PARLEMENT : Le PM s’en va en guerre contre la Grande-Bretagne sur le dossier Chagos

Il n’a pas fait dans la dentelle. Le Premier ministre s’en va en guerre contre la Grande-Bretagne sur le dossier de la souveraineté mauricienne sur l’archipel des Chagos. C’est ce qu’il a fait comprendre dans ses réponses, mardi, à l’Assemblée nationale à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition sur les nouvelles initiatives prises par le gouvernement sur ce dossier.
On aura aussi compris que, malgré les nombreuses démarches faites lors du Sommet du Commonwealth à Malte, ou dans d’autres circonstances, c’est le refus du Premier ministre britannique David Cameron de le rencontrer depuis son retour à la tête du pays qui a ajouté à la détermination du chef du gouvernement d’en découdre avec les Anglais. Quant aux négociations avec les États-Unis, Sir Anerrod Jugnauth a semblé dire qu’il n’y aura rien à entreprendre étant donné que les Américains ont toujours renvoyé Maurice à la Grande-Bretagne.
Aux questions supplémentaires de Paul Bérenger suggérant un retour aux initiatives prises entre 2000 et 2005 qui avaient abouti à un accord de principe du gouvernement britannique que toutes les îles soient retournées à Maurice, exceptée Diego Garcia et, cela, sous réserve d’un accord dans ce sens avec les États-Unis, le Premier ministre a insisté sur le fait que, désormais, c’est le jugement du Tribunal de l’ONU qui est le point de départ des nouvelles initiatives devant l’ONU et l’International Court of Justice.
La question du sort des initiatives annoncées avec pour échéance juin 2016 a aussi été évoquée par le leader de l’opposition qui a fait valoir que « if we do reach the International Court of Justice, we will have only an advisory ruling. I don’t know if the Prime Minister has looked at the number of advisory rulings that have piled up in the past, Palestine, Sahara, name it, to no effect » et que toute décision dans ce sens doit être minutieusement préparée.
« Tabling on a moral effect »
A cela, le chef du gouvernement a répondu ceci : « That is the only course that is open to us. I would like to know from the Leader of the Opposition what other course there is. I know that the advisory opinion of the International Court of Justice will not be binding. But, it will have a moral effect on UK and in the United Nations, other countries also will make use of that and we, in every other forum, wherever we go, we will raise this matter and we will do British battling on this. They pretend to be freedom lovers, fi ghters of democracy and justice, but to me it seems, their philosophy is: might Is right! »
S’agissant de Tromelin, c’est apparemment la confusion sur l’évolution du dossier mauricien. Alors que le Premier ministre est revenu avec la thèse de cogestion, sur laquelle il s’était déjà prononcé en février de l’année dernière, Paul Bérenger a soutenu que cette option a, en fait, été abandonnée par l’ancien gouvernement pour un retour à la revendication pure et simple de la souveraineté mauricienne sur ce territoire. Le Premier ministre, qui a dit ne pas être au courant de ce développement a, néanmoins, laissé entendre que si la France tarde avec la ratifi cation de cet accord sur la cogestion, Maurice n’y donnera pas de suite.
D’autres députés ont aussi participé à ces échanges. Alan Ganoo s’est préoccupé des consultations engagées avec les avocats étrangers de l’Etat mauricien avant de décider d’aller devant l’ICJ. Il a été rassuré par SAJ qui a précisé que ces hommes de loi ont été mis au parfum de la décision de Maurice de prendre la direction d’un arbitrage international sur la souveraineté mauricienne.
A Shakeel Mohamed qui suggérait que la rencontre avec le Dr Peter Hayes équivalait à une reconnaissance du British Indian Ocean Territory, le Premier ministre a expliqué qu’il avait été entendu que le visiteur venait en sa qualité de représentant du Foreign Offi ce britannique accompagné d’offi ciels pour discuter des Chagos.
Au Prime Minister’s Question Time, SAJ sera confronté à un véritable tir de barrage sur la notion « zugader » suite à des interpellations de Rajesh Bhagwan et de Ritesh Ramful sur les nouveaux permis accordés en dépit de l’annonce offi cielle d’une interdiction à ce sujet. En sus du casino de Grand-Baie, des licences ont été octroyées à d’autres opérateurs : Empowering People Ltd de Sandhya Boygah, SMS Pariaz de Jocelyn Lee Shim et Ashley Singh Jankee Ltd, de même qu’à Bosco & Co Ltd, Silversports et Value Plus Ltd, a expliqué SAJ qui a évoqué le besoin de « rétablir la justice ».
« Apre barasoi, gro barbara, aster patente! »
Rajesh Bhagwan s’est alors lancé dans un véritable réquisitoire contre deux offi ciels de la Gambling Regulatory Authority, son président et candidat battu du MSM, Raouf Gulbul dont il a établi qu’il avait été l’avocat de Michel Lee Shim, lequel a été traité de « fi nancier du MSM» et Dev Beekharry, accusé d’avoir été partie prenante des décisions prises alors que la politique offi cielle était de n’accorder aucun nouveau permis. Le chef du gouvernement a, lui, cité le conseil légal de la GRA, Antoine Domingue, pour justifi er les décisions prises.
Cela n’a pas empêché les commentaires « apre barasoi, gro barbara, aster patente ! » de fuser des bancs de l’opposition pendant que Sandya Boygah arborait un air désintéressé par les échanges en cours. Ritish Ramful est venu avec une question supplémentaire pertinente à l’effet que le conseil privé auquel avait recouru Empowering People n’avait pas donné gain de cause au plaignant, mais avait seulement statué que la compagnie pouvait poursuivre la GRA devant la Cour suprême. Surpris par cette question, le Premier ministre se contentera de dire que la GRA a suivi les avis de son conseil légal. Le Dr Sorefan, député du MP, s’est également mis de la partie pour ironiser sur le terme « Empowering People »
La tranche des questions pour les ministres a été l’occasion pour Nando Bodha de confi rmer, suite à une question du député travailliste Osman Mahomed, que le projet de métro léger est de nouveau de saison et qu’un comité technique s’y penche en vue de dégager une feuille de route qui soit dans des proportions fi nancières raisonnables.
Quant à son collègue Shawkatally Soodhun, il a eu fort à faire pour justifi er le recrutement de l’agent politique et campaign manager du MSM, Robin Appaya, comme conseiller légal de son ministère pour un salaire de Rs 95 000 et une allocation de transport de Rs 10200. Comme il s’emmêle toujours les pinceaux, le ministre a dit que l’avocat ne l’a jamais représenté personnellement, alors que tout le monde a pu, il n’y a pas longtemps, voir le neveu par alliance de Maya Hanoomanjee l’accompagner aux Casernes pour une de ses dépositions dont il a le secret.
Un moment de tension aussi lorsqu’excédé par les questions de Paul Bréanger et de Rajesh Bgawan sur le décès de Suzette Aza, le ministre Anil Gayan dira espérer que les membres de l’opposition ne soient pas en train de « faire de la politique » sur cette affaire, ce qui a eu le chic de provoquer une réaction aussi indignée que vive de Paul Bérenger qui a même menacé d’infl iger une « calotte » au ministre avant de se calmer après un appel dans ce sens de la Speaker.
La séance de mardi a également été marquée par l’entame des débats sur le National Wage Council avec les interventions de Veda Baloomoody et Eddy Boissézon après la présentation du texte par le ministre du Travail, Sudesh Callychurn. Les débats se poursuivront mardi prochain.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -