Pas de développement intégré sans une éducation équitable

Le système éducatif à Maurice, tel qu’il se présente actuellement, est-il en conformité avec le principe de l’éducation pour tous ? C’est une des nombreuses questions qui sont posées actuellement dans le sillage de la publication des résultats des examens du School Certificate. Le fait que seuls 5 000 élèves sur les quelque 18 000 qui se sont présentés à ces examens seront admis en HSC donne lieu à un débat passionné concernant l’insistance gouvernementale d’imposer un minimum requis de cinq “Credits”.

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Au cœur de ce débat, se trouve non seulement l’avenir des élèves qui n’ont pas obtenu le minimum requis mais aussi la qualité de l’éducation dans son ensemble. La question est de savoir si les collèges polytechniques et les institutions de formation technique pourront accueillir tous ceux qui ne seront pas admis en HSC. Beaucoup de parents n’ont pas encore bien compris ce qu’il adviendrait de leurs enfants. Il faut ajouter à cela le fait que les collèges privés qui, pendant des années ont contribué à la formation de milliers de jeunes, sont actuellement dans l’incertitude. « Nous sommes toujours dans l’incertitude concernant l’avenir de nos établissements.

C’est clair que nous ferons face à des changements drastiques dans notre secteur qui a grandement contribué à l’éducation secondaire dans le pays. La situation nous fait peur », soulignait cette semaine Clément Wong, dirigeant de la Managers of Private Secondary Schools Union. « Le problème pour le ministre de l’Éducation est que ceux qui n’ont pas obtenu cinq Credits puissent prendre part aux examens de GCE Advance level au lieu du HSC », dira-t-il. Pourquoi cette intransigeance ? se demandent les managers – qui observent que même les collèges secondaires catholiques et certains établissements d’État connaîtront une baisse importante d’élèves en Lower Six. Beaucoup pensent que le ministère de l’Éducation, au lieu d’adopter une attitude intransigeante, aurait dû accepter de discuter avec les toutes les parties prenantes afin de trouver un compromis.

 

Les résultats des examens indiquent que quelque chose ne va pas dans notre système d’éducation. C’est un “wake-up call”, comme le souligne le vice-président de l’English Speaking Union, Kevin Pather, dans un entretien accordé à un hebdomadaire. Les chiffres publiés par le Mauritius Examination Syndicate sont éloquents à ce sujet. En prenant en compte le fait qu’il faut un minimum de 50% pour obtenir un “Credit”, on observe que seuls 44,63% d’élèves ont pu avoir un “Credit” en anglais, 49,6% en français, 44,78% en mathématiques (syllabus D). Ce qui veut dire que plus de 50% des élèves n’ont pu avoir le minimum pour obtenir un Grade 6. Il est évident que quelque chose ne tourne pas rond. Est-ce que tous les élèves ont la chance de bénéficier d’une éducation de qualité ? Toutes les institutions scolaires disposent-elles d’enseignants totalement dévoués à l’éducation des jeunes ? Quels sont les moyens de contrôle dont disposent les autorités pour s’assurer que les efforts adéquats sont entrepris pour la formation et l’éducation de leurs élèves ? Kevin Pather préconise que tous les parents, les élèves, les enseignants, les responsables des établissements et les décideurs politiques assument leurs responsabilités.

Alors que les élèves qui suivent l’éducation classique dans les institutions publiques confessionnelles et privées sont tenues de respecter les cinq “Credits” pour être admis en HSC, ceux qui fréquentent les institutions françaises ou certaines institutions privées qui ont adopté une filière menant au Baccalauréat n’ont pas les mêmes obligations et ne peuvent même pas se présenter au GCE Advance – qui peut permettre à ceux qui le souhaitent d’avoir accès à une université à Maurice ou à l’étranger. Tous les élèves du pays ne sont donc pas logés à la même enseigne alors que le gouvernement parle de développement intégré. Or, aucun développement intégré n’est possible sans une éducation équitable.

 

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