin, à Petit-Verger, Petite-Rivière –, la Major Crime Investigation Team (MCIT) a élucidé les circonstances macabres de l’affaire. Une troisième arrestation est intervenue hier. Cataye Moothien, aussi connue sous le nom d’Ayama, âgée de 79 ans et habitant Chébel, a en effet été inculpée ce matin devant le tribunal de Bambous pour complicité de meurtre. Mais le tournant décisif dans cette enquête, menée par les hommes du tandem composé du chef inspecteur Gérard et de l’inspecteur Jokhoo, a été la première reconstitution des faits sur le terrain avec la participation de la suspecte, Mardaye Kalinghee, confirmant du même coup la double piste de la vengeance et de la sorcellerie comme mobile de ce crime odieux. Par ailleurs, d’autres développements sont à prévoir dans cette enquête, deux autres complices intéressant la MCIT compte tenu de leur rôle dans la séquence d’événements du 23 février dernier, à Petite-Rivière et dans la région de Chébel.
Cataye Mootien, qui a déjà été entendue par les enquêteurs pour le meurtre de Mantee Murchoyea, a beau nier catégoriquement toute connaissance ou toute participation dans ce crime, elle a passé la nuit en cellule policière avant de comparaître devant le tribunal de Bambous en fin de matinée pour son inculpation et sa reconduction en cellule. L’interrogatoire de cette troisième présumée meurtrière, en présence de son homme de loi, Me Jamsheed Peeroo, est prévu pour la fin de la semaine dans les locaux de la MCIT. Son emploi du temps durant le week-end des 23 et 24 février, de même que ses précédentes explications, sont actuellement passées en revue par les enquêteurs avant qu’elle ne soit confrontée à de nouveaux faits accablants versés dans le dossier à charge.
Ainsi, après avoir longtemps tenté de plaider son innocence dans le meurtre de Mantee Murchoyea, Mardaye Kalinghee, qui a été la première à être appréhendée et détenue dans le cadre de cette enquête, a finalement décidé de faire des révélations. Cette habitante du morcellement St-André a toutefois concentré ses aveux autour de l’aspect de la sorcellerie, faisant clairement ressortir qu’elle n’était pas présente quand la victime a été découpée en morceaux avant d’être jetée dans ce bassin d’irrigation de Petite-Rivière.
Pour la partie initiale du crime, les accusations de Mardaye Kalinghee, en détention provisoire depuis le 7 avril dernier, sont très lourdes pour la septuagénaire, habitant la région de Chébel. D’abord, elle aurait fait comprendre à la MCIT qu’elle ne voyait pas d’un bon oeil les relations extra-conjugales entre le receveur d’autobus et la victime. Les hommes du tandem Gérard/Jokhoo devront établir les raisons de cette animosité de Cataye Mootien à l’encontre de Mantee Murchoyea. Ils auront également à confirmer les relations entre la septuagénaire et l’entourage familial du receveur d’autobus, amant de la victime.
À partir de ce désir de vengeance et ce besoin de « regle so komp », un complot avait été ourdi pour éliminer la victime. De par les informations disponibles de sources officieuses, l’habitante de Chébel et la victime, intéressée par des affaires de sorcellerie, devaient se connaître. Toutefois, à ce stade de l’enquête, Cataye Mootien maintient ne pas connaître Mantee Murchoyea, en attendant que des preuves formelles ne soient apportées.
En cette fin de semaine, la version des faits de Mardaye Kalinghee permet à la MCIT de démêler l’écheveau de ce crime. Dans la matinée, cette suspecte a mené une escouade d’enquêteurs, sous la direction de l’inspecteur Ranjit Jokhoo, à différents endroits précis dans les parages de Chébel. D’abord, la reconstitution des faits s’est déroulée dans un lieu de culte de cette partie basse des Plaines-Wilhems.
Mardaye Kalinghee a indiqué les lieux où se sont déroulées les séances de prière en vue de résoudre ses problèmes. Elle a ajouté que ces rites étaient pratiqués par Cathaye Mootien et que « ine kup limon ek allim camphre ek ine fer passe lor li ». À la suite de cette très longue et éprouvante séance de prières et de rituels, Mantee Murchoyea ne pouvait plus tenir sur ses jambes.
« Kat dimoune ine trappe li ek ine mette li dans ene van lekol ek apres nou ine alle », a déclaré la suspecte, qui confirme que le véhicule a emprunté la route reliant Chébel à la Black River Road, située plus bas. Mais en chemin, le groupe s’est arrêté de nouveau à hauteur d’un premier bassin d’irrigation, à droite de la route de Chébel, pour d’autres rituels.
Cet exercice de descente sur les lieux, avec la participation de Mardaye Kalinghee, s’est arrêté à cet endroit spécifique vu que celle-ci soutient qu’elle ne s’est jamais rendue au Bassin-Cahin ce dimanche 23  février et qu’elle est rentrée chez elle. Elle a donné des détails sur les quatre complices qui avaient aidé à soulever Mantee Murchoyea pour la porter hors des lieux de culte plus tôt.
Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien indiquent que Cathaye Mootien aurait pu se trouver sur les lieux lorsque Mantee Murchoyea a été découpée en 13 morceaux par deux autres suspects. Le dénommé Prakask Balgobin, âgé de 44 ans, déjà en état d’arrestation, pourra être de nouveau confronté à des éléments au sujet de sa participation à ce crime. L’enquête se poursuit avec de nouvelles arrestations en vue…

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