National Youth Parliament : la violence domestique et les droits des LGBT à l’agenda

La première partie des travaux du National Youth Parliament a été axée sur l’égalité des genres. La ministre de tutelle de circonstance, Luxshinee Maudhoo, a en effet présenté une motion en vue d’élaborer des mesures pour combattre la discrimination entre les genres ainsi que la violence domestique. Les parlementaires des deux côtés de la Chambre se sont exprimés sur la question. La représentativité féminine au Parlement et dans les instances de décision, les différentes formes de violence dans le couple ainsi que les droits de la communauté LGBT ont été au centre des débats.

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Pour cette première édition du National Youth Parliament, 82 jeunes, sur un total de 379 demandes, ont été retenus. Ils ont eu droit à trois jours de formation par le personnel de l’Assemblée nationale. Cette session spéciale du Parlement s’est tenue avec Pouvarajen Canjamalay dans le rôle du Premier ministre, Nabil Khodabaccus comme leader de l’opposition, Zakaria Bawamia en tant que Speaker et Christelle Li San Cheung en Deputy Speaker. Luxshinee Maudhoo, qui occupait le rôle de ministre de l’Égalité des genres, a présenté sa motion en mettant en avant le fait que les femmes ont les mêmes droits que les hommes. Elle a ainsi proposé un “gender quota” visant à avoir plus de femmes au Parlement, l’objectif visé étant la parité, à 50-50, dans le long terme. Elle a aussi mis en avant que l’égalité des genres sera atteinte avec la collaboration des hommes. Elle a également plaidé pour des mesures plus fortes contre la violence domestique et la reconnaissance des droits de la communauté LGBT.
Les différents membres de l’opposition et de la majorité qui se sont exprimés sur la question ont mis en avant le fait que l’âge légal du mariage doit aussi être une priorité. L’accent a également été mis sur le viol conjugal, « qui mériterait d’être considéré comme un viol tout court », et sur le fait que la loi en ce sens devrait être revue. Le rôle des médias pour un changement des mentalités a aussi été évoqué.

Si tous sont d’accord pour œuvrer en faveur de l’égalité des genres, ils ne sont cependant pas sur la même longueur d’ondes quant aux moyens d’y parvenir. Les députés de l’opposition ont ainsi remis en question la question de quota à l’Assemblée, se demandant ce qu’on faisait de la méritocratie. Et de faire ressortir que des femmes en plus à l’Assemblée n’allait pas faire reculer les mentalités dans une société patriarcale. « Il faut trouver des moyens pour combattre cette mentalité au lieu de se contenter de la parité sur le nombre. »

Dans les rangs de la majorité, ministres et députés ont mis en avant le fait que l’introduction d’un quota ne constituait qu’une première étape vers l’égalité et qu’à la longue, les mentalités devront évoluer. Ils ont cité l’exemple des Seychelles, où il n’existe aucun quota, mais où les femmes sont bien représentées à l’Assemblée et dans des postes à responsabilités.

S’exprimant sur la tenue de cette première édition du Parlement des jeunes, la Speaker, Maya Hanoomanjee, a déclaré qu’un tel exercice existe déjà dans d’autres pays et que « c’est notre devoir de former nos jeunes au procédé démocratique » qu’est le Parlement. « Cela leur donne également l’occasion de s’exprimer sur des sujets qui les concernent et nous allons prendre leurs idées en considération. »

Pour Pouvarajen Canjamalay, qui a assumé le rôle de Premier ministre : « Il s’agit d’une bonne initiative pour les jeunes. Nous voulons, à travers cette plateforme, partager nos idées avec les parlementaires. Personnellement, j’ai toujours été intéressé par la politique. J’ai récemment représenté le pays au Parlement des jeunes en Ouganda. »

Nabil Khodabaccus a, lui aussi, apprécié son rôle de leader de l’opposition, estimant qu’il s’agissait d’une expérience enrichissante. « Cela m’aidera à développer des qualités de leader. Le rôle de l’opposition, comme je le conçois, est de faire de la critique constructive. » Zakaria Bawamia a lui aussi trouvé que le rôle de Speaker était très passionnant. « C’est un rêve devenu réalité. À chaque fois je regarde les travaux à la télé. Mais là, j’ai eu l’occasion d’y participer. »

Christelle Li San Cheung, en tant que Deputy Speaker, a eu fort à faire lorsque la tension est montée à un certain moment. Elle a même dû suspendre la séance pour une quinzaine de minutes. « C’était inattendu et j’ai dû tout de suite trouver des solutions pour gérer la situation. C’est une très bonne expérience. Je me suis surtout appliquée à donner un traitement équitable des deux côtés de la Chambre. »

Bhavna Kistomohun, étudiante à l’Hindu Girls College, a également joué le rôle d’un parlementaire. Elle estime que c’est une bonne occasion de mieux comprendre comment fonctionne le monde politique. Chetanand Goboodun, étudiant du Collège du St-Esprit, estime, lui, que c’est une bonne occasion de se mettre dans la peau des parlementaires et de prendre conscience de ses responsabilités. Parlant de ce qu’il constate régulièrement à la télévision, il estime que les parlementaires doivent trouver des solutions lorsqu’il y a divergences et non se contenter du “walk out”. « Si j’ai un message à faire passer, je dirai aux parlementaires de considérer le “walk out” comme un dernier recours. La population attend beaucoup de vous, battez-vous donc pour elle. »

Lesh Gopeenauth, de la Sookdeo Bissoondoyal SSS, espère, lui, que cette expérience lui permettra de devenir un leader à l’avenir. « Cela m’a permis de développer mes capacités à débattre sur des questions d’intérêt, comme le changement climatique. » Alex Kim-Soo, du Sir Abdool Raman Osman State College, abonde dans le même sens. « J’accorde beaucoup d’importance au développement de mes capacités orales. Cette initiative est particulièrement intéressante car elle permet également l’interaction entre jeunes. Si j’étais parlementaire, je travaillerais pour trouver des solutions au problème de congestion routière, car cela devient un gros problème. » Parlant du “walk out”, il avance que c’est un moyen pour les membres de l’opposition d’exprimer leur point de vue. Toutefois, il estime qu’il faut y avoir recours dans les cas extrêmes.

« Unparliamentary words » et excès

La première partie des travaux du National Youth Parliament a pris fin hier dans la confusion. À force de vouloir être proche de la réalité, certains se sont laissés aller. Il y a d’abord eu un petit moment de « tension » entre l’opposition et la majorité, quand le leader de l’opposition a remis en question l’affirmation de celle qui représentait le ministre des Arts et de la Culture, qui avait parlé de Maurice en tant que « developing country », le leader de l’opposition lui faisant remarquer que le pays figure parmi les plus développés en Afrique. La Deputy Speaker a même dû interrompre la séance pour quelques minutes.

Jusque-là, tout allait bien, mais à la reprise, il y a eu une série d’interruptions inutiles, avec des « points of order » qui n’en étaient pas des deux côtés de la Chambre. À un certain moment, on a même entendu un participant représentant un ministre, qui s’était déjà fait remarquer à plusieurs reprises au cours de la séance, lancer en direction du Whip de l’opposition : « Get to figir ! »

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