MV Benita : Opération de dynamitage au préalable

Dix jours après le naufrage sur les récifs au large de Mahébourg du MV Benita, jaugeant quelque 45 000 tonnes, et battant pavillon libérien, de nouvelles dispositions de sécurité ont été prises dans la zone sinistrée. Ainsi, depuis hier matin, un rayon d’un mille autour du cargo en détresse et de l’Îlot Brocus a été décrété No Go Area pour les pêcheurs et autres membres du public, sauf pour les spécialistes engagés dans les étapes menant au renflouage. La raison principale de cette interdiction concerne la sécurité. Depuis la fin de la semaine dernière, les Salvors et responsables de Five Oceans Salvage de même que les membres de la cellule de crise sont confrontés à un autre grave problème avec le cargo. La coque a été perforée sur une distance d’au moins un mètre cinquante au niveau de la cale No 5 avec pour conséquence que l’eau atteint une hauteur d’au moins cinq mètres à l’intérieur. Des démarches ont été entreprises avec l’une des plus importantes sociétés internationales, spécialisées dans le « Marine salvage, explosive cleaning and demolition », DEMEX, approchée pour le dynamitage de ce bloc de roches basaltiques du récif en vue de libérer le MV Benita avant toute opération de renflouage.
La décision d’interdire des mouvements d’embarcation et d’hommes, autres que ceux engagés dans les différentes opérations liées au renflouage du cargo libérien, a été entérinée lors de la réunion de la cellule de crise présidée par le capitaine Noël de la Shipping Division. Cette décision a été prise par mesure de sécurité en prévision des prochains exercices de nature délicate devant être exécutés. Ainsi, après l’interdiction de route activité de pêche dans les eaux de la zone sinistrée et des environs depuis la semaine dernière, les mouvements de pirogues ou autre dans un périmètre d’un mille sont interdits.
Un communiqué émis hier par la police est des plus catégoriques : « In view of salvage operation in progress at Le Bouchon, the public and other member are advised not to close Ilot Brocus and surrounding of grounded vessel MV Benita up to a radius of one mile due to security reason except for those who are involved in the salvage operation and oil spill team ». En vue d’assurer un meilleur contrôle de l’accès à cette zone considérée comme étant dangereuse pour toute présence humaine, la cellule de crise devra communiquer chaque jour à la National Coast Guard, dont des membres du personnel effectuent des patrouilles en mer, la liste de ceux autorisés par la Salvage Team pour des besoins professionnels.
À partir de cette semaine, avec l’opération de pompage d’huile lourde à bord du cargo presque arrivée à terme et éliminant les risques d’Oil Spill dans le lagon, les Salvors de Five Ocean Salvage, les Naval Architects, qui ont installé leur base d’opération à l’hôtel Holiday Inn de Plaine-Magnien, doivent résoudre un grave problème avant de décider du Refloating du bateau. « Dans l’immédiat, nous avons à éliminer cet énorme rocher basaltique, qui a transpercé la coque du cargo à la hauteur de la cale No 5. L’effet direct est que le niveau d’eau à l’intérieur atteint déjà cinq mètres. Il serait quasi suicidaire de vouloir tenter de déplacer le cargo dans cette situation car les risques ne seraient trop énormes », fait-on comprendre dans les milieux autorisés de la cellule de crise.
Depuis la confirmation de la perforation de la coque par cet énorme rocher, des contacts ont été établis avec des spécialistes de dynamitage en mer après consultations avec les responsables de la Special Mobile Force. « Nous ne pourrons pas avoir recours à une explosion de ce rocher à l’intérieur cargo avec le risque de faire tout sauter en l’air. La technique de l’implosion sera privilégiée et des spécialistes américains en la matière ont été sollicités à cet effet vu que cette expertise n’est pas disponible dans la région », ajoute-t-on dans les milieux officiels.
Un représentant de la société américaine DEMEX, ayant « the reputation as the most experienced supplier of explosives services for the platform salvage market », débarquera à Maurice tôt demain matin pour une évaluation de la situation en vue de déterminer le plan de travail. Le calendrier de travail dépendra du rapport qui sera soumis à la cellule de crise lors de sa réunion de demain après-midi au plus tôt.
Toutefois, aucune urgence dans la conjoncture par rapport au Refloating plan. Le second remorqueur d’une plus forte capacité, le Coral Sea Flos, qui était attendu à Maurice jeudi a subi des retards. Ce remorqueur, appartenant à la Five Ocean Salvage et qui se trouvait à Dubaï, n’arrivera que samedi en raison du mauvais temps. De ce fait, l’étape effective du renflouage ne pourra être envisagée qu’à partir du début de la semaine pour coïncider avec la prochaine grande marée du début de juillet.
Cette semaine devra voir également un renforcement des équipes de soudeurs et d’ajusteurs à bord du MV Benita. Le but est de souder toutes les ouvertures que ce soit au niveau des cales ou des compartiments en vue de les rendre étanches pour l’ultime étape. Dans la journée d’hier, le capitaine Barbeau du Bureau du Port, accompagné d’autres membres de la cellule de crise, a effectué une tournée sur le bateau en détresse en vue d’avoir une meilleure appréciation du travail qui est abattu par différentes équipes.
Avec quelque 110 mètres cubes d’huile lourde et de polluants enlevés du MV Benita au week-end dernier, l’exercice mené en étroite collaboration avec les pilotes à bord des unités de la Police Helicopter Squadron, « les derniers litres de carburant du cargo sont actuellement pistés » avec des Skimmers en opération dans les cales pour éliminer les Oil patches et autre Sludge, susceptibles de relancer la psychose de la pollution au sein de la population du Sud-Est et surtout les membres de la communauté des pêcheurs. Rappelons que de mercredi à vendredi de la semaine dernière, les quatre unités de l’Helicopter Squadron, soit le Druv, les deux Chetak et le Fennec, ont effectué plus de 220 rotations pour enlever quelque 80 000 kilos de Hazardous oil et transférer quelque 85 650 tonnes d’équipements hors du bateau.

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