ORGANISMES PUBLICS : La répression s’étend de manière dangereuse

Ils avaient promis un Freedom of Information Act. Rien à l’horizon! Il a été plus récemment question d’un Whistleblower Protection Act. Une arlésienne! Alors que, dans la pratique, c’est une toute autre paire de manches avec la répression qui s’étend de manière dangereuse et qui s’abat sur ceux qui exercent leur droit à la liberté d’expression et à leur droits tout court. La MBC, le CEB et  Air Mauritius Company Ltd sont les tristes illustrations de cette situation qui n’est pas sans rappeler les années 80 avec son Newspapers and Periodicals Act, ses syndicalistes attachés à leur lit d’hôpital et ses expulsions de prêtres trop libéraux dans leur prêche et de femmes enceintes.
Air Mauritius Limited d’abord: c’est là où la promesse de la plus grande transparence avait été faite de manière insistante. Or, le nominé politique du PMSD, Roshan Seetohul qui n’est que président à temps partiel de cet organisme d’état a agi jusqu’ici comme s’il était le PDG de la campagnie et les choses sont en train de sérieusement se détériorer à AML sur le plan des ressources humaines.
Les nominations sont faites à gauche et à droite en dépit des grands discours sur la méritocratie et les appels à candidatures. Plusieurs cas sont ainsi cités, à commencer par le choix du nouveau directeur d’AML Romesh Bhoyroo. Cet ingénieur de formation qui a été chef d’exploitation à ATOL, la compagnie créée sous Navin Ramgoolam pour superviser la création de la nouvelle aérogare, a, certes, été sélectionné après un exercice d’appel à candidatures mais ils sont nombreux à l’intérieur même d’AML à penser que ce ne fut que de la poudre jetée aux yeux de l’opinion, les dés ayant été jetés bien à l’avance et la décision déjà prise d’accorder le poste à Romesh Bhoyroo.  
D’autres cas récents de nominations suscitent bien des interrogations. On parle de celui de Sanjeev Dabeea qui a été « seconded » à ATOL sous le prétexte que AML n’en avait pas besoin mais, surprise, voilà que M. Boolkah est directement nommé à sa place sans qu’il y ait d’appel public de candidature ouvert tant aux intéressés de la maison qu’à des candidats externes et sans qu’une offre ne soit faite à celui qui occupait le poste, Sanjeev Dabeea.
Quant au cas de Swaraj Kowlessur, directement désigné comme secrétaire de compagnie dont la nomination par Roshan Seetohul fait l’objet d’une dénonciation à l’ICAC depuis octobre 2015, rien du côté de la commission anti-corruption et même pas une convocation ou une demande d’explications du président d’AML. Le dénonciateur de ce cas ne manque pas de dresser un parallèle entre cette nomination et les déboires que vient de subir Ashvin Ramdin qui a été arrêté par l’ICAC pour le délit de « public official using public office for gratification » puis libéré sous caution et autorisé à rentrer au Canada pour avoir, en 2008, nommé Raj Ramlugun comme Human Resource Manager (crew operations) à Air Mauritius.
Mais comme si tout cela n’était pas déjà scandaleux, AML songe maintenant à nommer le même Swaraj Kowlessur au poste de Administrative Manager tant d’AML que d’ATOL. Et qu’il faut savoir sur ce cadre c’est qu’il officiait comme secrétaire de compagnie de la Mauritius Duty Free Paradise.
Dufry/Frydu: lettre sans suite
Et pour rester sur le dossier des boutiques hors taxe, bien des questions se posent sur les suites de l’enquête policière initiée sur le scandale Dufry/Frydu. Selon certaines sources à AML, le CCID aurait adressé une lettre à la compagnie il y a quelques semaines demandant l’autorisation d’avoir accès à l’ordinateur de l’ancien directeur Serge Petit en vue détablir s’il y a eu des échanges qui se seraient déroulés concernant le contrat alloué à Dufry et Frydu et les boutiques de l’aéroport mais aucune suite n’a encore été donnée à cette demande des enquêteurs.
A AML, une autre source de frustration est la politique de promotion du personnel qui ne respecterait ni les recommandations du rapport Hay ni celui du « collective agreeent » entre employés et direction et qui se se ferait plus sur une base de « pick and choose » que sur celle de la méritocratie.
Mais le cas qui fait le plus jaser en ce moment à AML n’est autre que celui de la victimisation dont est l’objet celui qui a dénoncé Roshan Seetohul, le chairman à temps partiel à l’ICAC. Il lui est reproché non seulement d’avoir été à l’ICAC mais aussi d’avoir expliqué sa démarche sur une radio. Des explications en écrit lui ont été demandées.
Or, fait valoir l’employé qui s’estime discriminé et victimisé, la section 44 du Prevention of Corruption Act fait obligation à un « public official » de dénoncer tout cas de corruption soupçonné alors qu’une autre section, la 49, considère comme un délit le fait de s’en prendre à un dénonciateur qui est « protected as a witness from civil and criminal liability ». Quoi qu’il en soit, l’employé se propose de dénoncer les représailles dont il est l’objet auprès de l’ICAC.  
A la MBC, ce n’est guère mieux, les journalistes Ashok Beeharry ont été sommés de s’expliquer sur leur participation à un débat sur l’avenir de l’audiovisuel puplic organisé non pas par un parti politique mais par le Media Trust, organisme financé par le gouvernement et qui vient d’être relancé sous la présidence de Lindsay Rivière après des années d’hibernation. Les journalistes en question ont bien décidé de contester les décisions répressives de la direction de la MBC de Roshi Bhadain mais ils ont tous deux été réaffectés à des postes où ils n’auront guère le loisir d’exercer leur talent. Ils ont néanmoins sollicité tant la présidente de la République que le Premier ministre pur obtenir que justice leur soit rendue.
Quant à Rehana Gaffoor, l’ancienne victime de Dan Callikan, elle n’est pas mieux lotie sous l’actuel régime puisqu’elle a, elle aussi, reçu un avertissement pour avoir participé à une réunion publique organisée par l’Observatoire de la démocratie dont elle est la présidente. Cette sanction est d’autant plus surprenante que Rehana Gaffoor a participé, l’année dernière à deux réunions et à une émission sans que cela n’ait dérangé outre mesure la direction de la MBC.
Au CEB, c’est également un régime de terreur que l’on veut instaurer tout en vérrouillant tout ce qui s’y passe. On sait que sur l’insistance de Ravi Rutnah à l’Assemblée Nationale auprès de son leader Ivan Collendavelloo, une déposition a été consignée au CCID en vue d’initier une enquête sur les conditions dans lesquelles le leader de l’opposition Paul Bérenger avait obtenu un document sur les comptes du CEB indiquant ses profits faramineux du fait de la dégringolade des prix du pétrole. C’est en septembre que ce document avait été déposé su la table de l’Assemblée Nationale pour soutenir une demande de baisse des tarifs pour les consommateurs.
Et comme si tout cela n’était pas déjà assez scandaleux et rétrograde, voilà que le CEB a décidé d’instituer un comité d’enquête pour faire la lumière sur un autre document que s’est procuré Paul Bérenger et qu’il a déposé le 3 novembre 2015 au Parlement. Ce document est une lettre adressée par le directeur Gérard Hébrard à la Permanent Secretary du minstère des Services Publics dont la teneur porte sur le « tank farm » de Bain des Dames.
Pour enquêter, un ancien directeur adjoint du CEB, un ancien Permanent Secretary aux Services Publics et l’avocat Kanen Collunday dont la première des qualifications pour se retrouver au sein de ce comité est qu’il est des Collendavelloo Chambers. Vive la transparence!

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