MMM : Bérenger cible Collendavelloo et Sesungkur

  • Le leader du MMM réclame le gel de la décision de la privatisation de la CWA et du projet d’augmentation des tarifs de l’eau

Les ministres Ivan Collendavelloo et Sudhir Sesungkur ont été les cibles de critiques du leader du MMM lors la conférence hebdomadaire du parti samedi à l’Hennessy Park Hotel. Paul Bérenger reproche au Premier ministre adjoint et ministre de l’Énergie et des Services publics sa façon de gérer la CWA et le CEB. De même, il critique le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance qui, selon lui, « n’est pas à la hauteur de sa tâche ». Il réclame par conséquent le départ du premier et le remplacement du second.

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Le leader du MMM a été particulièrement critique par rapport à la gestion de la CWA, où il considère que la situation s’est aggravée ces trois dernières années malgré les dépenses effectuées. Ainsi, en réponse à une interpellation de Reza Uteem, Ivan Collendavelloo avait cité une étude réalisée par la Banque mondiale et mettant en avant les pertes d’eau, estimées à 60% (40% à travers des fuites et 20% pour des pertes commerciales). Pertes qui, selon lui, représentent des millions de roupies. « L’ironie, c’est que c’est seulement maintenant que la CWA a lancé des appels d’offres pour des compteurs équipés de dispositifs antivol. Après la mort, la tisane », a lancé le leader des mauves. Pour lui, Ivan Collendavelloo a été « un échec total » au niveau de la CWA. Il a accusé le ministre de « chercher tous les prétextes afin de justifier une privatisation de la CWA ».

Ainsi, mardi dernier à l’Assemblée nationale, Ivan Collendavelloo s’est montré inflexible quant à la nécessité, d’une part, de privatiser la CWA et, d’autre part, d’augmenter les tarifs de l’eau. Il envisage l’octroi d’un contrat d’affermage d’une durée de 15 ans à une firme étrangère. Puisqu’aux termes de la Constitution les élections doivent obligatoirement avoir lieu à la fin de l’année prochaine, Paul Bérenger demande au gouvernement de geler la décision de privatiser la CWA ainsi que celle concernant une augmentation des tarifs de l’eau. Il souhaite ainsi que « le prochain gouvernement revoie toute la situation avant de prendre la décision qui s’impose ».

Au niveau du CEB, Paul Bérenger estime qu’il y a eu une « privatisation déguisée » avec la création de la CEB FiberNet. « Le ministre a trouvé le moyen de créer une compagnie afin d’échapper au contrôle du Central Procurement Board. Or, beaucoup d’argent est en jeu à travers cette compagnie. » Pour Paul Bérenger, Ivan Collendavelloo a « induit la Chambre en erreur lorsqu’il a affirmé que les compagnies créées par le CEB doivent passer par le Central Procurement Board dans le cadre de la mise en œuvre de leurs projets ». Or, a-t-il insisté, « la vérité est tout autre », ajoutant : « C’est le contraire qui est vrai car ces compagnies ne sont pas obligées de passer par le CPB. (…) Même le bras droit du ministre, le président du CEB, a affirmé, dans une déclaration publiée dans la presse, que le conseil d’administration du CEB est d’avis que la CEB fiberNet ne tombe pas sous le contrôle du CPB. De fait, le CEB n’est nullement obligé de passer par le CPB, comme c’est le cas pour tous les projets gouvernementaux. » Paul Bérenger a poursuivi sur le même ton en affirmant que « nous nous engageons à faire une enquête approfondie et détaillée en général sur ce qu’Ivan Collendavelloo et le président du CEB ont fait, avec possibilité d’engager des poursuites ». Pour lui, « plus vite Ivan Collendavelloo s’en ira et mieux ce sera pour le pays ».

