Moi, délégué de classe, je…

Percy KAMANAH

- Publicité -

Local is not only beautiful. Il peut être un important levier, créateur de valeurs pour une société éprise de justice et de stabilité. Viable. Enviable.

Fondateur aussi du bien-vivre ensemble, ce socle des relations bienveillantes, qui transcende les clivages partisans, et où la politique est considérée comme un bien commun partagé en bonne intelligence par la société civile. La richesse de notre diversité culturelle appelle à l’appréciation mutuelle dans la construction de lieux de vie fondés sur une démocratie de proximité.

Les manifestes électoraux des législatives 2019 ont beau promettre de moderniser le pays, mais aucun d’entre eux n’a pensé à le faire au travers de l’établissement d’un contrat de confiance avec les pouvoirs locaux alors que c’est dans le régional que la démocratie prend racine. Démocratie dans son acception de vivre-ensemble, de cohésion, de solidarité sociale, de tolérance et de civilité.

Combien de ceux qui aspirent à siéger au Parlement et/ou conseil des ministres dans quelques jours peuvent se targuer d’un parcours abouti dans les affaires publiques ? Combien n’ont jamais été délégué de classe, membre de PTA, animateur de force vive ou d’ONG, ces plateformes d’engagement citoyen formatrices, qui permettent à la société civile de rester au contact de vraies questions de terrain ?

La démocratie locale ne doit pas rester une idée vague, vidée de sa substance. Il est grand temps que l’État délègue concrètement un certain nombre de ses compétences à des structures de politique et de décision territoriales – quitte à en redessiner les frontières – pour permettre une plus grande participation citoyenne à l’élaboration et la mise en place de grands projets. Une démocratie plus participative, plus directe, résout de facto deux problématiques : 1) la représentativité féminine aux plus hautes instances locales, nationales, voire internationales qu’on persiste maladroitement – n’en déplaise aux prescripteurs de la SADC – à conditionner à une question de quota – Femmes, jeunes filles, engagez-vous : la représentativité viendra, ou pas, d’elle-même, et 2) le recrutement du personnel politique au niveau des partis qui ne serait soumis qu’au seul principe méritocratique sur la base d’un parcours éprouvé dans une filière sociale et/ou d’administration publique et non plus assujetti à la dictature du profil ethnique.

Voilà pourquoi le bénévolat, fondement de la démocratie locale, devrait être encouragé dès le plus jeune âge, et ses vertus propagées dès l’école primaire. Ces élans naturels, facteurs d’épanouissement personnels qui, bien cultivés, nous poussent à toujours mettre l’autre devant soi. L’engagement associatif, dès l’entrée en adolescence, peut susciter plus tard de vraies vocations politiques, au-delà du fait que l’employeur est toujours séduit par un CV démontrant un parcours de bénévole. Un cadre juridique et fiscal devrait aussi être aménagé pour favoriser le volontariat dans la société.

La démocratie locale, pour cette fois encore, restera un concept. Et l’État centralisé et concentré, Tout (trop) Puissant continuera à s’imposer comme le seul dépositaire de l’action publique. Mais pour combien de temps encore des mains politiciennes et élitistes continueront à confisquer le pouvoir au détriment de l’initiative citoyenne ?

Rendez-vous donc en 2024. Peut-être.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour