MUKESH BALGOBIN: « Je crois qu’il est grand temps que Gilbert Merven parte»

Il est connu pour son franc parler et surtout pour dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. Dans un entretien que nous a accordé cette semaine Mikesh Balgobin, l’ex commissaire administratif du MTC, ne fait aucun détour et ne met pas de gants de velours pour parler de la situation de l’industrie des courses à Maurice. Pour lui, il n’y a pas l’ombre d’un doute que Gilbert Merven doit partir. «Ce n’est un secret pour personne que la gestion des affaires des courses par le Mauritius Turf Club depuis que Gilbert Merven est arrivé est une catastrophe. Encore une fois, je ne suis pas le seul à le dire, puisque l’ex-Premier ministre a trouvé qu’il était nécessaire de mettre en place une commission d’enquête sur les courses à Maurice, menée par trois experts étrangers. C’est vous dire à quel point la gestion du MTC est mauvaise et que le day to day running des affaires des courses à Maurice n’est plus à la hauteur de cette industrie qui ne cesse d’évoluer» soutient-il.
— Mukesh Balgobin vous avez pris vos distances du Champ de Mars depuis 2009, année où votre mandat de commissaire administratif du Mauritius Turf Club avait pris fin. Peut-on savoir si les courses à Maurice vous intéressent toujours et quel état vous faites de la situation actuellement de ce sport?
?— Il est vrai de dire qu’en 2009 pour des raisons bien spécifiques, je n’avais pas demandé le renouvellement de mon contrat — à travers les élections — de commissaires administratif. Mais ce n’est pas pour autant que j’ai coupé mes liens avec les courses et le Champ de Mars. J’ai beaucoup d’amis dans ce milieu et j’ai essayé autant que possible de garder contact en venant aux Champ de Mars les samedis en dépit du fait que je n’étais plus propriétaire de chevaux et que mes deux enfants avaient été suspendus par Gilbert Merven.Toutefois j’ai fini par prendre mes distances, surtout en raison de l’ambiance qui y régnait. Depuis ces dernières années, je ne fais que constater une dégradation de cette ambiance autrefois familiale et conviviale. Du reste, je ne suis pas le seul à le dire.
— …sur la situation actuelle de ce sport vous en dites quoi?
?—Ce n’est un secret pour personne que la gestion des affaires des courses par le Mauritius Turf Club depuis que Gilbert Merven est arrivée est une catastrophe. Encore une fois, je ne suis pas le seul à le dire, puisque l’ex-Premier ministre a trouvé qu’il était nécessaire de mettre en place une commission d’enquête sur les courses à Maurice, enquête menée par trois experts étrangers. C’est vous dire à quel point la gestion du MTC est mauvaise et que le day to day running des affaires des courses à Maurice n’est plus à la hauteur de cette industrie qui ne cesse d’évoluer.
— Quelles sont les raisons de cette situation selon vous?
?— Il n’y a pas, selon moi, 36 raisons qui expliqueraient cette situation. La seule raison pour moi c’est le comportement et l’attitude de Gilbert Merven depuis son arrivée au sein du board et durant les années où il a été président. Un président d’un club doit agir comme président et non comme un Chief Executive Officer. Depuis son arrivée, Gilbert Merven a agi plus comme un  CEO du MTC que comme président . Il s’est souvent mêlé les crayons entre ses responsabilités de président du MTC et aussi  celle d’une industrie qui brasse des millions de roupies à chaque journée de courses et qui fait vivre de nombreuses familles mauriciennes. Gilbert Merven s’est aussi souvent trompé entre ses responsabilités de président du MTC et ses amis des courses. Si nous sommes arrivés à ce stade, c’est aussi parce qu’il y a eu beaucoup de décisions prises ces dernières années qui n’ont pas servi à l’intérêt des courses.
— Vous ne faites pas de cadeau à Gilbert Merven, peut-on, néanmoins, savoir votre conception de la présidence de MTC?
?— Comme je viens de vous dire, le président du MTC doit être avant tout un homme consensuel, magnanime et surtout un homme ouvert à l’égard de tous les membres du club. Vous savez, le MTC a toujours été un club uni où les commissaires étaient élus sans adversaires. Depuis l’arrivée de Gilbert Merven, nous assistons chaque année à une véritable campagne électorale. Une guerre fratricide entre membres pour un candidat contre un autre. Des membres  s’entredéchirent. Des méthodes infects et qui n’ont rien à faire avec les courses apparaissent chaque année. Vous savez très bien comment ma famille et moi même avons souffert de cette situation. Je suis d’avis qu’un président du MTC doit être au-dessus de la mêlée  et plus important, il doit avoir une vision globale d’une politique de courses afin de travailler pour l’avancement, le développement et la réussite de cette industrie.
Un président du MTC ne doit en aucun cas s’occuper des affaires quotidiennes des courses, ni se mêler à des gens qui ne donnent pas une bonne image de l’industrie.
— La saison hippique 2014 a été marquée par un certain nombre de scandales; qu’est-ce que cela vous inspire en tant que ex-commissaire ?
— Je ne peux qu’être outré et indigné. Dans certains cas, le mot scandale est trop simpliste, puisqu’ils sont à la base de la nomination d’une commission d’enquête sur les courses. C’est une décision qu’il ne faut surtout pas négliger et qui a toute son importance. Puisque cette industrie pourrait bien être éclaboussée par la teneur des «inquiries» de ces spécialistes anglais. Déjà on a parlé de «criminal offence» à l’égard d’un stable manager lors de la dernière campagne électorale sur les courses, personnellement, j’ai bien peur de ce qui pourrait arriver à l’industrie des courses si on continue sur la même voie.
