PAUL BÉRENGER : «Le gouvernement puise des gros profits du CEB et de la STC pour se désendetter»

Paul Bérenger, leader de l’opposition et du MMM, accuse le gouvernement de vouloir puiser de partout dont des énormes profits du Central Electricity Board (CEB) et de la State Trading Corporation (STC) en vue du désendettement de l’État. C’est selon lui la raison pour laquelle le gouvernement refuse une baisse générale des tarifs d’électricité. Baisse qui, comme celle des tickets d’autobus, aurait notamment été d’une grande aide aux entreprises lourdement endettées. Dans cette même démarche de contenir l’endettement public et le déficit budgétaire, le gouvernement déciderait aussi selon lui à vendre des actifs. Paul Bérenger parle, ainsi, de «petits malins» qui se positionneraient en vue d’acquérir les 8% d’actions que détient le National Pensions Fund (NPF) dans New Mauritius Hotels (NMH).
Paul Bérenger rappelle qu’il avait jugé insuffisante la précédente baisse des prix des carburants en novembre dans la mesure où, dit-il, celle-ci n’était à l’époque pas proportionnelle à la baisse des cours mondiaux des produits pétroliers. Alors que, argue-t-il, les prix sur le marché mondial ont depuis continué à chuter, la baisse des prix à la pompe une nouvelle fois consentie mercredi par le Petroleum Princing Committee (PPC) est toujours en dessous de ce qu’elle aurait dû être. Paul Bérenger cite particulièrement le cas du diesel dont le coût sur le marché mondial a chuté de manière encore plus prononcée.
Le chef de l’opposition dénonce ce qu’il considère être la “justification honteuse” mise en avant par le ministre du Transport, Nando Bhoda, pour soutenir qu’il n’y aura pas de baisse correspondante du coût des tickets d’autobus dans le sillage de cette révision des prix des carburants. S’il dit accueillir favorablement la décision de confier à l’Agence Française de Développement (AFD) la réalisation d’une étude globale sur toute la structure de financement du transport par autobus, Paul Bérenger trouve que cela n’empêche pas pour autant qu’il y ait entretemps une révision à la baisse du tarif en attendant le rapport des experts français.
 “C’est révoltant de voir le ministre Bodha s’abriter derrière l’AFD pour refuser au public voyageur une baisse du coût des tickets d’autobus”. De même, pour Paul Bérenger, à la faveur de la nouvelle baisse des prix des carburants, les tarifs d’électricité en général doivent tout aussi être revus. D’autant que, assure-t-il, le CEB a réalisé des profits de Rs 4 milliards. Une performance, entre autres, due à la baisse par 20% du coût du charbon en un an. Le leader de l’opposition ne manque par de rappeler que la contribution au Build Mauritius Fund est passée en janvier 2015 de Re 1.00 à Rs 4.00 par litre de carburant consommé.
Il réclame ainsi des comptes aux autorités quant à la somme globale qui aura depuis été puisée de la poche des consommateurs. Revenant à l’électricité, s’il considère favorablement la baisse du tarif social applicable aux plus démunis et qui est en vigueur depuis longtemps, Paul Bérenger insiste pour une baisse des tarifs en général. Une nécessité au nom de la relance du développement économique compte tenu du haut niveau d’endettement des entreprises, fait-il remarquer. Mais le chef de l’opposition a sa petite idée quant au refus des autorités d’entretenir une telle mesure qu’il a, plus d’une fois, préconisée.
 NMH : “guerre des actionnaires”
 Évoquant à cet effet les pressions exercées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour que l’État ramène à des niveaux plus supportables, d’une part, le déficit budgétaire, de l’autre, l’endettement public, Paul Bérenger dit être en présence d’informations indiquant que Rs 2 milliards des profits du CEB vont servir au remboursement de dettes avant terme. Autre “trouvaille” selon lui du ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, visant à contenir le déficit budgétaire et la dette publique : puiser de la même manière des caisses de la Sate Trading Corporation et vendre des actifs de l’État dans des institutions tels le Sugar Investment Trust et autres pour le repaiement des dettes.
