PARTENAIRE D’INTEGRITY SPORTS LTD ET PEERLESS LTD : Les activités « scandaleuses » du PMU en Afrique dénoncées par Confidentiel Afrique sur Mediapart

Dans une enquête exclusive d’Ismaël Aidara de Confidentiel Afrique, publiée sur le site d’informations Mediapart en juin 2017, les « liaisons scandaleuses et les manoeuvres du PMU Partenaire en Afrique » sont mises en lumière. Ce nouveau partenaire de deux compagnies mauriciennes, Integrity Sports Ltd et Peerless Ltd, qui ont obtenu l’autorisation d’organiser des paris sur les courses françaises à Maurice dans des conditions contestables, est accusé de pratiques douteuses sur le continent. Confidentiel Afrique, qui clame être en possession de documents exclusifs et authentiques, va jusqu’à évoquer les « dessous d’un scandale à grande échelle du PMU en Afrique sur fond de réseaux mafieux, d’extorsions d’argent, de méthodes indélicates, de monopole abusif et de pressions ». Week-End évoque les grandes lignes de cet article qui vient donner un éclairage nouveau dans le cadre de l’arrivée de PMU Moris.
À partir d’aujourd’hui, PMU France étend ses activités à Maurice à travers deux compagnies, Integrity Sports Ltd et Peerless Ltd, deux nouveaux venus dans le monde du pari hippique et qui ont apparu avec l’annonce du lancement des paris sur les courses hippiques françaises à Maurice. Jusque-là, c’est dans le secret le plus total et quelques astuces et coup de pouce politiques et légaux, peu convaincants que ce consortium se retrouve aux commandes des paris hippiques, au grand dam du Mauritius Turf Club, Automatic Sports Ltd, GlobalSports et Lottotech, qui voient apparaître un concurrent direct sous le couvert d’une scandaleuse interprétation de la GRA Act.
Les activités de PMU Moris ont été lancées vendredi en présence du controversé directeur de PMU Partenaire, Yves Vatelot, aux côtés des principaux animateurs de Peerless Ltd et Integrity Sports Ltd, d’une partie non négligeable du monde des courses mauriciennes, dont le président du MTC, Mukesh Balgobin, et les administrateurs Fayolle et Tennant, soudainement acquis à la cause de PMU Moris, de même que l’énigmatique mais toujours présent dans les coulisses Jean Michel Lee Shim, qui ne pouvait rater le départ de son plus beau succès stratégique, quoi qu’il puisse, qui n’était qu’un invité. De qui ? De lui-même ?
Enter PMU Partenaire
Autant dire que l’installation de PMU Partenaire France ne se passe pas dans les meilleures conditions. Faut-il s’en étonner lorsqu’on prend connaissance des visées de cette compagnie dans l’enquête de Confidentiel Afrique ?
L’image du PMU en Afrique a pris un sérieux coup lorsque la compagnie mère PMU France décide de privatiser le volet des paris hippiques en Afrique. Une société nommée PMU Partenaire, émanant de la compagnie PHS Luxembourg, est créée par Yves Vatelot, un viticulteur de la région de Bordeaux, qui ne disposerait « d’aucune expertise en matière de jeux en général ou de courses hippiques en particulier, pas plus selon les informations disponibles de connaissances des marchés du continent africain ». PHS détient 70 % et PMU France 30 % des actions de PMU Partenaire.
Les principes de PMU France sont basés sur le fait que les décisions majeures doivent être soumises à l’accord des sociétés des courses qui en sont les décideurs principaux et de l’État français. Ce schéma de privatisation de l’activité internationale du PMU a donc privé aux sociétés des courses locales de l’appui de leurs semblables en Europe, ce qui explique que le Mauritius Turf Club n’a pas été au préalable prévenu de l’accord secret qui se tramait dans son dos. Les multiples rencontres entre le MTC et le PMU Partenaire de ces derniers jours s’expliquent par l’implication directe des amis de Maurice, comme le président de la Fédération internationale des autorités hippiques, Louis Romanet.
 L’appât des grosses cagnottes
Ce schéma, qui écarte les sociétés de courses locales des négociations préalables, décrié par Confidentiel Afrique, serait soutenu  « par BNP Paribas, a été mis au point semble-t-il pour tenter d’imposer aux loteries nationales africaines et aux opérateurs de Paris hippiques du continent, la participation à une « Masse Commune » internationale pour les paris hippiques. Au cours de quelques présentations on a fait « miroiter » des gains sans commune mesure avec ceux qu’engendrent la « Masse Séparée » pratiquée actuellement par chaque opérateur. »
Dans l’opération Maurice pour le quinté de départ d’aujourd’hui, on a fait miroiter aux parieurs mauriciens qu’ils participent à une cagnotte de Rs 400 millions, alors que cette cagnotte est commune à environ 70 pays.
L’article publié sur Mediapart avance qu’il est « indéniable que les enjeux de type « Masse Commune » profitent en toute priorité aux joueurs dits « Professionnels » qui par leur puissance de mise et les logiciels dont ils disposent, déséquilibrent complètement les chances de gains à leur profit. C’est d’ailleurs également vrai des joueurs européens en général qui vont pouvoir jouer 10 quand le joueur africain jouera 1. Un calcul fait pour Madagascar établit un rapport de 1 à plus de 180 la capacité de mise par rapport à la France, le résultat certain sera à terme que les enjeux de l’Afrique effectués sur les courses hippiques vont se tarir car « siphonnés » par le schéma PMU Partenaire. »
Forte opposition vaine des loteries locales
Les pays africains où PMU Partenaire a finalement trouvé le chemin pour imposer son schéma, ont vu se soulever une forte opposition des compagnies de loteries africaines. Des protestations écrites ont même été adressées à PMU France avec copie aux sociétés des courses après une réunion spécifique à cet effet. L’effet a été contraire aux attentes, puisque des directeurs de ces compagnies de loteries nationales ont soit été contraints d’accepter la nouvelle donne sous menaces, soit ils ont été démis de leurs fonctions. Pour cela, des pressions ont été exercées à travers les missions diplomatiques françaises auprès des ministres et des gouvernements locaux.
Ainsi, selon Ismaël Aidara, « des partenaires historiques de PMU France, pour certains depuis plus de 20 ans, se sont retrouvés du jour au lendemain face à des concurrents mis en place par PMU Partenaire ». Dans la Grande île, PMU Madagascar, partenaire de PMU France depuis plus de 21 ans, qui employait plus de 1200 personnes, a été contraint d’enlever le logo PMU de sa marque, pour permettre à l’élu de PMU Partenaire, opérateur de casinos, de mettre sur pied son activité PMU BET.
 Les « vendanges africaines
de PMU Partenaire »

