Paul Bérenger s’oppose au calcul de la dette publique et du défi cit budgétaire

En marge de la présentation du prochain budget national, Paul Bérenger, leader du MMM, s’oppose au mode de calcul de la dette publique et du défi cit budgétaire et parle de « manipulation des chiffres ». Il dénonce le recours aux Special Purpose Vehicles pour « camoufler », dit-il, le défi cit budgétaire.

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Le chef de file des mauves dénonce la non-comptabilisation de gros emprunts pourtant garantis par le gouvernement dans les chiffres offi ciels. « Demain, ce sont les enfants de nos enfants qui auront, finalement, à rembourser les dettes de l’Etat », ne manque-t-il pas de mettre en garde.

Paul Bérenger remercie d’abord Me Shamila Sonah-Ori pour s’être désistée comme candidate à une double nomination à l’Electoral Supervisory Commission et à l’Electoral Boundaries Commission. Il rappelle que jusqu’en 2003, le président de la République nommait les membres siégeant sur ces deux commissions « sur les conseils du Premier ministre » et après que ce dernier a consulté le leader de l’opposition. Ce qui lui fait dire que, dans les faits, c’est le Premier ministre qui choisissait ceux qui allaient siéger sur ces commissions.

Le leader du MMM indique que, dans un souci de soustraire ces importantes nominations de tout soupçon de politisation, cette attribution a été enlevée de celles du Premier ministre en 2003 pour être conférée au président de la République. « La disposition relative de la Constitution fut, ainsi, amendée pour que ce soit le président qui nomme de plein droit les membres de ces commissions après consultation, non seulement avec le leader de l’opposition, mais aussi avec les leaders de l’ensemble des partis représentés à l’Assemblée nationale », souligne Paul Bérenger.
Il rappelle que dans le cas présent, le président p.i. (NdlR : qui dispose de tous les pouvoirs d’un président attitré de la République) a omis de consulter les leaders des partis représentés au Parlement. Le leader du MMM rappelle que ce transfert d’attribution du Premier ministre au président de la République est intervenu en 2003 à la veille de son investiture comme Premier ministre pour succéder à Sir Anerood Jugnauth.

« A l’Assemblée nationale, le 5 août 2003, je me souviens d’avoir, alors, donné mon consentement à ce renforcement des attributions confiées au président de la République et d’avoir déclaré qu’un tel changement était dans l’intérêt de la démocratie », se rappelle Paul Bérenger. Entre autres importants pouvoirs dont dispose la présidence de la République, il cite celui de demander au Conseil des ministres de reconsidérer toute décision prise.

L’affaire Sonah-Ori : « A quelque chose, malheur est bon ! »
Il évoque de nouveau en exemple, dans ce cas, la possibilité qu’avait le président p.i. de demander au Cabinet des ministres de reconsidérer son choix de nommer trois juges en fonction pour siéger sur la Commission d’enquête chargée d’établir toute possibilité d’inconduite de l’ancienne présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, dans l’exercice de ses fonctions présidentielles.
Paul Bérenger trouve qu’au final, tout le remue-ménage constitutionnel autour de cette affaire Sonah-Ori aura, au moins, servi à mieux faire connaître des aspects fondamentaux de la Constitution « pour le bien de la démocratie ». « A quelque chose, malheur est bon ! Au moins, cet épisode aura permis au président de la République p.i. de prendre la pleine mesure de ses prérogatives », estime le leader du MMM.
Interrogé, ce dernier déclare ne pas faire grand cas des remarques du leader du PTr à propos des pouvoirs que ce dernier juge déjà « trop conséquents » du président de la République. « Il est difficile, ces jours-ci, de prendre Navin Ramgoolam au sérieux », déclare-t-il.

