NAVIN’S COFFERS: Rs 220 M dont Rs 110 millions en devises

Après cinq jours de décompte des coupures bancaires découvertes dans deux coffres-forts, dont un oversize, et quatre valises, le compte officiel est tombé peu après 19 heures, hier, au QG du Central CID. Le patron de la Crime, l’assistant commissaire de police Heman Jangi, qui avait à ses côtés ses principaux lieutenants, a confirmé que le montant comptabilisé est de Rs 220 millions, dont Rs 110 millions en devises étrangères, soit substantiellement le chiffre mentionné dans la charge provisoire logée samedi dernier devant la Bail and Remand Court contre l’ancien Premier ministre.
Après huit jours sous d’extrêmes pressions quotidiennes, depuis son arrestation sous haute pression à sa résidence à la rue Desforges, le suspect Navin Ramgoolam pourra disposer d’un week-end pour souffler et surtout élaborer et peaufiner en compagnie de son panel de conseils légaux, mené conjointement par Mes Yousuf Mohamed, Senior Counsel, et Gavin Glover, la ligne de défense à être adoptée lors des séances d’interrogatoire à être fixées dans les jours à venir. Entre-temps, les informations compilées dans un file rouge récupéré dans un des coffres-forts de Navin Ramgoolam sont considérées comme étant plus explosives et accablantes que les Rs 220 millions faisant l’objet du délit présumé de Money Laundering.
L’exercice d’inventaire des coupures bancaires recouvrées à River Walk dans la nuit de vendredi à samedi de la semaine dernière a pris fin vers 18 h hier. Mais le suspense quant au montant exact a été maintenu le temps que les formalités d’usage ne soient complétées à l’intérieur de l’OPS Room du Central CID et que Navin Ramgoolam ne quitte les Casernes centrales. Entre-temps, pour la première fois depuis l’ouverture de cette enquête, Me Gavin Glover a délaissé son mutisme pour s’adresser à la presse, sans faire mention du montant saisi.
« L’exercice initié par la police a pris fin. Sur conseil de ses hommes de loi, Navin Ramgoolam ne fera aucun commentaire public jusqu’à la conclusion de l’enquête. Nous allons respecter le secret de l’instruction et nous espérons que tel sera le cas pour les autres parties concernées », a déclaré Me Glover avant de s’engouffrer dans sa voiture alors que l’ancien Premier ministre se trouvait encore dans les locaux du Central CID. Il était 18 h 22.
Moins d’une heure plus tard, Navin Ramgoolam quittait les Casernes centrales après l’une des semaines les éprouvantes de sa carrière d’homme public. Dans une déclaration officielle à l’entrée principale du Central CID, l’ACP Jangi confirmait que le montant saisi était de Rs 220 millions. « Depuis le week-end dernier, la police avait saisi deux coffres-forts et quatre valises en la résidence de Navin Ramgoolam. Nous avons compté les billets de banque pendants plusieurs jours et nous sommes arrivés à la fin de l’exercice ce (vendredi) soir. Le montant est de Rs 220 millions, soit Rs 110 millions en devises étrangères et Rs 110 millions en roupies mauriciennes. Je tiens à remercier le staff du Central CID, de la Special Supporting Unit, qui ont été appelés à coopérer et les membres de la presse, qui ont agi avec professionnalisme », a déclaré en substance l’ACP Jangi.
L’interrogatoire de Navin Ramgoolam, que ce soit pour le délit provisoire de blanchiment de cette somme de Rs 220 millions, pour l’inculpation de Conspiracy dans la Roches-Noires Saga avec des incidents à son campement dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011 ou l’accusation d’incitation à la haine raciale suite à son discours à la Doha Academy ou encore l’affaire de l’enregistrement diffusé d’un meeting de l’alliance PTr/MMM en décembre dernier à Rivière-du-Rempart, n’est pas prévu pour le week-end. En début de semaine, le Central CID prendra contact avec les hommes de loi du prévenu pour communiquer le calendrier de travail.
Dans l’immédiat, la priorité aux Casernes centrales est de mettre au point le contenu du Referral à être soumis à l’Office of the Director of Public Prosecutions pour le compte de l’Assets Recovery Unit ou encore pour les besoins de la Financial Intelligence Unit (FIU). De ce fait, il faudra s’attendre à voir les premières demandes de Freezing Order sur les avoirs d’un ancien Premier ministre être logées devant des juges siégeant en référé dès la semaine à venir. Les limiers de la Special Cell, menés par le surintendant Mannaralm et l’assistant surintendant de police Rugbur, devront profiter de cette accalmie pour revoir leurs notes et mettre au point les grandes orientations de l’audition Under Warning de Navin Ramgoolam.
Si l’ACP Jangi a confirmé la présence de documents dans les coffres-forts de Navin Ramgoolam sans pour autant révéler le moindre détail sur la teneur, d’autres sources, aussi fiables, soutiennent que les informations consignées dans un file rouge sont autant explosives que les Rs 220 millions récupérées par la police. Ces détails pourraient orienter les enquêteurs de la police sur la piste des « sources of alleged tainted funds » avec des éléments précis sur les circonstances de la remise de ces importantes sommes d’argent.
Avec la thèse accréditée par la police que ces fonds représentent des « Proceeds of bribe and corruption », il n’est pas à écarter que les montants pourraient coïncider avec la période d’octroi de permis pour le démarrage d’importants projets dans le secteur public ou exécutés par le secteur privé. En fin de semaine, aucune des sources approchées n’a voulu s’aventurer pour confirmer ou infirmer ce détail.
Toutefois, dès le début de la semaine prochaine, le Central CID compte ouvrir une nouvelle brèche dans cette affaire avec un examen méticuleux des contrats de location des magasins de luxe alloués à et opérés par Nandanee Soornack et consorts dans des shopping malls. Les initiés avancent que cette démarche constitue l’avenue susceptible de confirmer l’identité de ceux qu’ils pourraient considérer comme des pourvoyeurs de fonds corrompus à la classe politique.
À ce stade, la partie n’a pas encore été engagée car Navin Ramgoolam peut contempler l’option de défense de dire à ce stade de l’enquête que « tout ce que j’ai à dire, je le dirai en Cour… »

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