Au chapitre des services financiers, Paul Bérenger a constaté qu’en plus des affaires Sobrinho et Quantum Global, il y a aussi eu « l’affaire de Dinesh Shah ». À ce propos, le leader du MMM a estimé qu’en réponse à une interpellation, le ministre des Services Financiers, Sudhir Sesungkur, « a fait un aveu de taille » au Parlement. Ainsi, en réponse à une interpellation de Reza Uteem, qui lui demandait s’il comptait faire une enquête approfondie afin de comprendre comment des “dubious people” arrivaient à obtenir des licences d’opération dans le secteur des services financiers, il a répondu : « I think the honourable member is right. I’ll take on board his suggestion. » Ce qui constitue, selon Paul Bérenger, « un aveux de taille que la FSC “is useless” ». Toutefois, le leader du MMM a exprimé des doutes sur la capacité du ministre à mettre en pratique ce qu’il a dit. Pour lui, « ni le ministre ni la FSC n’ont la capacité nécessaire pour être à la hauteur de leurs tâches ». Il considère en outre que le nouveau Chief Executive de la FSC, qui est également gouverneur adjoint de la BoM, « fait partie de Lakwisinn ». « Est-ce que le ministre dispose des capacités nécessaires pour se confronter à Quantum Global, qui est en train de remettre en cause la décision de la FSC de geler l’opération de ses compagnies et ses comptes bancaires ? » s’est-il demandé.

Toujours concernant Quantum Global, Paul Bérenger estime que « des milliards de dollars en provenance du fonds souverain angolais sont passés par Maurice ». Selon lui, il faudrait « remplacer le ministre » et « renforcer d’urgence la FSC en recrutant un personnel solide à Maurice ou à l’étranger ». Le leader du MMM a par ailleurs exprimé « la solidarité totale » de son parti avec les syndicalistes des casinos qui ont été suspendus. Il a également condamné le ministre des Sports et le président du Comité olympique mauricien pour « leurs commentaires et leur comportement » dans le cadre de l’affaire de « indecent behaviour » aux Jeux du Commonwealth, en Australie. « Il est clair qu’on a essayé de décourager l’athlète de dénoncer l’ex-chef de la délégation mauricienne à la police », a-t-il lancé. Ainsi, le leader des mauves considère que « Jessika Rosun a pris une décision héroïque en ayant eu le courage de faire ce qu’elle a fait alors qu’elle était seule en Australie ».

Au sujet de Pradeep Jeeha, qui a soumis sa démission du bureau politique lundi dernier, Paul Bérenger a accusé ce dernier d’avoir « organisé une fuite de la lettre de démission » qu’il lui avait été adressé dans la nuit par le biais de son courriel. Il affirme qu’alors qu’il a pris connaissance de la lettre dans la matinée de mardi, « son contenu avait déjà été publié dans la presse ». Il s’est insurgé contre le fait que Pradeep Jeeha ait « donné l’impression qu’il n’était pas responsable de cette fuite ». Il a également reproché à Pradeep Jeeha d’avoir boycotté une réunion de la régionale de la circonscription No 4 . « Le plus grave, c’est que mercredi, une régionale, prévue de longue date au No 4, a été boycottée par lui et le président de la régionale. Ils ont tout fait pour boycotter cette réunion », a lancé Paul Bérenger, avant d’estimer que la fuite de la lettre de démission, « dans l’intention de faire du mal au MMM », et le boycott de la réunion de la régionale constituent « une trahison » de la part de Pradeep Jeeha.

Le leader du parti a annoncé que toute la question sera discutée à la réunion du bureau politique aujourd’hui ainsi qu’au comité central du MMM samedi prochain. Il a dans le même souffle annoncé que la régionale de la circonscription No 4 sera « réorganisée et relancée » et que sa présidence a été confiée provisoirement à Gérard Nina. Paul Bérenger a par ailleurs précisé que le remplacement de Pradeep Jeeha comme leader adjoint « n’a jamais été évoqué » au MMM.

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