J’espère vivement que le Premier ministre, sir Aneerod Jugnauth qui a commencé un travail de nettoyage à différents niveaux de la vie sociale et politique de ce pays s’attarde aussi sur les courses. Ce secteur a besoin d’un gros nettoyage afin de le protéger contre ceux qui sont en train d’abuser pour se remplir les poches au détriment de l’industrie. J’irai même jusqu’à dire que le cotes ne doivent être officiel que les samedis avant les courses. Une telle démarche ne pourra qu’aider à assainir la situation et les spéculations autour des paris.
— Mukesh Balgobin, si vous étiez encore membre du board  des administrateurs du MTC auriez-vous donné votre feu vert pour une licence de stable manager à Paul Foo Kune ?
— Jamais. Ô grand jamais.
— Pourquoi ?
— Tout le monde sait au Champ de Mars et dans le monde hippique qui est Paul Foo Kune. Tout le monde connaît, surtout l’administration du MTC, le pedigree de ce monsieur dans les courses. Rien à mon avis ne justifie que le board des commissaires accorde une licence de stable manager à Paul Foo Kune. Absolument rien ne justifie une telle décision.
— Le MTC annonce plus de Rs 10 millions de déficits pour l’année financière 2014, cela vous étonne ?
— Cela ne m’étonne nullement. Mais savez que selon mes informations, les comptes de 2013 ont été mal faits à l’effet que certaines dépenses importantes ne figuraient pas dans les comptes. Le MTC est depuis ces 5 dernières années en perdition que ce soit au niveau de son image qu’au niveau de ses affaires. Quand on voit autant de scandales, qui impliquent souvent les mêmes personnes, comment voulez-vous que le public turfiste fasse confiance à une telle industrie.
N’oublions pas que ce sont les petits parieurs qui apportent de l’argent dans les caisses du MTC. Quand on voit des affaires comme les dîners de Ian Paterson avec des jockeys et propriétaires des courses. Quand on voit encore l’affaire Albert Mooney , Gemmayze Street et le jockey Fauto Durso. Ou encore l’affaire Saziwayo –Arena, quand on voit un Chief Stipe qui perd en appel sur quasiment toutes ses sanctions, comment voulez que les gens viennent aux courses ? Comment voulez vous que des gens ont confiance quand on   voit un chef de la police dans la loge d’une écurie ? Trop c’est trop…bizin changé.
— La MRA réclame des millions aux écuries et aux propriétaires de chevaux, pensez-vous que c’est une démarche qui va dans le bon sens pour les courses mauriciennes ?
— Une telle situation ne serait jamais arrivé si à la base le président du MTC avait fait son travail de président. J’ai été propriétaire de chevaux et je sais parfaitement combien cela coûte pour avoir un cheval aligné dans une course. La MRA ne fait que son travail, cependant je dirais qu’il sera aussi important que cette instance fasse son enquête d’où proviennent certains fonds utilisés pour acheter des chevaux.  Il y a, à mon avis, une grosse enquête à mener sur certaines personnes qui sont en vérité des faux propriétaires.
M. Balgobin, qu’est-ce qui vous fait réagir aujourd’hui ?
— Je réagis parce que en tant que membre du MTC et amateur des courses hippiques,  je suis en colère que ce sport soit en train d’être utilisé par certaines personnes à des fins pécuniaires sans se soucier du bien-être des gens qui font cette industrie. Je suis en colère que le droit de choisir a été volée aux vrais membres de ce club au profit d’une clique par le biais d’une abomination qu’on appelle  proxy au MTC.  Je suis en colère que beaucoup de monde ne peut plus venir au Champ de Mars aujourd’hui en raison du fait que ceux qui s’y sont installés, on les croisent très souvent dans les cours de justice.
— Mais M. Balgobin vous ne pouvez pas  empêcher une personne d’être membre du MTC ?
— Je suis parfaitement d’accord avec vous. Mais reste que le MTC ne peut pas accepter n’importe qui pour être membre sans savoir le background de cette personne. Aujourd’hui au MTC  les membres sont admis en catimini dans le seul but d’avoir leur proxy lorsque viendra le jour de vote à l’assemblée. On est arrivée à un stade où les proxy étaient plus nombreux que les membres présents à l’assemblée générale. Aucune instance démocratique ne peut accepter une telle chose.
— Vous êtes de ceux qui réclament aussi un changement au MTC ?
— Plus que jamais le changement est nécessaire. Il est même primordial, car il y a eu trop d’excès dans la gestion des affaires des courses avec pour conséquence que cette industrie se retrouve avec une épée de Damoclès sur la tête qu’est le rapport de la commission d’enquête. Je crois même qu’un changement sera salutaire pour le MTC.
— Vous réclamez donc le départ de Gilbert Merven ?
– Je crois qu’il est grand temps que Gilbert Merven parte. Si tant soit peu il aime les courses. Il a fait des choses inacceptables pour une industrie jadis prospère.
— Qui pensez-vous peut redresser le bateau ?  Jeenarai Soobaragg ou Alain Noël ?
— Ni l’un, ni l’autre. L’un comme l’autre se sont disqualifiés et pire, ils sont tous deux connus pour être des proches de Gilbert Merven. A bien des égards, tout le board aurait dû démissionner après ce qui s’est passé durant la saison 2014 où les turfistes ont vu au grand jour leur incompétence. Je suis de ceux qui croient que pour le bien des courses, le MTC doit avoir un nouveau board des administrateurs et surtout transparent. Un board qui aura le courage de rendre publics leurs avoirs avant de commencer leur mandat et aussi à la fin de leur mandat. C’est une décision qui doit être appliquée à un certain nombre de professionnels au MTC également.
— Êtes-vous pour ou contre l’arrivée d’une Turf Authority ?
— Certainement je suis pour et le plus vite elle viendra le mieux ce sera pour les courses à Maurice.

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