OPÉRATIONS « NETWAYAZ »: Les banques sous pression !

La conjugaison d’une série d’affaires font que dans la conjoncture les banques commerciales se retrouvent sous pression pour différentes raisons. De prime abord, il y a l’enquête du Central CID au sujet de la provenance des Rs 220 millions, dont les Rs 110 millions de Never-Used Dollar Bank Notes avec 38 banques et entités financières, dont des Money Changers, sous le coup d’un Judge’s Order au sujet des Dollar Dealings de ces banques depuis 2009. En parallèle, trois banques commerciales et une institution financière ont cru nécessaire de conjuguer leurs efforts en vue de sauver les meubles avec les dettes de Rs 700 millions accumulées au fil de ces dernières années par l’homme d’affaires Rakesh Gooljaury, jusqu’à 2014 un des « Close Friends » de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, devenu ensuite son « pire ennemi » pour rejoindre les rangs de Lalians Lepep sous le programme « Viré Mam ». Enfin, le No 2 de la MauBank, Asraf Esmaël, sous le coup d’une sanction de n’être pas une « Fit and Proper Person » de la Banque de Maurice, a dû avoir recours à un congé forcé le temps que toute cette question soit étudiée par le conseil d’administration de cette nouvelle banque commerciale, aspirant à évoluer dans la cour des grands.
Cela fait bientôt un mois que la juge Ah Foon Chui Yew Cheong, siégeant en référé, a émis un Judge’s Order exigeant aux banques commerciales et autres institutions, dont des Money Changers, de soumettre un relevé de toutes les transactions en dollars américains opérées à leurs comptoirs depuis 2009. Ce relevé doit comprendre le montant de chacune de ces transactions, l’identité des clients en question de même que le but déclaré de ces opérations de changes.
Les informations fournies par ces banques et Money Changers devront permettre aux limiers du Central CID sous la supervision de l’assistant commissaire de police, l’ACP Heman Jangi, d’établir la provenance de ces coupures bancaires de 100 dollars US avec des numéros de série consécutifs d’une valeur de Rs 100 millions, fonds qui ont été découverts dans les coffres-forts de Navin Ramgoolam à River Walk lors de l’opération Lakaz Lerwa Lion le vendredi 6 février 2015.
Les recoupements d’informations effectués par Le Mauricien indiquent qu’à ce jour, 30 % des 38 banques et Money Changers auront déjà soumis les informations sollicitées aux enquêteurs de la police. Dans une importante banque commerciale, toute une équipe de banquiers a été constituée en vue de compiler les données relatives aux Dollar Dealings depuis 2009. Il n’est pas à écarter que dans les jours à venir, des Reminders soient transmis aux banques concernées leur demandant d’accélérer les procédures.
Les détails soumis par les banques commerciales devront constituer la base pour une relance de l’interrogatoire Under Warning de l’ancien Premier sur cette fortune en devises étrangères et en coupures de banque locales. L’absence de ces données fait qu’à ce jour aucune date n’a encore été fixée pour un Come-Back de Navin Ramgoolam au QG du Central CID en compagnie de ses conseils légaux.
Par ailleurs, le dossier d’endettement de Rakesh Gooljaury, l’homme derrière la SICOM Tower, à Ébène CyberCity, qui abrite le siège du ministère des Services financiers et qui s’apprête à accueillir tous les services du ministère des Finances, suscite des appréhensions de trois banques commerciales, à savoir la MauBank, la State Bank of Mauritius, AfrAsia Bank et CIM. La société mère de Rakesh Gooljaury, Fashion Style, brassant un chiffre d’affaires de Rs 1 milliard, a des dettes de l’ordre de Rs 700 millions auprès de ces institutions financières.
L’une des récentes initiatives a été la nomination de BDO pour une reprise en mains des opérations de l’empire Gooljaury en vue de déterminer les moyens pour le remboursement de ces emprunts consentis par ces banques. Le travail a déjà été entamé avec des milieux proches de BDO faisant comprendre que « cet exercice n’est pas une mise sous administration » même si certains parlent de « quasi-administration ». Toutefois, ces différentes sources sont unanimes à reconnaître que « dans l’état des finances de ce groupe, spécialisé dans la gestion de boutiques de luxe dans les Shopping Malls, les banques ne devront pas s’attendre à des remboursements dans l’immédiat ».
La présence de BDO dans les locaux de Fashion Style de l’ancien partenaire d’affaires de Nandanee Soornack est interprétée comme une bouée de sauvetage pour les quelque 700 emplois à différents niveaux. La MauBank est la banque ayant le plus gros montant des dettes de Gooljaury vu qu’elle a repris les affaires de la Mauritius Post and Cooperative Bank (MPCB), le « guichet automatique de Gooljaury sous Navin Ramgoolam ».
Toujours en ce qui concerne le secteur bancaire, la MauBank, nouvelle venue dans le circuit, est secouée par l’écroulement de l’empire Rawat. Avec la publication du rapport nTan Corporate Advisory Pte Ltd sur les Ponzi-Like Schemes de la BAI, la Banque de Maurice a pris la décision de sévir en décrétant que le No 2 de la MauBank, Asraf Esmaël, n’est pas une Fit and Proper Person aux termes de la Banking Act vu que ses responsabilités de banquier sont engagées dans la falsification des Disclosure Obligations de la Bramer Bank à la BoM.
De ce fait, dans un premier temps, la direction de la MauBank a pris la décision de demander à Asraf Esmaël de prendre un congé forcé de la banque le temps que toute l’affaire soit étudiée. Toutefois, il n’est pas à écarter que la Banque de Maurice soit appelée à recommander des sanctions dans d’autres cas d’infractions des dispositions de la Banking Act et de la Bank of Mauritius Act dans les détournements de fonds de Rs 17,7 milliards au profit de Dawood Rawat, ses proches et associés.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -