MPC – APRÈS LA BAISSE DU TAUX DIRECTEUR À 3,5 % : Basant Roi, « Stimuler les investissements locaux »

« Le maintien de la stabilité monétaire et la baisse du taux directeur de 4 % à 3,5 % constituent le signal le plus fort que puisse envoyer la banque centrale en direction des opérateurs du secteur d’exportation et aux entreprises mauriciennes », a observé hier après-midi le gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi. Celui-ci rencontrait la presse afin d’évoquer l’analyse économique faite par le Monetary Policy Committee, qui s’est rencontré hier. La baisse de 50 points de base du taux directeur a été généralement bien accueillie dans le secteur privé. « La décision du MPC permet de maintenir l’emphase sur l’investissement et la croissance. Mais il faudra désormais accélérer les réformes structurelles », a affirmé Raj Makoond, CEO de Business Mauritius.
Le gouverneur de la banque centrale, qui était entouré de ses deux adjoints Yandranuth Googoolye et Vickramdass Punchoo, a annoncé au premier abord la nomination de Renganaden Padayachy en tant que membre du MPC. Il a expliqué que le MPC, qui s’est réuni pour la troisième fois hier, a passé en revue l’économie globale, qui devrait connaître une croissance de 3,6 % en 2017 et également de 3,6 % en 2018. Toutefois, l’incertitude prévalant dans les grandes économies, les vulnérabilités du secteur financier dans certains pays ainsi que la montée du protectionnisme font que les perspectives économiques sont sujettes à la baisse. Par ailleurs, l’assouplissement des prix du pétrole et les pressions inflationnistes mondiales ont diminué, en particulier dans les économies avancées où l’inflation reste à des niveaux inférieurs aux prévisions.
Le MPC constate que l’inflation a enregistré une hausse depuis la dernière réunion du MPC, reflétant ainsi les facteurs transitoires, y compris l’impact de la hausse des prix des boissons alcoolisées, du tabac, du diesel et de l’essence. L’inflation est passée de 1,3 % en mars à 2,7 % en juillet. L’inflation sur une base annuelle a été volatile et s’est établie à 5,3 % en juillet. À moins qu’il n’y ait un choc majeur, le MPC estime que l’inflation tournera autour de 4 % pour 2017 et de 3,8 % en 2018. Il est estimé que l’inflation ne devrait pas augmenter par la suite.
S’agissant de l’économie locale, le MPC observe une progression de 3,4 % durant le premier trimestre de 2017, comparativement à 3,8 % durant la même période en 2016 et à 4,2 % durant le dernier trimestre de 2016. Dans l’ensemble, alors que les dépenses d’investissement ont été raffermies, les dépenses de consommation finale ont été modérées, et l’exportation de biens et de services a diminué. Le MPC estime qu’il est nécessaire de stimuler davantage les investissements dans les secteurs productifs de l’économie. La Banque centrale prévoit que le taux de croissance du PIB aux prix du marché se situera entre 3,6 et 3,8 % pour 2017, et 4,2 % en 2018.
Tenant en compte les risques pour les perspectives de croissance et d’inflation, le MPC a décidé de donner une impulsion à la croissance et a, par conséquent, a réduit le taux directeur de 50 points de base soit de 4 % à 3,50 % par an. Le gouverneur de la banque centrale, qui a été interrogé par la presse, a attiré l’attention sur l’approfondissement du déficit de la balance des paiements, qui a atteint le niveau de 5,5 % cette année, alors que le taux raisonnable est de 3 %.