Paul Bérenger réitère, d’autre part, sa condamnation de ce qu’il présente comme le « cadeau de Rs 15 millions » fait à l’ancien ministre MSM, Raj Dayal, d’autant que, selon lui, les documents publiés par un confrère, vendredi, viendraient établir qu’il s’agirait d’une « faveur ex gratia ». Il rend le gouvernement responsable de tout cela et a particulièrement dans le viseur l’Attorney General, Manish Gobin.
Le leader du MMM note que c’est 20 jours seulement après avoir remplacé Ravi Yerigadoo comme Attorney General que Manish Gobin a donné son feu vert pour que toute l’affaire soit référée à la Mediation Division de la Cour suprême. Et que des directives auraient été données en vue de faire tout le contraire de ce qu’avait suggéré le conseil légal du gouvernement. Aussi, Paul Bérenger se dit-il favorable à la motion de censure que le chef de file du PTr, Shakeel Mohamed, se propose de présenter contre l’Attorney General.

Par ailleurs, à la veille de la présentation du Budget 2018/2019, Paul Bérenger accuse le gouvernement de « manipulation des chiffres » à un point tel que, « plus personne ne prend au sérieux les chiffres officiels avancés, surtout ceux du déficit budgétaire et de la dette publique ». Certes, il dit accueillir favorablement l’élimination des fonds spéciaux qui avaient été créés sous l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen. Il rappelle que l’argent de ces fonds a, depuis, été intégré au budget national.
Marche des Fiertés : « Non aux menaces et à la violence »
Paul Bérenger note, toutefois, que dorénavant, c’est l’astuce des Special Purpose Vehicles qui est utilisée pour camoufler le véritable déficit budgétaire. « Des milliards qui sont dépensés par des sociétés d’Etat pour, par exemple, le Metro Express ou le Safe City Project à partir d’emprunts pourtant garantis par le gouvernement, ne sont pas comptabilisés dans le déficit budgétaire », s’insurge-t-il. Or, dit-il, si l’on ajoute le tout pour 2017/2018, il est évident que le taux de notre déficit budgétaire dépasserait les 4 % du Produit intérieur brut (PIB) alors même que le seuil mondialement à ne pas franchir n’est que de 3 % du PIB.

Le leader du MMM soutient qu’il en est de même de la dette publique. Il explique que selon les normes établies par le Fonds monétaire international (FMI), des emprunts contractés par des organismes, tels le Central Electricity Board (CEB), la WastWater Management Authority (WWMA) ou la Central Water Authority (CWA), et garantis par le gouvernement, auraient dû être comptabilisés dans la dette publique.
Paul Bérenger explique que c’est le même subterfuge pour des prêts contractés par Mauritius Telecom (MT), la MauBank ou SBM Ltd et toujours garantis par le gouvernement. Il souligne que la dette publique était déjà évaluée à 62, 9 % du PIB à mars 2018, alors que le seuil à ne pas dépasser est de 60 % du PIB. Le leader du MMM exclut de cela ce qu’il appelle les « contingent liabilities » à l’instar « des milliards » qui pourraient bien être payés à Betamax, par exemple.

Il dit ainsi son opposition au mode de calcul de la dette publique et du déficit budgétaire. Citant en exemple le gros emprunt contracté par MT pour le projet Safe City, il ne manque pas de souligner que ce sont, au final, les abonnés de la société d’Etat qui devront casquer. « Quand on parle de la dette publique, il ne faut surtout pas oublier qu’à l’avenir, ce sont nos enfants et les enfants de nos enfants qui auront à tout rembourser », a-t-il souligné.

Notons qu’en marge de la Marche des Fiertés qui s’est tenue hier au Caudan par le Collectif Arc-en-Ciel (CAEC), Paul Bérenger lançait un appel « pour le respect d’autrui ». « Que l’on dise, tous, non aux menaces et à la violence », a-t-il déclaré. Non sans avoir aussi regretté ce qu’il qualifie de « zigzag » de la police pour avoir d’abord interdit la marche, pour ensuite l’autoriser. Ce qui, selon le leader du MMM, a pu donner le sentiment à certains qu’ils auraient été « menés en bateau ». Quoi qu’il en soit, Paul Bérenger formulait, hier matin, le souhait que la journée d’hier « ne joue en rien contre les intérêts de Maurice ».

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