OCEAN ECONOMY : Les gens de la mer dénoncent leur exclusion

La coalition pour une meilleure gestion de la mer, regroupant des pêcheurs, des marins, des écologistes et des organisations de la société civile, entre autres, a manifesté ce matin à Pailles où se tenait la conférence sur le thème Ocean Economy. Elle regrette que les premiers concernés par l’exploitation maritime n’aient pas été convoqués à donner leur point de vue à cet événement. Une telle démarche, selon la coalition, démontre que cette conférence n’a que des « préoccupations mercantiles et rentières. »
La coalition mise en place en 2012 pour dénoncer l’octroi des permis à des flottes étrangères, notamment celle de l’Union européenne pour l’exploitation des ressources marines, estime que « ces exploitations se font au détriment de nos ressources à travers des pratiques de pêche irresponsables, destructrices et irrespectueuses de l’écosystème marin ». Elle rappelle que la campagne de l’organisation internationale Greenpeace dans la région est venue lui donner raison sur ces points. Pour la coalition, les gens de la mer sont les premiers concernés par ces exploitations et auraient dû être au courant de ce qui se passe. Malheureusement, regrette-t-elle, ils n’ont pas été invités à la conférence.
La coalition rappelle que les pêcheurs, regroupés en association au sein du Syndicat des Pêcheurs est une organisation reconnue par le ministère de la Pêche avec lequel elle a eu plusieurs discussions. « Qui plus est, le Syndicat des Pêcheurs regroupe quelque 1 000 membres à travers l’île et ne pas l’inviter à une conférence nationale dont le thème principal est la mer est une discrimination claire faite à l’encontre de la communauté des pêcheurs dans son ensemble. Nous pouvons aussi conclure que cette discrimination s’étend aux marins puisque le Professional Seafarers Union, syndicat des marins, n’a pas non plus été convié à cette conférence. »
L’exploitation de nos ressources marines par des étrangers se fait au détriment de la pêche locale, soutient la coalition. Elle fait ressortir que les pêcheurs locaux peinent à vivre décemment de leur métier. La situation devient d’autant plus difficile avec les poissons qui se font rares. « Faute de moyen, de vision d’État et de support ils ne peuvent pêcher hors lagon. » En conséquent, estime la coalition, le peuple mauricien de ne peut jouir pleinement des ressources que procure la mer qui l’entoure.
Pour les protestataires, « au lieu de se pencher sur les potentiels capitalistiques et rentiers de notre mer, l’État aurait dû, depuis longtemps, se doter d’une flotte maritime nationale ayant pour but de répondre en premier au besoin local en poisson et autres ressources tirées de nos eaux. L’exploitation de notre mer en ce sens aurait répondu de manière pertinente et pérenne à la question de la souveraineté alimentaire. »
La coalition invite ainsi l’État mauricien à prendre des décisions « qui répondront de façon responsable, durable et efficace aux défis à venir dont Maurice, en temps qu’État insulaire aura à faire face. » Elle ajoute que « toute exploitation de nos ressources maritimes qui ne répondrait pas de façon efficace et durable à la question de la souveraineté alimentaire de Maurice, au besoin énergétique de Maurice et du bien-être du peuple mauricien ne pourra être considérée comme étant dans l’intérêt de la nation mauricienne. »
La coalition pour une meilleure gestion de la mer regroupe le Syndicat des Pêcheurs, la Professional Seafarers Union, la General Workers Federation, le Center for Alternative Research and Studies, Eco-Sud et Rezistans ek Alternativ.
 

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