Il s’est également appesanti sur le flux des devises étrangères dans le pays et les efforts de la banque centrale en vue de l’absorber afin de maintenir le taux de la roupie à un niveau acceptable. C’est ainsi qu’il a rappelé que depuis 2015, la Banque de Maurice a absorbé quelque USD 1,1 milliard. « We have sterilised an amount of Rs 74 billion rupees », a fait remarquer Ramesh Basant Roi. Toutefois, cela a un coût, car les intérêts payés par la banque se sont élevés à Rs 2 milliards. « Nous ne pourrons acheter des devises à l’infini. Cela nous coûte trop cher », a-t-il ajouté. Ramesh Basant Roi a évoqué les mesures prises en Grande-Bretagne pour contrôler le flux des capitaux. Cependant, la Banque de Maurice ne souhaite pas prendre des mesures extrêmes. « Nous ne voulons pas adopter des mesures qui peuvent affecter la croissance économique », a indiqué Ramesh Basant Roi. « Tenant en compte que la hausse de l’inflation n’est pas une menace immédiate, nous voulons trouver un équilibre qui bénéficierait à tous les secteurs économiques », a-t-il ajouté.
Interrogé sur la roupie forte, il a expliqué qu’il n’y a jamais eu de “breaking point” quant au taux de la roupie par rapport au dollar. Ramesh Basant Roi a rappelé qu’en 2010, le dollar se vendait à Rs 27. Par la suite, la roupie s’était affaiblie et le dollar a atteint Rs 35. C’était le cas encore au début de l’année. Ce n’est que maintenant que la roupie s’est consolidée pour que le dollar vaille Rs 33. « Its the market dynamic. That the way it is », a-t-il lancé, estimant qu’on ne peut jamais atteindre la perfection, car il y a tellement de conditions qui affectent le taux de change.
Interrogé sur les mesures susceptibles de réduire le déficit de la balance des paiements, Ramesh Basant Roi a observé que le poids des salaires ne correspond pas au taux de productivité. Il a constaté, par ailleurs, que le croissant des investissements locaux est resté inchangé depuis 2010. D’où l’importance pour les opérateurs locaux d’investir dans l’innovation technologique de manière à garder le pas avec les concurrents, qu’ils soient de Chine, de Turquie, du Maroc et d’ailleurs, et qui font énormément d’effort dans ce sens. « Survival depends on how fast you can renew your technology », observe-t-il.
Stimulations
Le gouverneur s’attend à ce que les investissements privés locaux reprennent, d’autant plus que les opérateurs disposent des devises étrangères dont ils ont besoin. Cela s’ajoute, selon lui, à la stabilité financière, au taux d’inflation qui est raisonnable et à la baisse du taux d’intérêt directeur. Pour Ramesh Basant Roi, il y a encore beaucoup à faire afin d’améliorer la productivité dans le pays. Il s’est également appesanti sur les difficultés administratives rencontrées par un investisseur avant de démarrer un projet.
Quant à son avenir à la tête de la Banque, Ramesh Basant Roi a observé qu’il revient au Premier ministre d’en décider. « C’est comme la mort, je ne sais pas ce qui peut m’arriver demain », a-t-il déclaré avant de se lancer dans un bilan de ses réalisations à la tête de la Banque de Maurice et ses efforts pour promouvoir l’image de l’île à l’étranger.
Commentant la décision du MPC ce matin, le directeur exécutif de Business Mauritius, Raj Makoond, a affirmé que même si l’inflation a augmenté relativement, l’investissement reste la priorité dans un contexte international qui demeure volatile, surtout en ce qui concerne le taux de change. « C’est une bonne décision pour l’investissement et la croissance. Il faut surtout qu’on accélère les réformes structurelles et qu’on adopte une bonne politique monétaire destinée à remettre Maurice sur le chemin de la croissance. Et pour assurer la résilience de notre secteur d’exportation, la réforme structurelle est primordiale, entre autres, dans le secteur cannier et celui de l’énergie ». Dans ce contexte, il cite la politique d’ouverture du ciel, qui est bénéfique au secteur touristique. « Il s’agit maintenant d’assurer la diversification géographique de nos marchés d’exportation et approfondir nos marchés traditionnels ».
Dans les milieux des PME, on fait ressortir que cette baisse constitue une aide certaine, d’autant que dans le cadre du Plan spécial de financement mis en place sous l’égide de la Banque de Maurice, le taux d’intérêt passera de 7 % à 6,5 %.

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