OPÉRATION « LAKAZ LERWA LION »: Les Rs 220 M des coffres de Ramgoolam au menu

Compte tenu des douze inculpations provisoires logées contre lui dans le cadre de l’opération « Lakaz Lerwa Lion », initiée le vendredi 6 février dernier, l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, a effectué un come-back au QG du Central CID, ce matin, pour la reprise de son interrogatoire. Pour ce nouvel épisode, il a été accueilli dans de nouveaux locaux à l’IT Unit de la force policière où s’est installée l’escouade de limiers enquêtant sur le volet des fonds saisis dans les trois coffres-forts de River-Walk, soit un montant de Rs 220 millions sans compter les autres Rs 4 millions retrouvées dans des enveloppes séparées lors de la perquisition du CCID sous la supervision de l’assistant commissaire de police, ACP Heman Jangi. Des recoupements d’informations indiquent que l’exercice du jour sera consacré au contenu de ces coffres, notamment la provenance des Rs 110 millions en Never-Used Dollar Notes et des Rs 110 millions en coupures émises par la Banque de Maurice. En parallèle, à ce rendez-vous, les déclarations de Nandanee Soornack devant la Cour d’Appel de Bologne lors des procédures d’extradition enclenchées formellement par la partie mauricienne le 16 avril dernier, notamment au sujet de la paternité de sa benjamine, âgée de six ans, suscitent des commentaires avec le principal concerné par la controverse, en l’occurrence Navin Ramgoolam, préférant jouer sur les mots, hier après-midi, après la cérémonie marquant le 30e anniversaire du décès du « Père de la Nation », sir Seewoosagur Ramgoolam.
Petit contre-temps pour le groupe de partisans du Parti travailliste, comprenant Arvin Boolell, Patrick Assirvaden, Rajesh Jeetah, Stéphanie Anquetil, Suren Dayal et Cader Sayed-Hossen. Ce groupe, qui comprenait d’autres activistes du Labour, s’était donné rendez-vous dès 9 h 30 devant l’entrée centrale menant aux locaux du CCID en signe de solidarité envers Navin Ramgoolam. Mais le lieu d’interrogatoire, convenu entre les deux parties, soit les enquêteurs de la police et les conseils légaux, Me Gavin Glover Senior Counsel, et Me Showkat Oozeer, avait été déplacé à l’IT Unit de la police, soit à l’autre extrémité des Casernes centrales.
Quand les partisans du Labour eurent vent de ce changement de Questioning Venue, il était déjà trop tard car l’ancien Premier ministre et ses avocats y avaient déjà pénétré en vue de la nouvelle version de l’interrogatoire. Le premier dossier, qui devrait être abordé, n’était nul autre que le contenu des coffres-forts de River Walk. Mais il n’est pas à écarter que d’autres aspects, tels que les différents comptes bancaires opérés par Navin Ramgoolam, les transferts de fonds de la société Front de Mer et les sources de financement de ses multiples cartes bancaires, dont des AMEX Black Cards sans limite de dépenses, soient évoqués dans le sillage de cette nouvelle convocation.
Le rapport du FBI…
Toutefois, peu avant midi, soit moins de deux heures après, Navin Ramgoolam et ses hommes de loi devaient quitter les lieux. Dans une déclaration à la presse, Me Glover a confirmé que le CCID avait convoqué son client pour une séance d’interrogatoire sur le délit de Money Laundering suite à une des enquêtes diligentées en février dernier. « Mon client a été convoqué pour répondre à des questions sur la base de documents en possession de la police. Il y a un Disagreement entre nous et la police. Nous pensons que nous devrions avoir accès à ces documents avant que notre client ne réponde à des questions. Nous allons faire les applications nécessaires devant les instances appropriées pour avoir accès à ces documents et nous nous reverrons en janvier prochain », a déclaré à la presse le Leading Counsel de Navin Ramgoolam.
De son côté, l’ancien Premier ministre a réitéré son intention qu’il est toujours resté à la disposition de la police dans le cadre de ces enquêtes depuis le début de cette année.
À ce stade, très peu d’indications ont transpiré quant à la teneur des documents en possession du CCID pour étayer leurs dires au sujet du délit de Money Laundering. Même si des progrès auraient été accomplis sur le Never Used Dollar Notes Trail, des sources informées indiquent qu’à ce jour, le rapport officiel du Federal Bureau of Investigation (FBI) des Etats-Unis sur le trajet emprunté par ces Rs 110 millions en coupures de 100 dollars avec des séries de billets consécutifs n’aurait pas encore été versé officiellement.
Cette thèse n’exclut pas le fait que le CCID pourrait avoir été en mesure d’établir dans les grandes lignes la provenance des Rs 110 millions en dollars américains, quitte à recevoir ultérieurement la documentation officielle pour soutenir toute éventuelle accusation formelle de Money Laundering. Dans les trois coffres de Navin Ramgoolam, il y a un autre volet de Rs 110 millions en coupures de la Banque de Maurice, le leader du Parti travailliste soutenant que ces fonds représenteraient des contributions politiques et électorales au Labour.
Le mois de janvier 2016 devra voir le front des enquêtes avec Navin Ramgoolam en tant que principal protagoniste s’ouvrir de nouveau. Mais déjà, le rendez-vous du 26 janvier devant la Cour d’Appel de Bologne pour décider de l’extradition de Nandanee Soornack se précise. Avec les deux demandes formelles formulées par le Public Prosecutor italien devant la Cour d’Appel de Bologne, les autorités mauriciennes mettent la dernière main aux garanties réclamées avant toute décision sur la demande d’extradition.
« …the gamble of political asylum »
Le Public Prosecutor, intervenant devant le Full Bench, composé du chef-juge A. Pederiali, et des juges E. Frangini et D. Pasquariello, a fait une demande pour de « further investigations to obtain specific answers and concrete assurances that the person to be extradited, in case of conviction, will not be submitted to forced labour ; he also emphasized that she, who is the mother of a six-year-old daughter, must be adequately guaranteed in order to ensure the continuity of contact with parents ».
La seconde demande formelle concerne la validité du traité d’extradition entre l’Italie et Maurice signé le 5 février 1873 « in absence of further international conventions or exchange of notes between the Government of the Italian Republic and the Republic of Mauritius which attained independence on 12 March 1968 ».
Du côté de l’hôtel du gouvernement, l’échange de Note Verbale entre Port-Louis et Rome au sujet de ces deux garanties est sur le point d’être bouclé avec le document formel transmis en Italie au plus tôt avant la fin de cette année car la Cour d’Appel de Bologne devra trancher la question lors de la séance convoquée pour le 26 janvier prochain.
Même si la paternité de la benjamine de Nandanee Soornack fait actuellement débat (voir plus loin la déclaration de Navin Ramgoolam au Samadhi, hier) de même que des risques de nouveaux délits sous la Prevention of Corruption Act (POCA), dont de conflits d’intérêts, de trafic d’influence et de gratification avec les contrats d’Airway Coffee au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport et de gestion de la Mauritius Duty Free Paradise Co Ltd et des commissions de Rs 100 millions versées, la question qui se pose est si « Nandanee Soornack will take the gamble of political asylum » après l’échéance du 26 janvier à Bologne.
Affaire à suivre…

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