 Selon Paul Bérenger, la démarche en cours n’épargnerait même pas les placements des salariés dans le NPF. Il évoque à ce propos la “guerre des actionnaires” actuellement en cours en vue du contrôle de New Mauritius Hotels (NMH), fleuron de l’hôtellerie mauricienne et entreprise du secteur touristique au sein de laquelle le NPF dispose pour 8% d’actions valant quelque Rs 1 milliard. Selon le leader de l’opposition, de “petits malins” qui auraient été mis au parfum convoiteraient ainsi les actions du NPF au sein de NMH. Faisant remarquer qu’il s’agit là de “l’argent des salariés” et non de celui du gouvernement, il appelle les syndicats à réagir. “Voilà où nous a menés la mauvaise gestion par le gouvernement de l’endettement public !” s’insurge-t-il.
Revenant à la question des prix des produits pétroliers, Paul Bérenger trouve que celui du gaz ménager aurait dû tout aussi baisser, même s’il explique que la baisse du cours mondial de ce combustible a été plus faible que celle des carburants. Le leader de l’opposition reconnaît de manière générale que c’est l’ancien mode de calcul mis au point sous le précédent gouvernement Ramgoolam qui rendait “impossible” toute baisse des prix à la pompe des carburants. “Nous avons longtemps demandé qu’un nouveau mode de calcul soit conçu et le présent gouvernement a enfin fni par charger de formule”, rappelle-t-il. Mais dans le cas présent, Paul Bérenger insiste sur le fait que le prix du diesel aurait dû baisser par “au moins Rs 5.00 le litre” contre la baisse de Rs 3.25 décidée mercredi par le PPC.
La décision du gouvernement d’interdire subitement l’exportation de la vieille ferraille fait par ailleurs l’objet de commentaire du chef de l’opposition. Paul Bérenger souligne qu’il s’agissait là d’une activité longtemps en cours et qui s’est transmise de père en fils. “S’il s’averait, dit-il, qu’il y a effectivement des fraudes dans ce commerce, notamment au niveau des douanes, les autorités n’avaient qu’à les réprimer”. Il considère ainsi “injuste” l’interdiction pure et simple de ce commerce. D’autant que, dit-il, l’on ne peut empêcher l’opinion publique de soupçonner, “à tort ou à raison”, que la décision prise n’aurait pour but que de favoriser une fonderie en particulier.
 Esclavage : “Une épine adressée à XLD”
En vue d’une solution plus acceptable, le leader de l’opposition suggère le gel de la décision d’interdire l’exportation en attendant que la Competition Commission qui, dit-il, dispose depuis peu d’un “professionnel compétent” à sa tête, fasse des recommandations au terme d’une enquête complète sur tout ce commerce de la vieille ferraille.
Paul Bérenger revient aussi sur le cas de l’informaticien Ish Sookun, particulièrement du “dominer” dont ce dernier aurait été victime de la part de la police. “Le MMM ne lâchera pas prise toute cette affaire”, prévient-t-il. “La police aura à rendre des comptes au cas où le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) décidait finalement d’abandonner l’affaire”, déclare le leader de l’opposition. Il associe au cas du jeune Sookun celui du couple Ruhomally, interpellé dans l’affaire d’une fausse facture alléguée au nom du ministre Showkutally Soodhun qui aurait été written off. Paul Bérenger se demande à ce propos pourquoi la police a choisi de retenir une charge provisoire de breach of ICT Act plutôt que celle de faux et d’usage de faux contre le prévenu, “une personne respectable”, et sa compagne.
Sans qu’il ne se prononce sur l’authenticité des factures concernées, Paul Bérenger s’interroge quand même. “Quand la police se décidera-t-elle à aller tout vérifier auprès d’Apollo Bramwell Hospital et d’Iframac ?” Ce dernier, qui appelle le commissaire de police, Mario Nobin, à mettre fin à ce qu’il considère être une “utilisation abusive par la police du Prevention of Terrorism Act et de l’ICT Act”, trouve dans cette dernière affaire une similitude avec l’arrestation de l’actuel ministre des Sports, Yogida Sawmynaden, sous le précédent gouvernement Ramgoolam.
Interrogé, le leader du MMM trouve par ailleurs que plutôt que d’être une fleur adressée en sa direction, la déclaration du Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, reconnaissant sa contribution dans la décision du gouvernement MSM-MMM de 2000-2005 de décréter jour férié le 1er février, date de l’abolition de l’esclavage est, davantage “une épine qu’il a pointée en direction de Xavier Duval ! Selon moi, à ce propos, quelqu’un a bien voulu emmerder Duval !”
S’agissant du retour de Vishnu Lutchmeenaraidoo au MSM, Paul Bérenger affirme que ce dernier, qui était bien mal vu au Sun Trust Building, pense pouvoir mieux se faire accepter par le MSM en adhérant à ce parti.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -