Négligence médicale alléguée : « Mo’nn al lopital pou mo bébé mor dan mo vant », pleure Yashna Gooljar

Malgré toute la reconnaissance et les félicitations légitimement décernées au personnel médical ces derniers temps, les cas de négligence alléguée continuent toujours dans ce milieu. Après les parents du petit Grégory Botte, 12 ans, décédé à l’hôpital de Flacq après une injection, la semaine dernière c’est une mère qui a accouché d’un bébé mort-né à l’hôpital SSRN qui crie à la négligence. Elle demande aux autorités d’enquêter pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de son enfant qu’elle a enterré le vendredi 22 mai.

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Cela fait bientôt un an que Yashna et Kushal sont mariés. Le 31 mai, Yashna Gooljar aurait été la plus heureuse des femmes. Elle s’attendait à fêter pour la première fois la fête des Mères. Une occasion qu’elle a maintes fois évoquée avec son époux Kushal, de qui elle attendait un cadeau pour ce jour spécial des mamans. Mais le plus beau cadeau, elle devait le recevoir le 22 mai. Du moins à quelques jours près. Cela faisait neuf mois qu’elle attendait. Mais à la place de la joie de son cadeau, c’est un cœur déchiré qui l’anime aujourd’hui. Le 21 mai dernier, Yashna Gooljar a accouché d’un mort-né. Cela, alors que pendant toute sa grossesse, elle n’a eu aucune complication. Quelques heures à peine à son arrivée à l’hôpital, son bébé était en parfaite santé, l’a assuré le personnel médical. Que s’est-il passé ?

Pour Yashna Gooljar et son époux Kushal, « akoz zot inn en fou pa mal ek moi kinn arrive sa. Kan mo ti pe kriye, zot ti pe dire moi attan. Mo leker désiré parski mo pa finn resi gagne mo ti baba. »

Tout était prêt pour accueillir le bébé

À Notre Dame où habite le couple Gooljar, le temps s’est arrêté. Vendredi, la famille a incinéré le corps d’un petit être qui devait faire la joie de toute la maisonnée et au-delà. C’était une petite fille. La première après de longues années. « Dans nou fami, pena tifi. Plis ti garcon. Sa ti pou enn trésor pou nou », disent les proches. Et les préparatifs pour l’arrivée de ce « trésor » allaient bon train. Elle devait naître le 22 mai. Tout, couches, grenouillères, bonnets, chaussons, moustiquaire, chauffe-biberon, baignoire, était prêt pour l’arrivée du bébé. Malgré le confinement. « J’ai fait de mon mieux pour que mon bébé ne manque de rien lorsqu’il naîtrait. Malgré le confinement, tras-trasé mo’nn aster so bann zafer », dit Yashna Gooljar.

Elle avait hâte que le grand jour arrive. D’ailleurs, toute la famille pensait qu’elle accoucherait samedi dernier lorsque Yashna, ne se sentant pas très en forme, est admise à l’hôpital du Nord où elle a suivi pendant neuf mois son traitement de grossesse sans aucune maladie, sans aucune tracasserie. Mais c’était une fausse alerte. Elle avait un problème de tension artérielle. Les différents médecins qui l’auscultent durant son séjour jusqu’à lundi dernier à l’hôpital du Nord la garantissent que tout va bien et que le bébé est en pleine forme. « Zour mo’nn gagn décharge, deux spécialistes ki ti la la, ek zot bann zelev, inn écoute leker bébé, inn dir moi tout korek, mo kapav al lakaz », raconte la jeune femme.

Mercredi après-midi, cependant, elle perd les eaux. Immédiatement, son époux et sa belle-soeur la conduisent à l’hôpital où elle est admise en salle de maternité. Elle subit quelques examens, dont un test pour le cœur du bébé et le personnel médical lui dit que « tout korek ». D’ailleurs, lui rappelle-t-on, ce n’est que le 22 mai qu’est prévu l’accouchement. « Ou kapav atann ». Le médecin qui l’ausculte lui demande même de lui faire confiance et signe son transfert dans une salle d’admission normale.

« Bann-la ti pe guette zot série ou soit ti lor zot portable »

Cependant, vers 20h30, Yashna Gooljar ressent les premières contractions. « Boukou douler mo ti pé gagné. Mo’nn kriy nurse, zot dir moi pas presseé, atann, enn ti douler sa », se souvient-elle. Comme il s’agit de son premier accouchement, sur les conseils du personnel médical, elle prend son mal en patience. Mais la douleur devient vite insoutenable. « Mo ti pe azenou telma mo ti pé gagne douler », dit-elle. Malgré cette situation, les infirmières lui demandent d’essayer de dormir. « Elles sont venues deux, trois fois et à chaque fois elles m’ont dit que je pouvais attendre encore. Des examens qu’elles ont faits, elles m’ont dit que tout allait bien et que le cœur du bébé battait normalement », dit la jeune mariée. Or, Yashna Gooljar n’était pas pour autant rassurée. Elle se tordait de douleurs et vomissait, raconte-t-elle. Pendant ce temps, dit-elle, « bannla ti pé guet zot série ou soit ti lor zot portable. » À 2h du matin, n’en pouvant plus, elle interpelle à nouveau les infirmières. Ces dernières concèdent de faire de nouveaux examens et lorsqu’elles vérifient le battement de cœur du bébé, elles annoncent à Yashna Gooljar « leker bébé pa pé batté. »

Un coup de froid pour la jeune femme. « Comment ça le coeur de son bébé ne bat plus ? » Il est alors 3h du matin. Elle est immédiatement transférée au Labour Ward. Et ce, non sans des insultes du personnel hospitalier présent qui la réprimande « parski mo ti bizin koné ki leker mo bébé pa pe batteé ! » dit-elle. Interloquée, elle ne comprend pas comment des infirmières formées peuvent lui reprocher de ne pas avoir su que le cœur de son bébé avait cessé de battre. « Premier fois mo pe al accouché. Mo finn kriyé zot plizir fois et sak fois zot dir moi mo bizin atann. Zot pena manière kozé. Mo’nn bizin siplié zot pou prend moi compte. Zot inn checker zot inn dir moi leker pé baté tou korek. Kan mo ti pé vomi zot dir moi, bon signe sa. Après kan mo pe plis malade, lerla zot dir moi mo ti bizin koné so leker inn arrété. Kot nou pé alé ? », déplore Yashna Gooljar.

Mais son calvaire n’était pas fini. Le spécialiste n’étant pas sur place, il a fallu qu’elle attende encore plusieurs heures, soit à 7h du matin, avant d’accoucher, par voie normale, d’un mort-né. « Mo’nn al lopital pou mo bébé mort dans mo ventre », dit-elle.

« Dimounn al lopital pou gagne soins. Zot zot pe touye zanfan dimounn »

Très tôt jeudi matin, Kushal Gooljar reçoit un coup de fil de l’hôpital. « Mo ti pé pensé enn bon nouvel. Mo pa ti koné mo madam finn malade dans la nuit », dit-il. Mais au bout du fil, c’est une mauvaise nouvelle qui l’attend. Le médecin lui annonce que « mo bébé so leker inn arrété », dit-il. Sur les faits, il pense que c’est l’appareil utilisé qui était défectueux. Mais le docteur réitérera la mauvaise nouvelle. « Li dire moi arrivé sa, so cordon ombilical finn entoure dans so likou. Docter-la dire moi, arrivé sa, pa nécessaire mo ale met lanket », se souvient-il. Sur le coup, il ne fait pas attention à cette phrase, car pour lui, la douleur est trop forte. Le plus important c’est d’être auprès de son épouse. Au lieu de la joie de la retrouver, c’est dans la douleur qu’il la serre dans ses bras. Leur petite fille est morte à sa naissance. Un véritable coup de massue pour cette famille.

Vendredi, le couple a porté plainte à la police de Montagne Longue. Lundi, il ira porter plainte à la station de police de l’hôpital SSRN et également à l’hôpital pour ce qu’il considère une négligence médicale. « Si ti prend moi soin dépi monn rentré, pa ti pou arrive sa », dit Yashna Gooljar. Pour la famille, le personnel médical a failli à sa tâche. D’ailleurs, Yashna Gooljar ne serait pas la seule dans ce cas, selon sa famille, qui a appris que la semaine précédente, une autre maman a accouché d’un mort-né dans les mêmes conditions, dans le même hôpital. « Kouma zot pé travay ? Dimoun al lopital pou gagne soins. Zot zot pe touye zanfan dimounn », disent les membres de la famille Gooljar qui crie à la négligence médicale et espère que cela ne se répétera pas. « Nous pé dénoncé pou ki sa pas arrive enn lot fami. Douler la trop fort. Nou pa lé lézot madam passe par sa souffrance-la », disent Yashna et Kushal Gooljar.

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