MUSÉE DE LA BOM—INAUGURATION OFFICIELLE: Le gouverneur appelle à la prudence concernant la crypto-monnaie

Le gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi, a lancé une mise en garde quant à un éventuel recours à la crypto-monnaie – ou monnaies virtuelles –, à l’instar du Bitcoin, pour les transactions financières. « Faisons preuve de prudence », a déclaré Ramesh Basant Roi dans son allocution à l’inauguration officielle du Musée de la BoM, aménagé dans l’ancien bâtiment qu’occupait la banque centrale, rue sir William Newton, avant la construction de la BoM Tower. Le musée a été inauguré par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, en présence de la Speaker de l’Assemblée, Maya Hanoomanjee, des ministres Mahen Seeruttun (Agriculture) et Sudhir Sesungkur (Services financiers), du CEO de la MCB, Alain Law Min, du CEO de la HSBC, Chris Murray, de banquiers et d’opérateurs économiques.
Le gouverneur de la BoM a consacré une large part de son discours à la question de la crypto-monnaie, réfutant au passage les critiques à l’encontre de la banque centrale. Ramesh Basant Roi avait choisi, au début de son intervention, de mettre l’accent sur les étapes importantes de l’histoire de la BoM, des transformations structurelles ainsi que des modifications régulières apportées au cadre légal régissant les opérations de la banque centrale et des banques commerciales, et ce pour affirmer que les changements apportés aux structures de la banque au cours de ses 50 années d’existence témoignent d’une volonté de se réinventer et de se redynamiser. « The bank has never been a dormant institution in its first 50 years », a souligné Ramesh Basant Roi.
La BoM, a-t-il fait ressortir, focalise son attention sur le numérique. Elle a été, a poursuivi Ramesh Basant Roi, l’une des premières en Afrique subsaharienne, avec l’Afrique du Sud, à opter pour des paiements électroniques et des règlements en temps réel en 2000. Le gouverneur a fait état, entre autres, de la mise sur pied du Mauritius Credit Information Bureau en 2005, et du lancement, l’année prochaine, du National Payment Swich. « This is a Bank that performs noiselessly and without chest-beating-in the quietness of an insulated and well-guarded building », a-t-il observé, avant d’ajouter que la BoM est bien consciente que la technologie est au centre de tout changement que connaît le monde aujourd’hui.
Cependant, sur la question des monnaies virtuelles, les banques centrales ont, sur la base de plusieurs études et réflexions approfondies, estimé que les Bitcoins et autres monnaies virtuelles peuvent rendre les futures crises financières encore plus dévastatrices. « Il y a maintenant une acceptation qui émerge lentement que si les monnaies numériques doivent être émises, les banques centrales devraient nécessairement être l’émetteur. Mais il est également reconnu que les risques associés aux devises numériques sont loin d’être minimes », a argué Ramesh Basant Roi. Pour ce dernier, certaines personnes ont tendance à réagir de façon excessive aux attractions illusoires de la crypto-monnaie, refusant de voir la réalité en face.
Tout en tenant compte de l’argument de certains milieux à l’effet que la crypto-monnaie élimine les frais, les charges et autres frais d’intermédiation, le gouverneur de la BoM a fait ressortir que d’autres également sont d’avis que les monnaies virtuelles sont un moyen très pratique de blanchir de l’argent. Ramesh Basant Roi a indiqué que plus de 1 300 monnaies virtuelles sont enregistrées sur différents marchés boursiers et que, depuis 2011, il y a eu au moins trois douzaines de cambriolages d’échanges de crypto-monnaie. Près d’un million de Bitcoins, équivalent à plus de USD 4 milliards, ont été trouvées manquantes entre octobre 2011 et avril 2017.  
Tout en prônant une approche prudente, la BoM, a affirmé le gouverneur, a déjà envisagé d’opter pour la technologie blockchain dans certains domaines spécifiques de ses opérations. Mais, a-t-il soutenu, pour ce qui est des monnaies virtuelles, il y a un très gros point d’interrogation dans la communauté des banques centrales.
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a relevé, dans son allocution, la contribution de la BoM au développement économique du pays. L’évolution de la banque centrale est intrinsèquement liée au développement du pays, selon lui. La BoM, a poursuivi le chef du gouvernement, « a joué un rôle crucial dans la transformation du pays d’une économie basée sur la monoculture à celle d’une économie à revenus intermédiaires élevés reposant sur les services ». Et de lancer : « La nation mauricienne doit être fière des progrès socio-économiques, surtout que le pays ne dispose pas de ressources naturelles et que, de par sa position géographique, il est loin de ses marchés. »
Le gouvernement, a fait comprendre le Premier ministre, est résolu à enlever les goulots d’étranglement persistants au développement des affaires. Pravind Jugnauth a énuméré certaines réformes apportées au cadre de facilitation des affaires, permettant à Maurice de progresser de 24 places dans le dernier classement “Ease of Doing Business” de la Banque mondiale. Pravind Jugnauth s’est dit confiant qu’avec la conjoncture actuelle et les projets que le gouvernement mettra en chantier très prochainement, la croissance économique dépassera les 4%. Tout en mettant l’accent sur l’indépendance de la banque centrale, le Premier ministre a fait ressortir que la stabilité financière du pays est « très importante ». Le pays, a-t-il conclu, « doit être fier des réalisations de la BoM ». La banque centrale, a-t-il rappelé, est le « gardien de la morale économique ».

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