Money talks

S’il y en a qui se frottent les mains, ce sont bien les bookmakers cette semaine, les favoris ayant collectivement mordu la poussière lors de cette cinquième journée. Les deux épreuves majeures réinscrites au forceps n’ont aussi pas donné les résultats escomptés. Les grandissimes favoris Act Of Loyalty et surtout Ready To Attack, tous deux du yard de Gujadhur, ont échoué dans leur quête de victoires. Lorsqu’on ajoute à cela l’échec de New Lands, le secret hope, et surtout Perplexing, le banker de la dernière course, on peut comprendre que l’état-major de cet entraînement, aux grandes ambitions cette année et qui a beaucoup investi dans l’intersaison, n’ait pas été satisfait.

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Comme d’habitude dans ces cas-là, le jockey est le bouc émissaire idéal pour canaliser sa déception et sa colère. Cette attitude de mauvais perdant n’est pas à la hauteur des ambitions d’un établissement qui entend jouer les premiers rôles cette saison. À vrai dire, le déroulement de l’enquête des Racing Stewards concernant la monte de Theriot sur Perplexing ne fait vraiment pas honneur aux sports hippiques, une activité de gentlemen. Bien qu’il ait été prouvé que le cheval a été gêné peu après le départ, ce qui a valu au jockey Teeluck d’être sanctionné pour careless riding, l’Américain a été accusé d’avoir « pulled the horse » et ce jockey aux 2500 victoires a été comparé au jockey Balloo, certes prometteur, mais qui a encore un palmarès à élaborer.

Ne comptez pas sur nous pour venir défendre Jamie Theriot, mais il y a des limites à la décence. Encensé sur les réseaux sociaux lorsqu’il s’agissait de convaincre “l’ami” du Prime Minister’s Office et de la GRA de peser de tout son poids pour convaincre à son tour le ministère du Travail de lui accorder son permis d’opérer, Theriot est aujourd’hui voué aux gémonies par les mêmes individus avec une violence qui dépasse le fair-play, au point où le jockey américain, choqué et ému, a dû se rendre en clinique et se doter d’une équipe d’avocats pour se défendre.

On n’est pas étonné que la pression sur l’équipe des Racing Stewards ait finalement porté ses fruits — Jamie Theriot a été sanctionné aux dernières nouvelles — et qu’il fasse maintenant les frais de l‘ire des autorités, avant peut-être de devenir persona non grata. Cela, pour avoir osé dire ses quatre vérités à qui de droit. Que de jockeys étrangers adulés ont été honnis après. Et on s’étonne que des professionnels de calibre ne veulent plus venir monter à Maurice.

On se plaint beaucoup ces jours-ci, avec raison, des refus du ministère du Travail de bloquer certaines applications de jockeys étrangers pour venir à Maurice. On ne doit cependant pas minimiser le comportement de certains entraîneurs ou leur entourage vis-à-vis de bon nombre de ces pilotes lorsque les résultats ne sont pas favorables. Les tapes amicales dans le dos et les accolades lors de victoires laissent la place aux bouderies dans le paddock, aux insultes après les défaites et puis aux accusations graves dans la Steward’s Room. Une séparation est souvent inévitable, mais il y a l’art et la manière. L’esprit revanchard, en tout cas, n’a pas sa place dans le monde hippique.

Dans le milieu des courses de chevaux, les vrais professionnels le savent, la patience est une qualité inestimable si on veut durer et atteindre les sommets. Comme l’écrit Gustave Flaubert, on arrive à faire de belles choses à force de patience et de longue énergie. Mais aujourd’hui, c’est l’argent et la victoire à tout prix qui priment. Money talks et on en perd la raison car, comme le dit le philosophe Alain, l’argent ne va qu’à ceux qui l’honorent.
La sixième journée sera marquée par la Coupe du Cent Cinquantenaire, patronnée cette année par notre site internet lemauricien.com, qui a connu depuis décembre dernier une évolution majeure, s’inscrivant désormais dans le créneau des sites gratuits d’information en continu et offrant sous forme payante le journal papier du jour.

En cette semaine de la liberté de la presse, il n’est pas inutile de rappeler que les relations entre le MTC et la presse sont en général de bonne facture. Après des années de combat et d’affrontements inutiles, l’organisateur des courses a bien compris que l’information, qu’elle soit positive ou négative, sert les intérêts des courses hippiques et du Mauritius Turf Club, la transparence étant une condition sine qua non pour justifier la confiance du public. C’est aussi le sens de notre partenariat et du sponsorship d’une journée de courses chaque année, car nous devons bien rendre aux courses hippiques ce qu’elles nous donnent. L’épreuve cette année ressemble fort à une revanche de la Duchesse 2018 et devrait être de haute facture. Espérons simplement qu’elle se déroule sans incident, car ce fut malheureusement le cas lors de la première course classique de la saison.

Enfin, saluons l’initiative du MTC lors de la dernière journée pour la campagne de sensibilisation de prévention routière en soutien au slogan du gouvernement Ensam pa laisse Koltar touye nou fami. En collaboration avec la Traffic Branch de la police, le Mauritius Turf Club, à travers son magazine Racetime, a mis en œuvre une série d’activités au Champ de Mars pour conscientiser les Mauriciens aux dangers de la route. Espérons que le message, qui a touché plusieurs centaines de milliers de téléspectateurs, portera ses fruits vu que le chiffre des victimes de la route qui a aujourd’hui atteint 66 morts est très inquiétant.

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