Confidentiel Afrique estime le montant des paris hippiques en Afrique à plus de 600 millions d’euros et dans le schéma proposé, en s’attribuant 20% du système Masse Commune, PMU Partenaire ponctionnerait 120 millions au détriment des opérateurs africains. Les commissions de 3% payées aux sociétés des courses ne sont que des miettes.
Le journal Le monde rapportait en 2015 la dépendance des sociétés de jeux d’Afrique subsaharienne vis-à-vis du PMU. « Les courses hippiques représentent l’offre de jeux majoritaire dans les pays africains. Cela va de 95 à 97%, très loin devant les jeux de grattage et autres tombolas. »
Toujours selon Le Monde, les responsables français du PMU veulent minimiser ce qui est rapidement devenu un monopole de fait : « Pourtant, les rares chiffres qu’ils consentent à évoquer sont éloquents. Les redevances que paient la quinzaine d’entreprises de jeux africaines, sociétés d’État ou privées, représentent 10% des revenus PMU à l’international, lesquels s’élevaient à 727 millions d’euros en 2014. Pour la même année, le chiffre d’affaires total de la société était de près de 10 milliards d’euros. En janvier 2015, le géant du pari hippique français évoquait un « léger recul » de résultats du PMU, mais en Afrique subsaharienne, il continue d’être « une grosse machine à aspirer de l’argent », termes empruntés à l’essayiste Odile Tobner, auteur en 2009 d’une étude sur « le maquis des jeux en Afrique ».
En termes de conclusion, le journaliste Ismaël Aidara de Confidentiel Afrique rappelait que les principaux reproches faits à la pénétration de PMU Partenaire, dans les paris des pays africains se résumait « à la spoliation financière, tentative d’usurpation de monopole, non-respect de l’égalité des chances de gains entre Europe et Afrique, trahison des partenaires historiques de PMU et des sociétés de courses, pressions exercées en vue de déstabiliser quelques dirigeants de loterie d’Afrique non « conciliants. »
Une preuve s’il en fallait que la face du monde des paris pourrait connaître un changement radical à Maurice, ce qui pèsera à coup sûr sur l’évolution de l’hippisme mauricien, les uns prévoyant le pire, le meilleur, les autres, ceux qui veulent mettre le grappin sur l’industrie.
 

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